Pendant 18 mois, un immense bâtiment appartenant au diocèse de Marseille est squatté. Mineurs exilés, personnes à la rue, couples avec enfants se succèdent. Les squatteurs, jusqu'à 400 pendant une période, ne sont pas livrés à eux-mêmes. Ils sont encadrés par des solidaires. Un documentaire leur est consacré : "18 mois".
"Comment ont-ils pu arriver jusque là et rester debout quand même ? Tous les jours, ils et elles arrivent." s'interroge Mégane, une solidaire qui vient de débarquer au squat.
Ils veulent juste dormir. Juste dormir.
Mégane, solidaire
Le lieu est impressionnant. Il n'a rien de glauque, bien au contraire. Une immense bâtisse en pierre, carreaux de ciment, hauts plafonds et jardin. Une ancienne maison de retraite pour religieuses.
Le bâtiment est vide jusqu'en décembre 2018. Puis il devient le "squat Saint-Just". Un lieu de vie pour mineurs exilés qui ne propose pas que des matelas pour se reposer. Une remarquable organisation est mise en place par les solidaires.
"Un lieu où tu as une infirmerie, des salles de réunion, des salles de cours, une salle pour la petite enfance, un pédopsychiatre, des psychologues, des éducateurs et éducatrices pour jeunes enfants...Attends, c'est un quatre étoiles !" s'émerveille Mami, solidaire du squat.
Roxane Perrot fait partie des solidaires. Elle intervient dans le squat deux ou trois jours par semaine. Réalisatrice, cette Marseillaise tourne un documentaire intitulé "18 mois", consacré aux solidaires. "Je l'ai accentué sur eux, leur acharnement, leur volonté, certains étaient là 24h/24, ils avaient lâché leur travail. Par humanité."
Le film est produit par Zéké Film et Lucien TV. Il a été projeté au cinéma Les Variétés le 11 octobre, devant une salle comble. Il est maintenant possible de le visionner gratuitement sur les réseaux sociaux.
Les solidaires, qui préfèrent ce terme à militants" ou "bénévoles" doivent accueillir les dons de nourriture, couvertures, meubles, qui arrivent sans cesse. Ils supervisent la cuisine, organisent les cours, veillent sur la santé des uns, les démarches administratives des autres. Certains dorment sur place les premiers mois.
Le lieu est rapidement connu et l'on vient frapper à la porte pour demander l'asile. Leur dire non est un arrachement.
Ils se demandent s'ils installent des matelas dans les couloirs. Ils se demandent si l'accueil des femmes garantit leur sécurité. Les discussions sont parfois vives, la fatigue n'aide pas. 400 solidaires sont intervenus dans ce squat.
Ils ont vu des migrants épuisés reprendre des couleurs au bout de quelques semaines. Ils ont écouté les traumatismes de leur voyage. Ils ont travaillé sous la menace d'expulsion.
Et puis le squat prend feu. Le 8 juin 2020, tout le monde est évacué, c'est la fin de l'histoire. Chaque solidaire garde le contact avec un hébergé. De cette incroyable aventure reste ce film.