Avec la perte de la majorité absolue pour Emmanuel Macron, la montée en puissance du Rassemblement National, et la consolidation de la coalition de la Nupes, l'Assemblée Nationale montre un nouveau visage politique. Analyse de cette recomposition, avec notre polititologue.
Dans notre région nous assistons à une véritable montée du Rassemblement national qui obtient 21 sièges à l'Assemblée nationale. La coalition de gauche de la Nupes et Les Républicains en obtiennent 5 chacun. Du côté de la majorité présidentielle, 11 députés provençaux siègeront.
Une recomposition du champ politique autant sur le territoire provençal que sur la scène nationale, qui laisse entrevoir des débats houleux à l'Assemblée.
Pour Christelle Lagier, politologue et enseignante de sciences politiques à l'Université d'Avignon, nous assisterons à "une reparlementarisation de la vie politique".
"Les débats se feront à l'Assemblée, et non plus dans la rue", explique-t-elle. Décryptage.
- Quel est le bilan de cette élection Législative 2022 ?
C'est un bilan mitigé. On a du mal a comprendre les enjeux de cette élection. Est-ce que c'était que Emmanuel Macron ait la majorité absolue ? Que Jean-Luc Mélenchon devienne 1er ministre ?
On assiste à une tripartition du champ politique avec une assemblée très clivée, très mitigée. Je pense qu'il y a des chantiers ouverts pour toutes les stratégies politiques : la Nupes va devoir consolider cette stratégie d'alliance et la mettre à l’épreuve de l’Assemblée. La RN, surprise d’avoir autant d’élus, va devoir se frotter au travail parlementaire. En même temps c'est de l'argent bienvenu dans les caisses du parti.
Enfin la majorité présidentielle va devoir clarifier sa position à l’égard des Républicains qui ne sont pas totalement affaiblis. Ces derniers vont jouer les arbitres sur un certain nombre de dossiers.
- En Paca, il-y-a-t-il eu des surprises ?
Le résultat des Législatives dans notre région est assez prévisible. On arrive à la fin d'un cycle où la droite cède petit à petit du terrain à l'extrême droite. Notre région a-t-elle un pas d'avance sur le reste du territoire national ?
En tout cas il y a une vraie porosité entre les électeurs de droite et d'extrême droite, et c'est observable à toutes les élections. Et on assiste à un champ politique où les étiquettes valsent. Les gens passent d'un parti à l'autre, et les électeurs se tournent vers des repères simples.
- La défaite de Christophe Castaner dans son fief, un signal fort pour Macron ?
C'est le résultat aussi d’une forte exposition médiatique et de sa proximité avec le Président. Christophe Castaner incarne cette majorité qui est aujourd'hui contestée. Et ça se paye sur le terrain.
L'élection législative est une élection entre l'élection nationale et locale : sans doute son investissement sur le territoire aura été jugé insuffisant.
C'est toute l'ambiguïté de cette fonction de député : jouer une part de son rôle au plan national et continuer à avoir un ancrage sur son territoire.