"C'était le scénario rêvé", il a vécu l'Olympico au stade après 400 kilomètres à pied entre Marseille et Lyon

Il s'était lancé comme défi de rallier Lyon en courant depuis le stade Vélodrome. Lucas, alias Chapeau Beige, a pu assister à l'Olympico dimanche soir en supporter incognito. Récit.

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Lucas a vécu la folle victoire de l'OM dimanche soir dans le virage Sud Lyonnais. Trois buts à deux et une soirée qu'il n'est pas prêt d'oublier. "C'était la dixième cerise sur le gâteau avec nappage en or !". Car lorsqu'il a chaussé ses basket la semaine dernière, avec l'ambition d'assister au match, sans billet en poche, le jeune ultra-trailer avait quelques défis à relever.

Première étape, parcourir en courant (et en marchant) les 400 kilomètres séparant le stade vélodrome du Groupama Stadium en une semaine. Mission accomplie dimanche vers 12h30, plus de huit heures avant le coup d'envoi.

Face à cet exploit sportif, le deuxième défi, trouver des billets pour le match, semble presque trop facile. Il est relevé au détour d'une interview avec une journaliste de BFM Lyon. "Elle avait gagné deux places dont elle n'avait pas besoin… Et elle me les a données."

Il offre le deuxième billet à son ami ultra-trailer "baskets rouges", Anthony dans le civil. Les deux hommes partagent la même passion pour le sport, mais pas le même maillot. Anthony est lyonnais et fan de l'OL.

C'est donc accompagné de son acolyte que Lucas rejoint les tribunes... Avec pour troisième objectif de ne pas se faire repérer. Les supporters marseillais sont en effet interdits. Suite à plusieurs incidents lors de rencontres passées, il existe "un risque réel et sérieux d'affrontement entre les supporters des deux clubs" estime le ministère de l'Intérieur.

Entrée en terre interdite

"Je me suis fait tout petit, je n'ai pas mis mon chapeau ni mon maillot de l'OM... on a l'impression d'entrer en terre interdite quand on est supporter marseillais à Lyon" raconte Lucas. Il essaie de déceler sur les visages des signes de présence amie autour de lui.

La rencontre commence mal, avec l'expulsion de Léonardo Balerdi moins de cinq minutes après le début du match. "Il m'a saoulé l'arbitre, les deux cartons jaunes étaient sévères, même mon ami lyonnais était d'accord. J'étais dégoûté."

Quand les lyonnais manifestent leur joie, Lucas s'interroge : "j'ai reconnu à côté de moi un groupe d'amis partagé entre Marseillais et Lyonnais. On était entourés de marseillais, plus les buts avançaient, moins on arrivait à se cacher"."

Être marseillais dans cet Olympico était difficile à masquer pendant 90 minutes ...  "On était vraiment expressifs, mais je n'ai pas eu un regard de travers de la part des supporters Lyonnais."

La fin de match va régaler le jeune homme. L'OL égalise dans les arrêts de jeux puis l'OM arrache la victoire dans la foulée. Score final, 2 à 3 pour les Marseillais. "À ce moment-là, on laisse éclater notre joie, il n'y a plus de contrôle. On oublie qu’on est à Lyon, j’ai entendu la réaction des Marseillais dans le stade. Je pense qu'on était plusieurs centaines."

Lucas enchaîne les synonymes pour décrire la semaine qu'il vient de vivre "C’était exceptionnel, inimaginable, fantastique... J'ai vécu une semaine de folie et un match encore plus fou. C'était le scénario rêvé qu’on n’osait pas imaginer."

Retour en TGV

Son prochain défi ? Lucas n'a pas encore pris le temps de l’imaginer pour l'instant, il se voit plutôt au bord du chemin, à encourager les copains. "J'ai reçu tellement de soutien de la part de mes proches, d'inconnus, des journalistes..." Il sera en décembre à Paris, pour supporter les participants au défi lancé par l'ultra-trailer "casquette verte". Faire 271 fois la montée de Montmartre.

Mais ce lundi, après une semaine d'efforts, Lucas a choisi le confort du train pour rentrer chez lui. "Je serai à Marseille en 1 h 35. C'est fou le TGV c'est une belle invention..."

En regardant le paysage défiler par la vitre, il repensera sans doute aux galères de la semaine précédente. Les voitures qui le frôlent sur la nationale, les douleurs, la fatigue. Une aventure qu'il a partagée sur les réseaux sociaux

"C'était chaque jour un peu plus difficile, jusqu'à jeudi... Ce jour-là, j'ai fait 10 kilomètres de plus que prévu, je suis arrivé à 22 heures à mon airBnb. J'ai rampé de la douche au lit et je n'ai même pas mangé... j'ai essayé de ne pas penser à comment j'allais repartir le lendemain."

Habitué des longues courses, il trouve les ressources pour continuer. Le moral revient en fin de semaine. Dimanche, pour la dernière étape entre Vienne et Lyon, Anthony, l'acolyte ultra trailer le rejoint. "On a couru les derniers kilomètres ensemble, il m'a motivé, ça m'a permis d'avancer plus vite. C'est ça la solidarité entre ultra-trailers."

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