Il y a 28 ans, Christelle Blétry était assassinée, tuée de 123 coups de couteau à Blanzy, en Saône-et-Loire. Un meurtre longtemps irrésolu, pour lequel sa mère, Marie-Rose Blétry, s'est battue pendant dix ans. Aujourd'hui, la Bourguignonne continue sa lutte au sein de l'association Christelle, pour que les autres cold cases de Saône-et-Loire trouvent enfin le chemin de la vérité.
Ce 28 décembre 2024, plusieurs dizaines de personnes sont rassemblées à Blanzy (Saône-et-Loire) pour épauler Marie-Rose Blétry. Il y a 28 ans jour pour jour, le corps de sa fille Christelle était découvert, inerte, lardé de 123 coups de couteau. Marie-Rose, s'est battue pendant des décennies pour retrouver l'assassin de sa fille, fondant l'association Christelle en 1997, afin de centraliser ses recherches et de gagner en visibilité.
Grâce à l'engagement de l'association et à la justice, en 2018, un père de famille nommé Pascal Jardin est finalement reconnu coupable du meurtre de Christelle Blétry.
22 ans après les faits, le travail de Marie-Rose et de son association ne s'est pas arrêté là. La Bourguignonne continue de se battre aux côtés de familles endeuillées par le meurtre incompréhensible de leurs enfants. Des cold cases en partie regroupés sous le nom des "disparues de Saône-et-Loire", affaire jamais élucidées qui ont entaché le département entre 1986 et 1999.
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Se serrer les coudes pour chercher la vérité
Accompagnée de ses proches, Marie-Rose Blétry s'est rendue sur la stèle érigée à Blanzy, en mémoire de toutes ces victimes. Un rituel déchirant qu'elle réalise chaque année, en hommage à Christelle. Et comme tous les ans, cette mère encore endeuillée n'est pas seule. "C'est important que les personnes, qui ont souffert dans leur chair de la perte d'un enfant, soient soutenues", note Hubert, sympathisant de l'association, avec beaucoup d'empathie. Une pensée que rejoint cette autre amie de Marie-Rose : "Tous les ans ses proches se retrouvent près d'elle pour entretenir la flamme du souvenir. Car il ne faut pas oublier que d'autres cas ne sont toujours pas résolus."
D'autres membres de l'association Christelle sont également venus se recueillir. "L'union fait la force", acquiesce Marie-Rose. Avant de se raviser : "Mais pour être complet, il faudrait que les parties civiles se joignent à l'association et travaillent pour la justice... Dans certains cas, c'est ce qui fait défaut. Faire vivre le dossier suppose aussi de monter au créneau." Car pour qu'un dossier soit de nouveau ouvert et révisé par la justice, les parties civiles doivent déposer un recours disposant d'un motif suffisant (fraude, nouvelle pièce...). Les moyens humains et financiers mobilisés par les familles pour trouver ce motif sont généralement élevés et doivent intervenir avant que le délai de prescription n'expire (20 ou 30 ans selon les meutres).
L'association Christelle récolte donc des fonds afin de payer les frais d'avocat dont les familles ont besoin pour faire avancer les choses. Mais plus le temps passe, plus la lassitude prend le pas sur l'espoir de voir un jour les dossiers se fermer.
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Le pôle cold case de Nanterre : un nouvel espoir
"Il faut clore le chapitre de l'association Christelle, mais en ayant résolu tous les dossiers", annonce Marie-Rose avec détermination. Comme à chaque prise de parole, la présidente demande aux potentiels témoins, à toute personne qui aurait une information en sa possession, de prendre contact avec l'association.
Tout est facile maintenant pour joindre la police, la justice ou notre association. Il faut donc parler. Parler pour aller au bout de ces dossiers... Les familles attendent la justice !
Marie-Rose Blétry, présidente de l'association Christelle
En plus d'inciter les habitants de Saône-et-Loire à œuvrer pour la vérité, l'association Christelle travaille pour faire avancer sept dossiers, dont cinq sont actuellement entre les mains du pôle cold cases de Nanterre (Hauts-de-Seine).
Créé en 2022, le pôle de Nanterre se penche sur ces cinq crimes non résolus en Saône-et-Loire depuis mars 2024. Un tournant inattendu pour les proches des disparus, qui ont de nouveau espoir de comprendre le drame qui a touché leur famille il y a plus de dix ans. "Les familles n'ont jamais eu autant d'espoir", fait savoir Marie-Rose Blétry. "Le pôle de Nanterre a réussi à faire avancer des dossiers dans l'Isère. Les affaires sont vraiment travaillées là-bas. Alors on se dit « pourquoi pas nous ? »".
Avec Maryline Barate