Avec le reconfinement, la situation est devenue plus difficile pour les étudiants à faible revenus. A Marseille, ils sont de plus en plus nombreux à venir à la distribution d'aide alimentaire organisée chaque samedi par l'association Vendredi 13 sur le campus de Luminy, au sud de Marseille.
Devant l'entrée de la cité universitaire de Luminy, les bénévoles ont installé leurs étals. Gestes barrières obligent, la distribution se fait à l'extérieur. Heureusement, ce samedi il fait beau à Marseille. Bien avant que l'opération ne démarre, ils sont déjà nombreux à attendre patiemment en file indienne, masqués, un sac de marchandises au bras.
Ils sont boursiers ou étrangers. "Ça fait cinq ans qu'on distribue des vivres tous les samedis aux étudiants en précarité, mais avec la crise du Covid, on a doublé le nombre de bénéficiaires, on est passé d'une centaine de personnes à plus de 200", note Bernard Nos, président de l'association Vendredi 13.Aujourd'hui, il y a des aubergines, des oeufs, des bananes ou des pommes, en plus des habituels produits de base, pâtes, farine, lait, purée.... De quoi se remplir un panier équilibré qui tienne toute la semaine. "J'ai pris des légumes surtout, et aussi des pâtes, et des choses que je peux conserver", explique une jeune femme, ça m'aide beaucoup, j'ai une bourse qui me paie le logement et quelques courses à côté".On est passé d'une centaine de personnes à plus de 200.
La perte des petits gagne-pains
Avec le confinement rétabli juste après la rentrée, beaucoup ont perdu le job qui leur permettait de mettre un petit beurre dans les épinards. Depuis, c’est souvent la diète forcée. "Je faisais des petits boulots dans des resto, ou je donnais des cours de mathématiques à des enfants, mais avec le Covid, on gagne moins, témoigne un étudiant étranger qui n'a pas droit aux bourses. Ces aides sont précieuses pour nous"."Jusqu'à maintenant ceux qui arrivaient à travailler s'en sortaient à peu près, mais là ils n'ont plus rien, constate Bernard Nos. Ils ont de quoi payer leur loyer, et après, ils n'arrivent pas à se nourrir. Et quand on ne peut pas se nourrir, on ne peut pas travailler."Ils ont de quoi payer leur loyer, et après, ils n'arrivent pas à se nourrir.
Ce samedi matin à Luminy, les trois tonnes de denrées sont parties en quelques dizaines de minutes. Depuis le retour du confinement, l'UNEF Aix-Marseille a aussi repris ses distributions de colis gratuits aux étudiants, trois jours par semaine, sur les campus Schuman, Saint Jérôme et Saint-Charles. Les bénéficiaires doivent en faire la demande sur le site du syndicat étudiant chaque semaine.
Lors de la première vague épidémique de printemps, ce sont au total 30.000 repas qui ont été distribués aux étudiants des cités universitaires de la ville.Aujourd'hui gros ravitaillement et préparation des colis de la semaine prochaine, on vous attend sur les campus Schuman, St Jérôme et St Charles, en bande organisée ! ?
— UNEF Aix-Marseille (@unefam) November 20, 2020
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Précarité agravée et santé mentale dégradée
"C’est dur d’avoir 20 ans en 2020" a dit le président Macron. On pourrait ajouter "surtout quand on est étudiant et qu’on a du mal à joindre les deux bouts". Le covid-19 a accentué les inégalités dans la société française et le monde étudiant en est aussi le reflet. Pour les étudiants à faible revenus, confinés dans leur chambre de cité U de 9 m2, la crise ne fait qu'amplifier les difficultés.Le ministre de la Santé est conscient de ce mal-être qui touche particulièrement les étudiants. Lors d'une visite à "Fil santé jeunes", un dispositif d'écoute pour les 12-25 ans, Olivier Véran a déclaré : "Nous voulons éviter une troisième vague, qui serait une vague de la santé mentale". De nombreux médecins ont sonné l'alerte suite au premier confinement. Selon une étude du CN2R (Centre national de ressources et de résilience) menée auprès de 70.000 étudiants, 27,5% présentaient une anxiété sévère et 11,4% des idées suicidaires.