L'Ocean Viking, le bateau de SOS Méditerranée, est immobilisé dans le port sicilien de Porto Empedocle, détenu par les autorités italiennes, pour une période indéterminée. L'association française condamne une flagrante manipulation visant à entraver la mission vitale des navires humanitaires.
Le principal motif d'immobilisation notifié par les garde-côtes italiens s'énonce comme suit : "le navire a transporté plus de personnes que le nombre autorisé par le certificat de sécurité pour navire de charge”.
"Nous ne comprenons pas pourquoi des remarques mettant en cause la sécurité du navire sont faites maintenant", s'indigne SOS Méditerranée dans un communiqué. "Alors que rien de tel n'a été notifié à ce sujet au cours de quatre inspections, dont deux récentes, effectuées par la même garde-côte italienne, et qu'il n'y a eu aucun changement dans les règlements de sécurité sur ce qui est aujourd'hui mis en cause."
L'association humanitaire, dont le siège est à Marseille, note que les autorités italiennes ont systématiquement utilisé le même argument sur la sécurité pour arrêter quatre navires d'ONG menant également des opérations de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale.
"On se demande pourquoi la sécurité n'a pas davantage préoccupé les autorités maritimes alors que, au début du mois, l'Ocean Viking a dû attendre 11 jours pour qu'un port sûr lui soit assigné et qu'un état d'urgence a dû être déclaré à bord", fait remarquer Frédéric Penard, directeur des opérations de SOS Méditerranée.Mais stopper l'ambulance n'empêchera pas la blessure de saigner
L'association internationale dénonce un harcèlement administratif systématique de la part des autorités italiennes auquel sont soumises les ONG "dont le seul but est d'empêcher leurs activités de sauvetage qui comblent le vide laissé par les États européens en la matière. Mais stopper l'ambulance n'empêchera pas la blessure de saigner", ajoute Frédéric Penard."Ce qui est clair pour nous c’est que durant les 3 derniers mois, le même argument sur la sécurité a été utilisé par les autorités italiennes pour arrêter 4 navires d’ONG menant des opérations SAR en Méditerranée. Stopper l’ambulance n’empêchera pas la blessure de saigner".
— SOS MEDITERRANEE France (@SOSMedFrance) July 22, 2020
"Rescapés" et non "passagers"
En premier lieu, SOS Mediterranée, rappelle que tout capitaine de navire se doit de porter assistance aux personnes en détresse en mer. Son bateau s'est retrouvé dans la situation de devoir transporter plus de personnes que le nombre spécifié dans les documents de sécurité du navire. Elle indique que cela est "lié à la nature même des situations d'urgence et de détresse"."Cependant, poursuit l'association, il est très important de rappeler que ces personnes mises en sécurité à bord de l'Ocean Viking doivent, selon le droit maritime, être considérées comme des rescapés, des personnes secourues d'une situation de détresse extrême, et en aucun cas comme des passagers".
Les définir comme passagers est une "interprétation disproportionnée du cadre juridique maritime dans lequel nous opérons" précise SOS Méditerranée dans son communiqué."L’armateur norvégien de l’Ocean Viking, ainsi que @SOSMedIntl en tant qu’affréteur, ont toujours respecté et garanti un niveau de sécurité maximum pour l’équipage et les rescapés à bord du navire". Frédéric Penard, directeur des opérations de @SOSMedIntl.
— SOS MEDITERRANEE France (@SOSMedFrance) July 22, 2020
Dernière mission et état d'urgence
Avec 180 personnes à bord sauvées lors de deux journées de sauvetage fin juin, l'Ocean Viking avait décrêté l'état d'urgence à bord, certains rescapés étant dans une détresse psychologique insupportable.Le navire avait enfin pu débarquer les rescapés à Porto Empedocle, en Sicile. L'équipage a ensuite été mis en quarantaine pendant 14 jours à son bord au large de la Sicile.
Après la désinfection du bateau, les autorités italiennes ont procédé à un contrôle par l'État du port, qui a conduit à l'immobilisation administrative du navire.