À Marseille, des opérations de vaccination contre le Covid-19 sont organisées dans la rue, sans rendez-vous, pour être accessible à tous, y compris aux plus réticents.
L'équipe mobile d'intervention “Prévention COVID-19” de l'hôpital européen s'est installée ce jour-là sur un bout de trottoir, devant une pharmacie du quartier Noailles. Ce quartier pauvre situé en plein centre-ville de Marseille n'a pas la meilleure réputation.
Une table et deux chaises pour faire l'enregistrement. Et une grande affiche annonce "vaccination Pfizer, gratuite et sans rendez-vous".
L'argument a convaincu Lamine de s'arrêter. "Je passais par hasard, et j'ai besoin du vaccin pour protéger la famille et les amis. C'est plus facile."
Chekeb reconnaît que jusqu'à présent il était réticent à toute injection. "J'avais peur de faire le vaccin, mais j'ai entendu qu'il y en a qui sont morts parce qu'ils n'étaient pas vaccinés, alors j'ai eu peur et je voulais faire le vaccin", explique-t-il.
Toucher les précaires et les sans-papiers
En ce jour de mistral glacial, il n'y a pas foule devant le stand. Accompagnée d'une de ses collaboratrices, la coordinatrice du Corhesan Anne Dutrey-Kaiser part à la rencontre des habitants du quartier, les précaires et les sans-papiers.
"A Noailles, il y a pas mal de gens sans-papiers qu'on peut toucher mais ça permet aussi de rencontrer ces habitants des quartiers défavorisés qui n'ont pas cette culture du médecin traitant et de la prévention," précise-t-elle.
L'objectif est de rappeler que la vaccination est gratuite et accessible à tous, avec ou sans carte vitale.
Dans ce quartier populaire du centre de Marseille, des passants pressent le pas quand Anne Dutrey-Kaiser les interpelle.
"Désolé, je suis pressé", lâche un homme derrière son masque. "Le Covid? j'ai pas envie d'en parler", rétorque un autre sans prendre la peine de la regarder. La coordinatrice sait que tous ne se laisseront pas convaincre au premier abord.
"Tout le monde n'est pas réceptif, reconnaît-elle, tout le monde n'est pas prêt à se faire vacciner mais l'intérêt de ces actions de rue c'est que ça nous permet d'être en contact avec les gens et de pouvoir discuter et d'essayer de trouver des arguments rationnels pour leur présenter la situation telle que nous, on la vit à l'hôpital".
Elle reste convaincue qu'après réflexion quelques-uns pourront changer d'avis et c'est déjà ça.
Marseille très en retard sur la vaccination
Marseille est l'une des zones les plus en retard du territoire français. Seulement 60 % de la population a reçu deux doses. Et c'est moins d'un habitant sur deux dans les quatre arrondissements les plus pauvres de la ville (3e, 14e, 15e, 16e).
En début de semaine, 500 médecins de l'assistance publique des hôpitaux de Marseille ont lancé un appel à se faire vacciner pour soulager la tension dans les services de réanimation.