"C’est une fierté, un honneur", immersion d'une onzième statue, "l’Octo-Cérébrum" au musée subaquatique de Marseille

Ce vendredi 7 juin était la journée mondiale des océans. Pour l’occasion, la onzième statue du musée subaquatique de Marseille a été immergée au large de la plage des Catalans : une pieuvre hybride, avec un cerveau humain. Le but, sensibiliser à la disparition de l’espèce.

"L’Octo-Cérébrum", colosse de presque six tonnes, a rejoint le musée subaquatique de Marseille et les dix autres statues immergées ce vendredi 7 juin 2024. Depuis quatre ans, les plongeurs amateurs, sans équipement particulier, à part le masque et les palmes, peuvent observer ce musée unique en France, sous l'eau, à quelques mètres de la plage des Catalans, par six mètres de profondeur. 

Une statue symbolique

Sur terre, une inauguration millimétrée sur le Vieux-Port a attiré du monde. Pour sa créatrice, c’est un mélange de fierté et de soulagement que de couper le cordon sous l’eau.

 "C'est fort, c'est beaucoup d'émotion, cela atteint le but que je m'étais fixé, donner du sens à mon art, créer du sens à ce récif artificiel qui rentre au musée subaquatique de Marseille", Floriane Lisowski, créatrice de l'Octo-Cérébrum.

Ils sont neuf hommes et deux femmes artistes (Michel Audiard, Christophe Charbonnel, Benoît de Souza, Bruno Catalan, Davide Galbiati, Evelyne Galinski, Herrel, Mathias Souverbie, Thierry Trives et de Daniel Zanca et Floriane Lisowski ) à avoir apporté leur pierre à l'édifice.

Floriane Lisowski a voulu aussi délivrer un message avec sa statue de poulpe au cerveau humain " c’est une façon d'interpeller, de sensibiliser notamment les plus jeunes à la préservation de nos océans, de la mer et de nos animaux, je suis fière aussi de participer à recréer cette biodiversité qui nous manque tant." 

130 000 tonnes de pieuvres sauvages sont consommées chaque année en Europe. L’animal, connu pour son intelligence, est menacé de disparition. Cette œuvre veut alerter.

" La pieuvre est un animal extrêmement intelligent, et je l'ai associé au cerveau humain, parce que les scientifiques le font aussi, c'est donc une hybridation des deux espèces, mais c'est surtout pour alerter sur la consommation de ce mets qui fait partie de nos plats. Pensez quand vous mangez de la pieuvre que cet animal est presque aussi intelligent que vous, cela vous fera peut-être réfléchir"

Environnement et culture

Ce musée subaquatique se définit comme "un espace sous-marin dédié à l’art, la biologie marine et la protection de l’environnement".

Les statues sont "en ciment respectueux de l'environnement, et résistant au milieu salin", explique Mathias Souverbie, un des artistes dont l'œuvre est déjà sous l'eau et qui apporte son expertise, pour la mise en place des statues sous l'eau. 

La particularité de cette onzième statue, "c'est une nouveauté, elle est en carbone zéro", précise Mathias Souverbie Artiste-Mouleur. L'enjeu technique est important, mais le message aussi "c'est important de voir l'art dans les rues, chez les gens, dans les musées et sous l'eau... c'est ludique de voir la biodiversité, comment elle s'est installée sur l'œuvre, au fond de l'eau, c'est une bonne porte d'entrée dans le monde de l'art".

Un lieu culturel, mais aussi scientifique

Une onzième statue en quatre ans pour le musée subaquatique de Marseille, qui se veut un véritable laboratoire. Faite de béton bas-carbone et avec un pH neutre, l’Octo-Cérébrum a aussi pour but de laisser les espèces sous-marines se développer. 

"Un laboratoire de biodiversité qui appartient à tout le monde, à Marseille et ses habitants et cela fait partie du patrimoine maritime du littoral", détaille Antony Lacanaud, fondateur du Musée subaquatique.

" C'est une grande joie de voir tout ce monde, intéressé par cette statue, c'est une fierté, c'est un honneur. C'est une action et un prétexte à découvrir les fonds marins et sensibiliser à sa préservation", se félicite le fondateur. 

Pour aller plus loin, une des statues est équipée de bouée connectée, ce qui rend aussi le musée accessible aux études des fonds marins en temps réel. C'est la neuvième immergée, nommée « Résilience » par son créateur, l’artiste Thierry Trivès.

Un suivi scientifique et mis en place depuis quatre ans, et ce, pendant 15 ans, assuré par Sandrine Ruitton du Mediterranean Institute of Oceanography (MIO) de Luminy. Les données biologiques seront rendues publiques à la fin de l'étude.

Génèse du musée

En 2015, le marseillais Antony Lacanaud a eu l'idée de ce musée en observant sur les réseaux sociaux le travail sous-marin du sculpteur anglais Jason deCaires Taylor.

"En rentrant de trois ans au Brésil, j'ai vu ses sculptures sous-marines à Cancun. Je me suis dit que ça serait pas mal de mettre des sculptures sous la mer, respectueuses de la biologie marine à Marseille", explique Antony Lacanaud. À son retour du Brésil, Antony Lacanaud a fait part de son projet à Serge Dupire, connu notamment pour son rôle de Vincent Chaumette dans la série "Plus Belle la Vie". 

L'acteur, résidant depuis 15 ans à Marseille, a été directement "emballé", acceptant la présidence de l'association des Amis du Musée Subaquatique de Marseille.

En quatre ans, ce sont maintenant 11 statues qui composent la galerie Albert Falco, nommée ainsi en  hommage au fidèle second du commandant Cousteau, amoureux de la mer et précurseur de la préservation des fonds marins.

"Le Musée Subaquatique de Marseille propose une approche inédite pour sensibiliser le grand public à la beauté et à la fragilité des mers et océans. En replaçant l’art et l’humain au cœur de cette immensité, il propose d’éveiller les consciences en y mêlant nos cinq sens", indique le site du Musée subaquatique pour définir ses missions.

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