Sylvain Fournier, journaliste au journal "La Marseillaise", a porté plainte contre Roland Povinelli, maire d'Allauch. A la suite de la publication de deux enquêtes sur sa commune, l'élu PS aurait proféré des insultes homophobes et menacé de mort le journaliste. L'élu a réagi vendredi 13 avril.
Sylvain Fournier est journaliste au journal "La Marseillaise". Le 20 mars 2019, il a déposé une plainte au commissariat contre Roland Povinelli, maire d'Allauch, à la suite d'insultes homophobes et de menaces de mort. L'élu a réagi vendredi 13 avril dans un communiqué.
Sylvain Fournier est plutôt un homme discret et il aurait préféré le rester. Journaliste à "La Marseillaise", il est l'auteur de deux enquêtes concernant la commune d'Allauch, dans les Bouches-du-Rhône, dont Roland Povinelli est maire depuis 1975.
Dans un premier article, le journaliste révèle un enregistrement dans lequel Rolland Povinelli aurait tenté d'acheter un colistier de son adversaire FN, pour "torpiller" sa liste pour les élections municipales de 2014. Il y indique également que Bernard Tapie, dont l'élu d'Allauch était le suppléant lors des législatives de 1993, aurait remis "100 millions de francs" à Jean-Marie Le Pen pour qu'il maintienne sa liste.
Dans un second article, intitulé "Allauch : le château de Carlevan rasé en toute impunité", Sylvain Fournier évoque la destruction du château de Carlevan, au profit d'une SCI dirigée par Serge Perottino, également maire de Cadolive. Le promoteur avait obtenu un permis de construire délivré en 2016, par la Ville d'Allauch, pour la réalisation d'une "résidence de service de 48 logements". L'affaire avait alors fait grand bruit.
Conversation téléphonique enregistrée
Visiblement très mécontent de ces publications, Roland Povinelli a voulu le faire savoir à l'auteur par téléphone.explique Sylvain Fournier.Il s'est présenté officiellement, il m'a d'abord reproché le terme "opacité", qu'il a associé à "magouille" et ensuite il a commencé à m'insulter et à me menacer, alors j'ai appuyé sur le bouton pour enregistrer la conversation,
Extrait des propos de Roland Povinelli
"Je vais te crever moi, vas-y, écris demain dans La Marseillaise, en gros : "Povinelli veut me tuer", mais comme tu dois être un sacré pédé, ça m’étonnerait que tu aies les couilles... Attention de pas m’emmerder moi ! Je suis pas n’importe qui, tu devrais te renseigner mon petit si tu veux vivre vieux !"
Dépôt de plainte pour menace de mort
A la suite de cette conversation téléphonique, Sylvain Fournier a décidé de porter plainte au commissariat pour "menace de mort réitérée". Le journaliste précise que "pour [lui], les insultes homophobes sont aussi violentes que les menaces de mort".Sylvain Fournier a joint au dossier de plainte une clé usb, laquelle contient une grande partie de l'enregistrement de la conversation téléphonique. L'affaire est maintenant entre les mains de la justice.
Soutien de la direction et des syndicats
La direction du journal "La Marseillaise" et la rédaction ont assuré "leur soutien et leur confiance" à Sylvain Fournier. Dans un communiqué, le syndicat CGT du journal s'est dit "scandalisé par le comportement de cet élu (...) L'attitude de Roland Povinelli témoigne d'un état de délabrement de la démocratie et renforce l'importance de la presse libre".a encore précisé Emilie Parente, déléguée CGT et élue au comité social et économique.Sylvain est un journaliste exemplaire, il n'a fait que son travail
Dans un communiqué, le Club de la presse Marseille Provence Alpes du Sud a également condamné avec "fermeté les propos inqualifiables tenus à l’encontre de Sylvain Fournier" et réaffirmé son soutien au journaliste de La Marseillaise.
Le maire d'Allauch Roland Povinelli a réagi vendredi 13 avril dans un communiqué. L'élu aurait eu cette réaction "virulente" à cause de "la multitude d’articles à charge, alimentés par mes adversaires politiques, parus ces derniers mois dans la Marseillaise et utilisés sur les réseaux sociaux par ces mêmes opposants, futurs candidats à l’élection municipale".
"Certes, l’échange avec ce journaliste, a été vif, et a pu en heurter certains, mais ceux qui me connaissent savent qu’une de mes particularités est de ne pas pratiquer la langue de bois et d’avoir le verbe haut", selon Roland Povinelli.