Les collectifs Collages féminicides indépendants et Nous Toutes ont rendu hommage samedi soir à Marseille aux 135 femmes tuées par leurs conjoints durant l'année 2024, et âgées de 13 à 95 ans.
"Leila, 50 ans, abattue au fusil par son compagnon, le 11 janvier 2024 près de Bordeaux". Les 135 féminicides de l'année écoulée, selon le décompte du collectif Nous Toutes, ont ainsi été affichés un à un sur les grands les murs de la petite place Franceschetti (5ᵉ arrondissement) à Marseille, à l'initiative de deux collectifs, ce 4 janvier 2025. Une cérémonie d'hommage, accompagnée de fleurs et de bougies. Comme chaque année, le rituel est de laisser, chacun tour à tour, prononcer le nom d'une victime et d'ajouter à voix haute : "on ne t'oublie pas". L'intention étant de "visibiliser" ces femmes assassinées, dont la plupart sont tombées sous les coups, la violence ou les armes de leur compagnon, "dans un silence assourdissant ".
Aucun décompte officiel des féminicides
Créé en 2019, le mouvement Collage Féminicides s'était fait connaître par ses slogans à l'encre noire sur les murs dénonçant les violences faites aux femmes. Ce samedi soir, dans la nuit, les militantes des collectifs Collages marseillais indépendants et de Nous Toutes ont pris le relais. Elles apparaissent pour la plupart le visage dissimulé sous des écharpes, des couvre-chefs ou des lunettes fumées.
Mercredi 1er janvier à Haumont (59), Isabelle 51 ans, a été tuée par son conjoint. Il l'a frappée à mort suite à une "dispute sur fond d'adultère".
— #NousToutes (@NousToutesOrg) January 2, 2025
Ce dernier a appelé les secours en déclarant avoir "fait une bêtise". Battre une femme n'est pas une bêtise, c'est un crime. pic.twitter.com/1w7YQASakw
Wanda s'exprime sans se cacher : "il n'existe pas de décompte public du nombre de femmes tuées". Elle dénonce la récupération politique qui est souvent faite de ces drames,"quand on ne trouve pas des excuses comme le crime passionnel, un homme qui s'approprie une femme et la tue".
Pour Wanda, il est indispensable de "visibiliser cette horreur pour que le public, les gens qui passent, les élus locaux, la presse, relayent ce phénomène macabre et que l'on en parle", car elle tient à rappeler que "beaucoup d'entre elles ont porté plainte avant de mourir et ces plaintes ne les ont pas sauvées".
"20% des femmes assassinées ont plus de 80 ans"
Les femmes âgées, "nos aînées", sont tout autant victimes de violences conjugales que les plus jeunes. "20% des femmes assassinées ont 80 ans et plus" précise Wanda. Un phénomène qui passe sous les radars, car ces femmes ne parlent pas, dit-elle, "elles ne sont pas de la génération MeToo", et pourtant, elles sont tuées par leur mari parce qu'elles sont trop vieilles ou trop malades, elles ne servent plus à rien, alors ils les tuent au fusil de chasse, étranglée, électrocutée"...
Dans la nuit du Nouvel An, un homme a mortellement roué de coups son épouse, à Hautmont, dans le Nord de la France. Le meurtre d'Isabelle, 51 ans, mère de deux enfants, constitue le premier féminicide enregistré en 2025. Au 4 janvier 2025, trois femmes ont déjà trouvé la mort, victimes de violences, selon le décompte du collectif Nous Toutes.
Article écrit avec la collaboration d’Adrien Gavazzi, journaliste à France 3 Provence-Alpes