L'hôpital nord de Marseille a été une nouvelle fois le théâtre d'une violence exacerbée ce samedi 8 juin 2024. Un infirmier et une aide-soignante ont été frappés, insultés, menacés de mort devant les autres patients et leurs familles. Le manque de réactivité de la sécurité est pointée du doigt.
Ce samedi 8 juin 2024, une visiteuse d'une patiente âgée s'en est violemment prise au personnel soignant de l'hôpital nord. Des faits qui rappellent d'autres faits qui se sont produits récemment. Une récurrence que dénonce Audrey Jolibois, secrétaire générale de FO à l'AP-HM.
"Il y a du sang sur elle et sur les draps"
Dans l'après-midi, une patiente hospitalisée en soins intensifs cardiaque qui a reçu la visite d'une femme accompagnée d'un enfant de cinq à six ans. "L’équipe soignante était en soin et n'a pas vu l'enfant. La présence des enfants, c'est interdit dans ce service", précise la syndicaliste.
La patiente, une dame âgée, va appeler les soignants. "Lorsqu'ils arrivent, ils constatent qu'elle a enlevé sa perfusion, il y a du sang sur elle et sur les draps", précise Audrey Jolibois, "L'équipe soignante demande à la visiteuse avec l'enfant de sortir pour pouvoir faire les soins et changer les draps, tout en et rappelant les consignes, sur l'interdiction de la présence des enfants".
Au lieu de quitter complètement la pièce, la visiteuse reste dans la chambre, sur le pas de la porte "À plusieurs reprises, l'équipe soignante lui demande de s'écarter pour les laisser travailler correctement, mais la personne visiblement reste à la porte". Lorsque le nettoyage est terminé, un infirmier s'approche pour remettre en place la perfusion. "C'est à ce moment précis que la visiteuse a commencé à s'impatienter et demande à rentrer à nouveau dans la chambre. Le personnel lui explique qu'elle peut rentrer, mais que l'enfant, lui, doit rester dehors, avec le personnel soignant s'il le faut.
"Elle crie, donne des coups de poing et attrape l'aide-soignante par les cheveux"
Visiblement agacée par la réponse, "la visiteuse monte le ton, l'infirmer sort du box et essaye de calmer la situation". C'est à ce moment que cela dérape violemment, "la visiteuse donne des coups de poing au visage de l'infirmier, l'aide-soignante s'avance et elle est attrapée par les cheveux".
En voulant s'interposer entre les deux femmes et aider sa collègue, "l'infirmier reçoit une violence inouïe, verbale et physique, la visiteuse insulte le personnel, et les menace de mort, devant les autres patients et leurs familles".
Alertée, la sécurité va "mettre plus de 10 minutes à intervenir, la visiteuse a eu le temps de partir tranquillement avec son enfant, sans être inquiétée".
Une cellule psychologique ouverte pour le personnel
"Le personnel en état de choc va continuer de travailler jusqu'à la fin de sa vacation, avant de pouvoir être redirigé vers la cellule psychologique". La direction de l'hôpital est venue rapidement en soutien de son personnel, " on déplore qu'il n'y ait pas eu une intervention plus rapide de la sécurité, il faut travailler dessus, pour qu'ils viennent plus vite", insiste Audrey Jolibois.
"Aujourd’hui, on est dans un degré de violence qui va trop loin, le personnel n'a pas compris que ce soit parti aussi vite pour rien, ils n'ont pas compris ce pétage de plombs. Je suis assez inquiète de cette monte de violence".
Le problème de ce retard d’intervention, c'est que la police n'a pas pu venir interpeller la femme qui elle a pu repartir tranquillement et qui peut très bien revenir prochainement et continuer, c’est la crainte de l'ensemble du personnel.
Repenser le positionnement de la sécurité et avoir une patrouille de police en permanence
Avec ces violences à répétition, la direction de l'hôpital nord et de l'AP-HM sont sensibilisés au problème, mais selon la syndicaliste, " on a pris trop de retard sur la sécurité de nos sites, il faut accélérer et renforcer les moyens humains de manière considérables. Réfléchir comment on peut les positionner pour qu'ils interviennent plus rapidement. Et on souhaite un retour de la patrouille de police postée sur site pour intervenir plus rapidement possible. Avant, ils étaient devant les urgences. Ça avait un effet dissuasif et le délai d'intervention était rapide".
Appel aux parlementaires marseillais
La situation ne faisant qu'"empirer", selon la syndicaliste, "j'interpelle les parlementaires, car je considère que le sujet est préoccupant pour le personnel et la population. L'hôpital doit être sacralisé, on devrait avoir un statut particulier pour les soignants comme une personne dépositaire de l'autorité publique, car les peines seraient plus lors lourdes pour les agresseurs".
Audrey Jolibois a tenu à rappeler que "ces gens donnent leur vie pour les autres, on ne doit pas banaliser ces actes, ils doivent être protégés".
Une réunion est demandée ce lundi avec la direction de l'hôpital nord de Marseille, FO souhaite aussi rencontrer la direction générale de l'AP-HM pour parler de ces problèmes récurrents de sécurité.