Jeanne Laval aura 100 ans le 1er décembre. La Marseillaise a survécu au coronavirus. Testée positive le 24 octobre, elle a fini par guérir après 10 jours difficiles.
Jeanne Laval est une miraculée. La presque centenaire, qui fêtera son anniversaire le 1er décembre, a contracté le coronavirus en octobre. Alors que plus de 50 000 personnes sont mortes en France du Covid-19, et que la létalité du virus augmente notamment avec l'âge, la Marseillaise de 99 ans a, elle, survécu.
Testée positive le 24 octobre, à la suite d'un test sérologique, l'arrière grand-mère a passé dix jours très difficiles chez sa petite-fille Nadège. "Aujourd'hui, ça va bien. C'était pas facile avec le virus mais je vais mieux", raconte à France 3 Jeanne Laval.
"C'était une descente aux enfers"
Ayant eu des symptômes quelques jours avant son test, deux malaises, une toux mais pas de fièvre, Jeanne vit une période très dure.
"C'était une descente aux enfers. On pensait qu'elle était en train de décliner, mais pas qu'elle avait le coronavirus."
Pendant une dizaine de jours, Jeanne ne mange plus. Elle reste cloîtrer dans sa chambre. Jeanne aurait été contaminée par son arrière petite-fille Louison, 20 ans, étudiante infirmière. "Il y a eu un gros cluster à l'IFSI La Capelette. Ma fille a eu le virus même si elle était asymptomatique. Et comme Jeanne vit avec nous, elle l'a eu aussi. En revanche, moi non", explique Nadège.
Une résistance à la maladie à la hauteur de la vie de Jeanne qui, avant d'avoir vaincu le coronavirus, avait survécu à la guerre.
Sa famille a aidé les juïfs pendant la guerre
Depuis trois ans, Jeanne Laval vit à Marseille, dans le quartier Saint-Pierre chez sa petite-fille Nadège. Elle revient là où elle a grandi, à quelques mètres de l'endroit où ses parents ont tenu un bar PMU pendant la Seconde guerre mondiale.
"C'était le premier bar avec la cabine publique téléphonique. J'appelais les gens quand on leur passait un coup de fil et à Noël certains m'offraient de beaux cadeaux", évoque sourire aux lèvres Jeanne.
A douze ans et demi, la Marseillaise obtient son certificat d'études avec mention. Puis Jeanne Laval a vécu la guerre. "Nous avons fait du marché noir. Avec ma famille, nous avons également aidé les juïfs en leur fournissant des denrées et d'autres choses", rapporte-t-elle.
Elle fut ensuite commerçante à Cassis, tenant avec son mari l'Auberge Provençale à la gare puis La Tavola dans la grande rue. Elle a vécu près de 70 ans dans la commune des Bouches-du-Rhône. Son mari y est mort il y a vingt ans.
Recueillie par sa petite-fille après la mort de sa fille
Sa fille s'est alors occupée d'elle à Cassis. Mais il y a trois ans, cette dernière meurt d'un accident vasculaire cérébral dans son lit. Jeanne se retrouve alors seule. Nadège décide alors de la rapatrier chez elle à Marseille."Heureusement j'ai fait appel à l'APA qui m'a permis de rencontre l'association Tendre 1 main pour m'aider à m'occuper de Jeanne. Ils viennent chaque jour de midi à 14 heures", souligne Nadège. Jeanne partage donc désormais sa vie avec Louison, son arrière petite-fille et sa petite-fille Nadège.
"Je suis bien ici, on me nourrit bien, je passe des bons moments", confie Jeanne. Depuis sa guérison, elle profite chaque jour de sa famille. "On lui raconte nos histoires car elle ne sort plus depuis deux ans. Puis il y a des jours où elle est mieux et où elle nous raconte ses histoires, de la guerre, de sa vie à Cassis", détaille Nadège.