Où en est-t-on du dépistage massif annoncé par le ministre de la Santé vendredi dernier ? A qui s’adresse-t-il ? De quels tests s’agit-il ? Combien coûtent-t-ils ? Autant de questions que nous nous posons, comme les biologistes des laboratoires privés d’ailleurs.
L’annonce le 3 avril dernier du ministre de la Santé d’un dépistage massif a donné de l’espoir à tous les Français. Ils allaient pouvoir enfin vérifier si oui ou non, ils étaient positifs au SRAS-Cov2.
Selon les résultats, certains pourraient alors découvrir qu’ils en étaient même guéris et imaginer un déconfinement plus rapide que les autres…
Mais les choses ne se déroulent pas encore ainsi.
Quels laboratoires participent ?
Aux laboratoires de biologie médicale des hôpitaux, comme des villes (secteur privé) déjà autorisés à pratiquer les tests de dépistage du Covid-19, se rajoutent désormais les laboratoires "départementaux, vétérinaires, de recherche, de gendarmerie, et de police".Parmi ces laboratoires appelés en renfort, le Laboratoire Départemental d'Analyses (LDA) des Bouches-du-Rhône fait figure d'exception.
Il est en effet le seul en France à posséder la double compétence de biologie vétérinaire et de biologie humaine. Dès la semaine dernière, avant même la déclaration du ministre de la Santé, il procédait déjà à l'analyse de tests pratiqués par le personnel médical du Département auprès des soignants.
Qui peut bénéficier des tests ?
Pas encore toute la population hélas, comme certains pouvaient le penser.Comme en mars, ces tests ne peuvent être pratiqués que sur ordonnance médicale auprès des populations suivantes, uniquement si elles présentent des symptômes :
- les femmes enceintes
- patients avec co-morbidité
- personnels des Ehpad
- patients déjà testés positifs, pour un contrôle
- professionnels de santé
Dans ses dernières déclarations, le ministre de la Santé a rajouté à la liste les résidents des Ehpad et les professions "vitales" comme les pompiers et les policiers.
Même avec des symptômes, les personnes n'appartenant pas à ces catégories-là de population ne peuvent encore être testées. Pour le reste des Français, il faudra encore attendre...
Les tests sont-ils arrivés ?
L'attente pour se faire dépister est liée à cette question. Le marché des kits de dépistage ou des fournitures associées est très tendu en ce moment, en raison de la pandémie. De ce fait, l'approvisionnement n'est toujours pas fluide. Ce qui rend la politique de dépistage massif plus compliquée.L'objectif affiché du gouvernement est de monter en puissance dans le dépistage jusqu'à réaliser 50.000 tests par jour à la fin du mois d'avril.
"Aujourd’hui, on a un approvisionnement à flux tendu qui s’améliore de jour en jour avec des petits producteurs qui se mettent à fabriquer des fournitures pour les tests PCR.", explique Boris Loquet, le représentant régional du Syndicat des Biologistes de France.
Le manque d'écouvillons se fait le plus ressentir. Ils sont nécessaires aux tests PCR qui permettent de détecter la présence du Covid-19.Par contre pour le dépistage massif, on n'est pas prêts. Les fournisseurs américains qui travaillaient avec la France se tournent vers les Etats-Unis à présent.
"Les fournisseurs anglais et espagnols se sont tournés vers leurs propres labos. Nous n'en avons qu’un en France. Du coup, on manque de moyens pour les prélèvements.", rajoute Boris Loquet.
Quant aux tests de sérologie (tests sanguins), les kits n'ont pas été livrés. Mais les premiers devraient arriver en milieu de semaine prochaine. Une information confirmée dans le milieu des laboratoires de villes, mais aussi au Laboratoire départemental d'analyses (LDA).Le Groupe Lemoine va dédier une ligne pour la fabrication de cette pièce indispensable aux tests de dépistage de #Covid_19, devenant ainsi le seul fabricant en France à en produire. https://t.co/5ThGiYMBHs
— Armelle Miclo (@Armellemiclo) April 6, 2020
"Les Tests Rapides d'Orientation Diagnostique (TROD) sont en cours d'analyse", explique Chantal Vernay Vaïsse, directrice de Santé Publique au Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône. "Il est nécessaire de tester leur fiabilité".
L'Espagne, il n'y a pas si longtemps, avait dû renvoyer en Chine des tests achetés trop vite, sans être vérifiés. Un exemple que ne souhaitent pas suivre les autorités françaises.
Les tests sont-ils remboursés par l'Assurance maladie ?
Seuls les tests PCR (par prélèvement d'échantillon nasal) sont remboursés par la sécurité sociale. Quant aux tests sanguins, n'étant pas encore au point, leurs prix n'ont pas encore été définis par la nomenclature."Les coûts s’envolent un peu en raison de la demande mondiale", explique Boris Loquet. "Le marché du diagnostic suit la tendance à la hausse lui aussi".
A l’heure actuelle, le test par TROD ou par la prise de sang pour la recherche spécifique du Covid-19 est un acte qui n’existe pas encore.
Les asymptomatiques (30% des infectes) COVID 19 n'ont plus de virus à 21 jours donc negatifs en tests directs ils n'ont que les anticorps. Et ils ont au passage contamines au moins 2 personnes. Seul le test serologique permet de les tracer.C'est le sous Marin de l'epidemie.
— ANNE NJOM NLEND (@AnneNjom) April 7, 2020
Les syndicats rencontraient aujourd'hui les représentants de l'Assurance maladie pour débattre du coût de ces futurs tests.