Après l'annonce de premiers résultats encourageants sur des patients traités à la chloroquine à Marseille par l'Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée infection, le gouvernement donne l'autorisation pour un essai plus vaste. Les Etats-Unis annoncent à leur tour lancer des essais.
Le président américain Donald Trump a prédit un recours imminent à la chloroquine, un antipaludéen, comme possible traitement pour les malades du Covid-19 après des résultats encourageants en Chine et en France.
"Nous allons pouvoir rendre ce médicament disponible quasiment immédiatement", a assuré Donald Trump lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche, au moment où les sénateurs républicains présentaient un plan de sauvetage d'environ 1.000 milliards de dollars pour l'économie.
Chloroquine, les Etats-Unis approuvent le traitement
Basés sur les essais du professeur Raoult et son équipe de l'IHU à Marseille, les Etats-Unis annoncent lancer des essais à grande échelle sur leur territoire pour éradiquer le Covid-19."C'est très excitant. Je pense que cela pourrait changer la donne. Ou peut-être pas. Mais d'après ce que j'ai vu, cela pourrait changer la donne", a-t-il ajouté.
Mais nombre d'experts ont appelé à la prudence en soulignant l'absence de données cliniques solides et publiques.
La Food and Drug Administration (FDA), l'organisme fédéral qui supervise la commercialisation des médicaments aux Etats-Unis, a un peu tempéré l'enthousiasme présidentiel en soulignant que le traitement n'avait pas été approuvé pour le coronavirus.
Mais elle va mettre en place "un essai clinique étendu", a expliqué Stephen Hahn, son dirigeant.
Des essais cliniques de chloroquine aussi en France
Alors que la France fait face à une montée en puissance des mesures de confinement pour échapper à la propagation du coronavirus Covid-19, un espoir de traitement médical se profile."Les essais cliniques de chloroquine, un anti-paludique, menés à Marseille pour soigner les malades atteints du Covid-19 sont "prometteurs" et vont être étendus, a indiqué ce mardi le gouvernement.
"J'ai pris connaissance des résultats et j'ai donné l'autorisation pour qu'un essai plus vaste par d'autres équipes puisse être initié dans les plus brefs délais sur un plus grand nombre de patients", a indiqué lors d'une conférence de presse téléphonique le ministre de la Santé Olivier Véran, précisant que ces essais "ont déjà commencé à Lille".
Un traitement proposé à 24 patients le 16 mars
Le professeur Raoult a annoncé lundi 16 mars que les premiers cas traités à l'IHU, centre de référence pour le covid-19, avec la chloroquine sont en voie de guérison.Le traitement a été proposé à 24 patients, parmi les premiers contaminés dans le sud-est de la France, admis à l'IHU sur la base du volontariat.
Comme à son habitude, le professeur Didier Raoult, directeur de l'IHU à Marseille, a mis en ligne les conclusions de son essai, dans une vidéo.
"Nous avons inclu dans ce traitement les gens qui étaient d'accord, ils l'étaient quasiment tous. Deux villes sans le protocle, Nice et Avignon nous ont fourni des patients qui n'ont pas reçu le traitement", explique l'épidémiologiste.
"On a pu constater que les patients qui n'avaient pas reçu de Plaquenil (hydroxychloroquine, ndlr) étaient toujours porteurs au bout de six jours, alors que quand vous mettez du Plaquenil, au bout de six jours, il n'y a plus que 25% de porteurs".La charge virale serait même encore plus basse chez les malades traités en plus par un antibiotique, l’azithromycine, selon le spécialiste.
Le professeur Raoult avait obtenu l'accord des autorités sanitaires pour tester un traitement à la chloroquine sur les patients à l'IHU, le 9 mars dernier.
"Nous avons fait la demande d'essai clinique du traitement comme n'importe quel essai, à savoir auprès du Ministère de la Santé, auprès du comité de protection des personnes. L'essai porte sur 24 patients", précise le professeur Chabrière, spécialiste des maladies infectieuses à l'IHU.
La chloroquine est un médicament couramment utilisé contre le paludisme et peu onéreux, dont le directeur de l’Institut Méditerranée Infection avait vanté les vertus, à la fin du mois de février, sur les bases d'une étude chinoise.
Ce traitement utilise un dosage précis : "600 mg par jour pendant dix jours", détaille le professeur dans son intervention.
Une molécule critiquée pour ces effets secondaires
L'usage de cette molécule est fortement décriée en raison des interactions médicamenteuses et des problèmes d'effets secondaires, notamment sur les patients en réanimation.De plus cet essai a été conduit sur un nombre très marginal de patients. Ramené au nombre de cas de coronavirus en France, plus de 6.000 lundi soir, ces résultats sont à interpréter avec prudence, selon la communauté scientifique.
Pourtant, pour le professeur Raoult, membre du conseil scientifique sur le nouveau coronavirus mis en place par le ministre de la santé, il y a suffisamment d’arguments pour utiliser dès maintenant ce traitement, très peu onéreux, chez des malades du Covid-19, explique Le Monde.Il y a urgence à organiser de telles recommandations en France.
"En Chine, en Iran, en Corée du Sud, en Arabie saoudite, l’hydroxychloroquine et la chloroquine font déjà partie des protocoles thérapeutiques, conseillés par des experts, pour certains de renommée mondiale. Il y a urgence à organiser de telles recommandations en France, et c’est ce que j’ai proposé aux autorités sanitaires".
Jeudi matin, sur France inter, entre autres, Denis Malvy, infectiologue au CHU de Bordeaux et membre du Conseil scientifique qui conseille le président dans la lutte contre l’épidémie a déclaré que la chloroquine était une "piste de recherche sérieuse".
Le laboratoire français Sanofi annonce pouvoir offrir aux autorités françaises des millions de doses de Plaquenil, le traitement anti-paludéen à destination de 300.000 malades.
Cette annonce intervient après des essais jugés "prometteurs" sur les patients atteints du Covid-19 à Marseille.