Une machine de chantier a détruit mardi 13 avril deux terrasses de la Villa Valmer, ainsi que les pièces en dessous. En quelques coups de pelleteuse, la somptueuse bâtisse datant de 1865 est amputée. Et avec elle, un bout du patrimoine de la ville.
C'est l'une des plus célèbres villas de la Corniche du Président-John-Fitzgerald-Kennedy, dans le 7e arrondissement de Marseille.
Une partie de la Villa Valmer a été détruite ce mardi matin. Il s'agit de deux terrasses, du bâtiment en dessous, et d'un petit local qui était effectivement destiné à la destruction. Les travaux sont peu visibles, ils se situent à l'arrière de la bâtisse.
Le maire de Marseille, Benoît Payan, est venu sur le chantier dans l'après-midi, accompagné de Mathilde Chaboche, adjointe à l'urbanisme. Tous deux ont été mis devant le fait accompli. Benoît Payan a précisé que cette destruction n'était pas notifiée sur le permis.
Plusieurs experts sont attendus sur le chantier. "On fera ce qu'il faut, il s'agit du patrimoine des Marseillais", affirme Benoit Payan.
L'élue chargé de l'urbanisme, Mathilde Chaboche déclare que cet acte est "monstrueux pour les amoureux du patrimoine et illégal." Elle s'interroge sur la confiance qui peut encore régner entre la municipalité et l'entrepreneur.
Un procès-verbal d'infraction sera dressé demain pour arrêter le chantier. La procureure de la République de Marseille sera saisie pour démolition illégale. Mathilde Chaboche qualifie cet acte de "révoltant", son équipe et elle-même sont consternés.
? Villa Valmer : alertés sur une démolition non autorisée d’une partie du bâtiment nous nous sommes rendus sur place avec le Maire de @marseille et nos agents.
— Mathilde Chaboche (@M_Chaboche) April 13, 2021
Un PV d’infraction a été dressé, toutes les mesures judiciaires seront prises.
L’open bar des promoteurs c’est fini !
Sandrine Rolengo, de l'association Sites et Monuments, est arrivée très tôt sur place. Selon elle, l'erreur aurait été commise à cause de cuves d'eau qui fragilisaient le bâtiment. Le promoteur a pris l'initiative de démolir cette partie qui, selon lui, menaçait de tomber. Avant de casser, il a fait faire un constat d'huissier.
"Est-ce qu'on détruit tous les immeubles de Marseille qui subissent des infiltrations d'eau ?" lui a demandé Sandrine Rolengo.
Avant d'intervenir, il aurait dû procéder à des sondages géo-techniques, selon la mairie, et faire appel à des techniciens spécialisés.Cette partie était une extension bâtie en 1930 ou 1940, ce qui ne parait pas être une raison suffisante pour la détruire sans autorisation.
C'est quoi ce saccage ?! Il est où le permis modificatif su seulement il y en un ? CC @M_Chaboche pic.twitter.com/CdiH7y3dJE
— David Coquille (@DavidLaMars) April 13, 2021
La prestigieuse villa surplombant la mer est connue pour ses jardins, sa beauté et ses convoitises immobilières. Elle n'est pas classée, contrairement à certaines oeuvres d'art à l'intérieur.
L'ancienne équipe municipale avait pour projet de la transformer en hôtel de luxe. Projet revu et corrigé par la nouvelle équipe. D'accord pour l'hôtel, mais avec un parc entièrement public. Les 2.000 m2 de jardin doivent rester accessibles à tous.
D'abord résidence d'été du fabricant d'huile Charles Gounelle, la villa abrite l'École nationale de la Marine marchande jusqu'en 1967, puis de 1971 à 2002 les services de l'Agence d'urbanisme de Marseille.