Safer est une application mobile permettant aux témoins ou victimes de violences sexistes et sexuelles de se faire assister en cas de danger. Lancée en 2022 sur la plage Prado Sud, elle s'étend désormais à toutes les plages surveillées de Marseille.
Si l'été se fait timide cette année en France, à Marseille, les beaux jours sont bien là. 12 juillet 2024 : les cigales chantent, le soleil cogne, la température effleure les 30°C. Rituel phocéen oblige, Marseillais et Marseillaises se ruent sur les plages et plongent dans l'eau salée pour tenter de se rafraîchir.
Cette année, une nouvelle arrivante se joint à eux sur le sable. Son nom : Safer. Née en 2021, Safer est une application mobile permettant aux témoins et/ou victimes de violences sexistes et sexuelles d'être aidées en cas de danger. Au départ inaugurée lors d'une édition du festival Marsatac, Safer a été expérimentée pour la première fois sur la plage du Prado Sud en 2022. L'application connaît un franc - et regrettable - succès. L'année suivante, Safer s'est étendue à quatre plages (Pointe Rouge, Bonneveine, Catalans et Corbières), pour aujourd'hui être exploitée sur toutes les plages surveillées de Marseille, soit dix au total.
"Une femme sur quatre n'ose pas aller seule à la plage de peur de se faire embêter", affirme Nathalie Tessier, déléguée à la lutte contre les violences faites aux femmes. "Il y a quelques mois, j'ai croisé des jeunes filles qui m'ont dit qu'elles n'allaient que sur des 'plages Safer'. Il fallait qu'on l'étende à toutes les plages de Marseille", poursuit l'élue.
Comment fonctionne Safer ?
Safer est téléchargeable sur tous types de téléphones portables. La personne qui souhaite signaler un problème indique d'abord sur quelle plage elle se trouve. Trois options s'offrent alors à elle : je suis gêné.e ou témoin, je suis harcelé.e ou témoin, je suis en danger ou témoin. En deux clics, la personne est géolocalisée par des médiateurs présents au poste de secours de la plage en question, qui interviennent aussitôt.
Des médiateurs ne sont jamais loin
Victoire a rejoint l'équipe Safer pour la première fois cet été. Quatre jours par semaine, la jeune femme déambule sur la plage des Catalans à la rencontre des vacanciers. "On est aussi là pour sensibiliser et responsabiliser les gens", témoigne-t-elle. Victoire et ses collègues reçoivent "au moins un à deux signalements par jour" sur l'application. L'été dernier, une soixantaine de signalements ont été recensés par les médiateurs, dont dix cas d'agressions sexuelles.
Tout ce qui peut faire reculer le patriarcat, on est preneur.
Nathalie Tessier, déléguée à la lutte contre les violences faites aux femmesà France 3 Provence Alpes
"J'avais téléchargé Safer à l'occasion d'un festival l'été dernier. Je trouve que c'est un super concept. C'est grave qu'une femme ait peur encore aujourd'hui d'être seule à la plage", soupire Olivia, venue se détendre sur le sable de l'Escale Borély.
Quelques mètres plus loin, Lyna, âgée de dix-huit ans et sa sœur Selma,16 ans, se sentent plus en sécurité avec l'existence de Safer et des médiateurs. "On sait que sur les plages, les filles sont plus susceptibles de se faire regarder ou embêter. On n'a pas encore téléchargé l'application, mais cela ne saurait tarder", confient-elles.
"Je trouve ça bien qu'il y ait la possibilité de signaler un problème si on est témoin. Quand on est victime, on va peut-être se sentir humilié et avoir honte", estime Guillaume, marseillais de 27 ans.
"Il faut que la honte change de camp", affirme Nathalie Tessier. "Si les femmes arrivent à ne plus avoir peur de sortir seule à la plage, on avance pour le droit des femmes et on fait reculer les violences sexistes et sexuelles", conclut l'élue.