Le groupe Casino a annoncé mercredi la suppression de 1 300 à 3 200 postes en France d’ici septembre. En 2023, le groupe avait déjà cédé à la concurrence la quasi-totalité de ses magasins. Il en reste 26, parmi lesquels celui de Saint-Gabriel à Marseille.
C’est l’incertitude la plus totale pour les salariés des magasins Casino. Alors que la quasi-totalité de ses hypermarchés ont été cédés en 2023 aux groupes Intermarché et Auchan, il reste 26 magasins en l’attente d’un repreneur.
C’est le cas du supermarché Casino de Saint-Gabriel dans le 14ème arrondissement de Marseille. Ici, 36 salariés attendent d'être fixés sur leur sort. Un repreneur se fera-t-il connaître avant septembre ? Et si oui, dans quelles circonstances ?
Des rachats qui ne rassurent pas
"C’est la fin d’un monde, et on attend le nouveau monde". Jean Pastor est délégué CGT Casino. Il s’inquiète au micro de Jules Boudier et Malik Karouche, journalistes à France 3 Provence Alpes. "Selon l’enseigne sur laquelle vous atterrissez, les conditions sont différentes. Dans le cas d’Intermarché ou Auchan, il y a des accords d’entreprise, mais en cas de franchise ou de gérance, selon la fibre sociale du patron, les conditions de travail sont différentes", explique-t-il.
Selon le syndicaliste, l’exemple des magasins déjà rachetés par la concurrence ces derniers mois, ne rassure pas non plus les salariés : "Les accords d’entreprise ne sont pas toujours respectés, dans 75% des cas ça se passe mal au niveau des conditions de travail des salariés", estime-t-il.
Intermarché aurait déjà rétrocédé un magasin à Casino, faute de résultats satisfaisants. Jean Pastor explique que les acheteurs "s’attendaient à des chiffres mirobolants, en changeant d’enseigne. Mais les résultats sont en-deçà de ce qu’ils pensaient". Les investissements prévus pourraient "être revus à la baisse", s’inquiète le syndicaliste.
Dans notre région, une plateforme logistique de la filiale de Casino Easydis est également sur la sellette. Située à Toulon, cette plateforme emploie 95 personnes, qui elles aussi attendent un éventuel repreneur, qui doit se faire connaître avant le 30 septembre.
Le groupe Casino, c’est 126 ans d’histoire
Que celui qui n’a jamais fait ses commissions ou feuilleté une réclame de Casino lève la main. Personne ? Normal, le groupe Casino, c’est 126 ans d’histoire française. À l’origine, le tout premier magasin était en fait un cabaret, un casino lyrique à Saint-Etienne. Transformé en épicerie par Geoffroy Guichard, ce dernier fonde en 1898, la société des magasins du Casino.
L’enseigne se développe. Et les Français lui sont fidèles. Alors à Saint-Gabriel vendredi matin, les clients ne cachent pas leur déception.
Ça me fait mal au cœur, c’est un poids lourd.
Jean-François, client du Casino de Saint-Gabriel à Marseilleà France 3 Provence-Alpes
C’est le cas de Jean-François qui a été lui-même employé du groupe avant son service militaire : "J’ai toujours connu Casino, et d’un seul coup il n’y en a plus".
En 2022, le groupe employait encore 200 000 personnes dans le monde, et 50 000 en France.