Congrès mondial de la nature : la fonte du glacier Blanc s'est accélérée ces cinq dernières années

Le changement climatique est au coeur du congrès mondial de la nature qui se tient à Marseille. La fonte accélérée des glaciers est l'un des effets les plus visibles du réchauffement de la planète. Dans le massif des Ecrins, le glacier Blanc recule inexorablement.

D'année en année, le blanc manteau qui lui donne son nom s'affine. Des étés caniculaires et des hivers trop doux, le réchauffement climatique a des effets très concrets sur le glacier Blanc. Ce sera l'un des sept grands thèmes abordés au congrès mondial de la nature qui se tient à Marseille jusqu'au 11 septembre. 

Ce glacier, l'un des plus vastes et aussi le plus méridional de cette taille-là dans les Alpes, vient de faire son entrée dans le club très fermé des 10 glaciers les plus surveillés au monde, en réseau avec des glaciers des Andes ou d'Afrique. A ce titre, il bénéfice des dernières technologies pour suivre son évolution. 

"Jusqu'à présent, c'était le glacier de Sarenne à l'Alpe-d'Huez qui était surveillé mais il a disparu, et c'est le glacier Blanc qui a été choisi pour lui succéder, explique Pierre Commenville, le directeur du national des Ecrins. 

Chronique d'une disparition annoncée

Un honneur qui n'augure rien de bon pour le glacier haut-alpin, lui aussi condamné à disparaître, comme 90 % des 4.000 glaciers alpins d'ici 80 ans, selon les prédictions des experts scientifiques, si les émissions de gaz à effet de serre se poursuivent au rythme actuel.  

"Le glacier Blanc étant un gros glacier, il restera probablement toujours de la glace en 2100 mais il est possible qu'il en reste très très peu", selon Pierre Commenville. 

Les études décrivent parfaitement cette chronique d'une disparition  annoncée.

On est arrivé à démontrer qu'il a fondu autant dans les 5 dernières années que dans les 12 années qui les ont précédées. Donc on sait que ce rythme s'accélère. 

Pierre Commenville Dir parc national des Ecrins

La perte du glacier se traduit aussi en chiffres qui donnent le vertige: une quarantaine d'hectares ont disparu sur cette dernière période. Le glacier Blanc a également perdu 9 mètres d'épaisseur en moyenne. "Certains endroits ont perdu 45 mètres de glace", précise Pierre Commenville. 

Un recul irréversible

Sous l'effet du réchauffement, le volume de glace a fondu de façon alarmante. "Sur cette période, on a perdu 25 millions de mètres cubes d'eau, ça représente un petit morceau de la retenue de Serre Ponçon, qui fait seulement deux milliards de mètres cubes, c'est déjà un beau volume de flotte!".

Pour Pierre Commenville, qui participe depuis vendredi au congrès de la nature à Marseille, il n'y a malheureusement aucun espoir d'inverser cette tendance. 

Cette disparition est inéluctable, elle est dramatique, elle se voit, et en plus, elle se situe dans un cadre merveilleux.

Mais selon lui, on peut gagner du temps. "Si on arrive à garder de la glace après 2100, ou 2200, on ne sait pas ce qui se passera à ce moment-là".

Ce que l'on commence à savoir en revanche c'est l'importance des boulversements que cette disparition du géant blanc va entraîner dans la montagne.

Les résultats des études réalisées en 2019 et 2020 ont permis de "radiographer" le relief sous la glace. Elles montrent que la perte du glacier modifie considérablement les pressions exercées sur les parois rocheuses environnantes. 

Menaces sur les refuges de haute montagne

"Il est possible qu'elles s'écroulent dans des dimensions plus ou moins dramatiques, en tout cas, elles bougent", alerte le directeur du parc national des Ecrins, dont la première préoccupation reste la sécurité des 800.000 visiteurs qui viennent chaque année dans le massif.

La fonte de la glace menace ainsi directement les deux refuges installés sur le bassin du glacier Blanc. Surtout le plus haut, le refuge des Ecrins. Posé sur un éperon rocheux, il donne accès à la barre et au dôme. 

"Quand il n'y aura plus de glace, se posera la question de la stabilité de cet éperon rocheux et donc du refuge", constate Pierre Commenville. 

Désormais, chaque année, deux études sont réalisées pour évaluer la différence de masse entre le début et la fin de l'été. "Ça nous donne une très bonne indication de ce que perd le glacier". 

On voit sur cette vidéo l'équipe de scientifiques venue mesurer l'épaisseur du glacier Blanc à la fin du mois de mars dernier.

2021 une bonne année pour le glacier

Malgré la catastrophe qui s'annonce, il y a quand même matière à se réjouir pour Pierre Commenville. Les relévés réalisés cet été seront connus dans quelques jours, et d'ores et déjà il estime que "c'est une bonne année". 

"Il est possible que le bilan de masse soit positif au lieu d'être négatif comme c'était le cas ces 25 dernières années, parce qu'il y a eu beaucoup de précipitations, pas mal de neige...". 

Il faut savoir que cette période de l'année est celle où la fonte de la glace est la plus importante. Depuis 25 ans, elle n'a cessé de s'allonger. Autrefois les fortes chaleurs se concentraient sur quelques journées en juillet-août, aujourd'hui elles jouent les prolongations jusqu'en septembre voire octobre. 

Ce changement retarde aussi la reconstition du glacier qui démarre avec les premières neiges. C'est un autre signe tangible du réchauffement climatique. 

Le tableau a beau être noir et sans espoir, le directeur du parc des Ecrins, se montre résolument optimiste. C'est pourquoi, il encourage les amoureux de la nature à "venir voir le glacier, parce que c'est une prise de conscience qui ne laisse personne indifférent". 

"Venir dans les Ecrins, ce n'est pas venir voir un mourant, c'est venir prendre conscience que notre monde change, et quand on a conscience de ça, on se pose la question après, de qu'est-ce que moi je change", conclut-il. 

 

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