Confrontés à des patients atteints du Covid-19, des personnels soignants de l'hôpital Edouard Toulouse à Marseille ne souhaitent plus rentrer dormir chez eux. Leur syndicat a envoyé un courrier à la préfecture pour demander la réquisition de chambres d'hôtel, sans réponse.
Son quotidien, Benoit* le déroule au contact de patients atteints du coronavirus Covid-19. Vivant avec ses deux parents âgés, dont son père immunodéficient, l'infirmier de 27 ans a choisi la semaine dernière de vivre chez un voisin.
De retour dans trois jours au travail, il prévoit de dormir à l'hôpital Edouard Toulouse.
"Faire prendre des risques à mes parents, c'est inenvisageable. Si j'avais mon appartement seul encore, la situation serait différente, mais là, je ne peux pas dormir chez moi. Je suis volontaire, mais il faut nous protéger, car nous ne pourrons pas tous dormir à l'hôpital", raconte l'infirmier.
Déjà trois patients positifs
Depuis que l'hôpital Edouard Toulouse est confronté à l'épidémie de Coronavirus, une unité de soins de 15 lits est ouverte. Trois personnes atteintes du Covid-19 y sont accueillies depuis lundi.Les médecins, infirmiers et aides-soignants prennent des risques pour eux, pour les malades, mais aussi pour leurs proches. Ils sont une trentaine à ne plus vouloir rentrer chez eux.
"Nos soignants ont peur de mettre en danger leurs proches. Déjà que nous manquons de matériel et que nous n'étions pas préparés à ça. Ils sont volontaires mais l'Etat ne les aide pas", explique Kader Benayed, secrétaire général du syndicat Sud Santé des Bouches-du-Rhône.
Une lettre à la préfecture...
Le Syndicat Sud Santé a donc envoyé une lettre au préfet des Bouches-du Rhône afin de lui demander de réquisitionner des chambres dans un hôtel proche de l'hôpital Edouard Toulouse, mais également de l'hôpital Nord.Cet établissement se situe à près d'un kilomètre des deux hôpitaux marseillais.
"Des craintes de contamination demeurent chez certains personnels qui seraient volontaires à la seule condition d'être confinés, en dehors de leur résidence, pour protéger leur famille", indique le courrier.
...toujours sans réponse
Leur demande de soutien à l'Etat a été envoyée à la préfecture des Bouches-du-Rhône le 1er avril. L'Agence Régionale de Santé (ARS) a également été sollicitée. Pour le moment, les services de l'Etat ne leur ont pas répondu."Nous vivons quelque chose d'énorme pour notre établissement. Nous faisons face au mutisme de nos autorités. Pourtant, l'hôtel est prêt à nous accueillir. Emmanuel Macron a dit qu'il ferait tout pour le personnel soignant, quoi qu'il en coûte. Le prix de la chambre est apparement trop cher", déclare Kader Benayed.
Dans l'hôpital, outre la fatigue, la colère monte.
"Ils ont gagné du temps avec les masques, maintenant avec ça. On nous dit que tout sera mis en œuvre pour les soignants avec le plan blanc mais ce ne sont que des mots. Il y a très peu de répercussions dans les actes", affirme le délégué syndical.
"On attend un accord préfectoral. On espère qu'il arrive rapidement", dit Benoit*.
Contactées, la préfecture des Bouches-du-Rhône et l'ARS Paca n'ont, pour le moment, pas répondu à nos sollicitations.
*le prénom a été changé.