Le poisson lapin, un drôle de nom pour une espèce pas si sympathique que ça repérée dans les calanques

Depuis quelque temps, des plongeurs et des plaisanciers observent des poissons lapins, "Rabbitfish", de son nom anglais, "Siganus Rivulatus" de son nom savant. Cette espèce invasive venue de la mer Rouge est un véritable fléau pour les herbiers et les algues de Méditerranée. une espèce invasive dangereuse pour l'écosystème méditerranéen.

Le réchauffement climatique a des conséquences sur la faune et la flore maritime. Plusieurs espèces invasives répandues sous les latitudes tropicales semblent migrer vers la Méditerranée. Parmi elles, le poisson lapin.

Il existe près de 29 espèces de "Siganus", les deux plus répandues en Méditerranée sont les "Siganus Rivulatus" et le "Siganus Luridus". Les premiers spécimens ont été observés, en 2008 au large de la Côte Bleue, près de Marseille. 

Est-il là vraiment ou ponctuellement ?  

Ponctuellement. Ces espèces observées sont considérées aujourd'hui "comme des espèces errantes, qui ne font que passer" selon Patrick Louisy, chercheur au laboratoire de biologie des organismes et des écosystèmes aquatiques. Pour le spécialiste, même s'il y a le réchauffement climatique, "nos hivers sont encore trop rigoureux pour une installation pérenne de cette espèce", qu'il faut toutefois "surveiller" et "faire un état des lieux de la récurrence des observations". Pour Sandrine Ruitton enseignante-chercheuse à l'institut méditerranéen d’océanologie et université d'Aix-Marseille, "avant de le voir s'installer de façon pérenne, il faudra attendre quand même plusieurs décennies, pour le moment cette espèce est plutôt installée au large du Liban, de la Turquie, au sud de l'Italie, En Grèce, et sur les côtes méditerranéennes d'Israël".

Avant de le voir s'installer de façon pérenne, il faudra attendre quand même plusieurs décennies.

Sandrine Ruitton, chercheuse à l'institut méditerranéen d’océanologie et université d'Aix-Marseille

France 3 provence-Alpes

Ce poisson arrive de la mer Rouge, et "est présent depuis un siècle en Méditerranée avec l'ouverture du canal de Suez, donc sous la main de l'homme", précise la chercheuse.

Pour le moment, ces espèces restent cantonnées dans ces zones géographiques, du sud est de la Méditerranée car "sur le littoral français, les hivers sont trop rigoureux". 

Les signalements de sa présence restent "sporadiques, il s'agit souvent d'individus, isolés, partis à l’aventure, mais qui ne passent pas l’hiver", indique la chercheuse qui se veut rassurante car selon elle, "il n'y a rien d'alarmant". Elle ne constate pas "d'augmentation de la fréquence des signalements", mais insiste sur le fait que plongeurs et plaisanciers doivent "signaler tout nouveau poisson aperçu au centre marin le plus proche, pour la comptabilisation des signalements".

Pourquoi on l'appelle poisson lapin ?

Plusieurs raisons. Son surnom de poisson lapin lui vient du nom anglais : "Rabbitfish", "comme le lapin, ce poisson est herbivore, et s'attaque aux herbiers et aux algues", précise Sandrine Ruitton, "qu'il gratte avec ses dents plates, un peu comme le lapin". La particularité de ce poisson "c'est d'être très vorace et de manger en continu toute la journée", précise la chercheuse, " comme c'est un poisson grégaire, il se déplace en banc allant de plusieurs centaines à des milliers de poissons, lorsqu'ils passent, c'est comme une tondeuse, ils raflent tout, rien ne résiste, c'est du broutage intensif".

Comme le lapin, ce poisson est herbivore, et s'attaque aux herbiers et aux algues qu'il gratte avec ses dents plates, un peu comme le lapin.

Sandrine Ruitton, Université Aix-Marseille

France 3 Provence-Alpes

Ce poisson vit entre 10 et 30 mètres de profondeur. Les poissons lapins ne sont pas très grands, "ils mesurent entre 20 et 45 centimètres de long". La spécificité anatomique, c'est cette couronne d'épines sur les nageoires. Le bord de leurs nageoires est orné d’épines. Les couleurs de peau du poisson varient d'une espèce à l'autre, mais il est aussi reconnaissable pour ses rayures sur le ventre.

Une crainte sur l'écosystème ?

 Oui. L’arrivée des poissons lapins en mer Méditerranée s’accompagne de risque sur tout l'écosystème marin, "car ces espèces mangent de grandes quantités d’algues. Ils mettent de fait une pression importante sur la couverture végétale, et cela façonne l'habitabilité de l'écosystème et les conditions de vie des espèces liées à cet écosystème".

A terme cela pourrait devenir une nouvelle ressource alimentaire

Sandrine Ruitton, Université Aix-Marseille

France 3 Provence-Alpes

Par effet de cascade, c'est toute la chaîne alimentaire qui va être impactée, "cela concerne ceux qui s’abritent, se reproduisent et se nourrissent dans cet écosystème", explique Sandrine Ruitton.

Par ailleurs, dans les pays où il est présent depuis assez longtemps, les populations ont pris l'habitude de le consommer. " Ce n'est pas une révolution culinaire, il n'est pas très bon, on n’est pas sur du loup ou de la daurade, mais il se mange, à terme cela pourrait devenir une nouvelle ressource alimentaire". 

L'espèce qui crée des dégâts en ce moment, et qui n'est pas un poisson, c'est le "crabe bleu". Cette espèce est présente dans les lagunes, et en particulier sur l'Etang de Berre. "Lui, il est comestible et bon", précise Sandrine Ruitton.

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