Trois ans après son lancement en grande pompe par Emmanuel Macron, la Cour des comptes a étrillé le plan "Marseille en grand" dans un rapport publié lundi 21 octobre, pointant notamment les "insuffisances intrinsèques" qui "pèsent sur sa mise en œuvre".
La Cour des comptes tire à boulets rouges. Elle dénonce un suivi "indigent" du plan "Marseille en grand", trois ans après son lancement en grande pompe par Emmanuel Macron, dans un rapport publié lundi 21 octobre.
🔵 #𝗠𝗮𝗿𝘀𝗲𝗶𝗹𝗹𝗲 𝗲𝗻 𝗚𝗿𝗮𝗻𝗱 : une complexité liée à la diversité des acteurs impliqués
— Chambre régionale des comptes PACA (@crcpaca) October 21, 2024
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Moins d'argent que prévu
Conséquence, ce plan avance très lentement. Le rapport révèle que fin 2023, les sommes réellement décaissées par l’État se limitaient à 1,31 % des presque cinq milliards d’euros annoncés, soit soixante douze millions. Seuls 28 % des 5,5 milliards seraient concrètement des crédits nouveaux débloqués par l'État. Soit moins d'un tiers. Rendu public par la présidente de la chambre régionale, Nathalie Gervais, ce rapport estime que "Les moyens que l'État a consacrés au suivi du plan ne sont pas à la hauteur des enjeux et peuvent être qualifiés d'indigents".
Un plan sans calendrier
Rénover les écoles insalubres, développer les transports en commun sur un territoire qui n'a que deux lignes de métro pour plus de 870.000 habitants, réduire la fracture géographique et sociale entre les quartiers nord et sud, renforcer les effectifs de police : ce plan, destiné à rattraper les retards historiques de la deuxième ville de France dont certains quartiers sont les plus pauvres d'Europe, se voulait "exceptionnel" par son montant et son contenu.
La Cour estime que le contenu, les méthodes de mise en œuvre et les objectifs de Marseille en grand « sont insuffisamment formalisés et partagés par les différents acteurs ». Un plan sans calendrier précis, ne répondant à aucune échéance qui permettrait une évaluation régulière, et dont le seul texte directeur reste, encore, le discours de lancement d’Emmanuel Macron le 2 septembre 2021 à Marseille.
"Une chance pour les Marseillais"
Toutefois, "ce plan est une chance pour les Marseillais", a nuancé lundi Nathalie Gervais, relevant notamment "des résultats avec les premières livraisons d'écoles",
neuves ou rénovées. Le délabrement des écoles de la deuxième ville de France avait été un des dossiers ayant motivé ce plan « Marseille en grand », destiné à rattraper les retards de la Cité phocéenne, spécialement en matière d’infrastructures.
Le Plan insiste sur la construction d'écoles, mais ne prévoit rien sur l'échec scolaire endémique. Le rapport avertit que le plan n'intègre "aucune mesure spécifique visant à améliorer le climat scolaire, renforcer la santé des élèves ou accroître la mixité sociale".
Dans leurs réponses à la Cour, État, mairie et métropole se renvoient la balle, les services du Premier ministre soulignant une "absence de consensus entre acteurs locaux" et l'incapacité "des collectivités locales à adhérer à l'ambition du plan".