En cette période de confinement, les accidents domestiques se multiplient. Certains comportements frôlent l'inconscience, alerte le centre antipoison de Marseille, expliquant recevoir des appels pour des accidents insensés. Comme cette femme qui a décidé de se laver... à l'alcool à brûler.
Au centre antipoison et de toxicovigilance de Marseille (Bouches-du-Rhône), le téléphone n'arrête pas de sonner ce lundi 22 mars. À 18 heures, nouvel appel, un homme raconte au personnel de garde sa mésaventure.
Confiné chez lui, il vient de se brosser les dents avec de l'eau de javel. Désormais, sa bouche est tout irritée. Incroyable mais vrai.
"Les gens sont inquiets, ils ont la crainte d'être contaminés. Alors par phobie du virus, ils font n'importe quoi. 80% des appels concernent des irritations ou des inhalations à base d'eau de javel", explique le professeur Nicolas Simon, chef de service du centre antipoison et de toxicovigilance de Marseille.
Des aliments désinfectés à la javel
En une journée, les équipes du centre reçoivent 110 appels avec un pic entre 18 heures et 23 heures. Parmi les pratiques insensées, une femme explique avoir laissé pendant sept heures ses fruits et légumes dans de la javel."Et après elle a essayé de les manger... La peur est exagérée à cause d'un ennemi qu'on ne voit pas. Les gens se mettent en danger", commente le professeur Simon.
Un cas pas si particulier que cela, comme le rapporte un internaute sur les réseaux sociaux : sa tante aurait "essayé de désinfecter son pain avec un souçon d'eau de Javel".
Le centre antipoison et de toxicovigilance de Marseille, l'un des huit en France, s'occupe des cas de toute la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.#CONFINEMENTJOUR8 je viens d’apprendre que ma tante a essayé de désinfecter son pain avec un soupçon d’eau de Javel.
— Christophe M. (@cokka2000) March 24, 2020
Non, là ça va vraiment trop loin ?
Face à la recrudescence de comportements de plus en plus dangereux, le professeur Nicolas Simon tire la sonnette d'alarme.
"Ces pratiques totalement inconscientes concernent tous les départements de la région, mais aussi toutes les catégories sociales et tous les âges. Le confinement et la peur du virus a un impact sur vraiment toute la population", explique le spécialiste.
Une douche à l'alcool à brûler
Parmi les autres appels improbables, survient celui d'une femme d'une soixantaine d'années. Elle explique s'être badigeonné le corps avec... de l'alcool à brûler."Elle nous a dit avoir les paupières gonflées, la peau irritée. Et explique avoir fait ça pour se protéger du Covid-19", raconte Nicolas Simon.
Gare aux apprentis chimistes
Même peur, autre effet. Le centre antipoison et de toxicovigilance de Marseille met également en garde contre les mélanges de produits.Au titre de vouloir se préparer une petite solution pour se laver les mains, certains mélanges peuvent aussi dégager un gaz toxique.
"Les gens ne savent pas faire, ils s'improvisent chimistes. Chacun y va de sa petite recette, mais le gaz peut entraîner des problèmes respiratoires voir des lésions", détaille le professeur Simon.
Certaines personnes assemblent le vinaigre et l'eau de javel, une pratique dangereuse. Le mélange génère du gaz chloré, qui peut provoquer des troubles respiratoires et même des brûlures.❌‼️Attention danger: ne JAMAIS MELANGER les produits de nettoyage (javel, acide chlorhydrique, destop, soude, vinaigre blanc...) car risque d’intoxication respiratoire‼️
— Nicolas Simon (@nskoch) March 15, 2020
"Avec tous les appels, on pourrait faire un livre de tout ce qu'il convient de ne pas faire. Et j'en suis sûr qu'on va encore être surpris dans les prochains jours", conclu-t-il.
Pas plus d'accidents pour les pompiers
Du côté des marins-pompiers de Marseille, malgré les mesures de confinement, les interventions à domicile sont moins nombreuses."Nous n'avons pas noté une augmentation des risques domestiques, c'est trop tôt pour en juger. Les coupures, les malaises, les chutes sont nos interventions classiques", explique un porte-parole du Batillon des marins-pompiers de Marseille (BMPM).
En revanche, les marins-pompiers sont en première ligne pour les cas graves liés au coronavirus.
"L’accélération de la pandémie nous conduit inévitablement à avoir des cas contact et des cas positifs comme dans tous les services intervenants", rapporte le BMPM.
"Afin de nous aider dans nos missions, nous demandons à chaque marseillais et marseillaise de respecter strictement les mesures de confinement (...) et de ne solliciter les urgences qu’en cas d’absolue nécessité", rappellent les pompiers.