Dans les affaires de drogue, "on a toujours un doute" : les coulisses de la saisie de 2 tonnes de cannabis à Marseille

Une année entière pour aboutir au démantèlement d'un réseau structuré entre l'Espagne, la France et le Maroc. Le colonel Christophe Berthelin et le chef du groupe d'enquêteurs de Marseille nous racontent les investigations internes pour lutter contre un trafic d'ampleur.

Main basse sur un trafic de drogue comprenant des quantités record, 2 tonnes de résine de cannabis, 1,5 kg de cocaïne, des armes de poing et des montres de luxe. L'organisateur du réseau a été interpellé à Malaga (Espagne) et 14 autres personnes ont été interpellées dans les Bouches-du-Rhône, le Var, le Vaucluse et les Pyréennées-Orientales. 9 personnes ont été écrouées. Des perquisitions à domicile ont abouti à la découverte de 580 kg supplémentaires de cannabis. C'est une enquête hors norme qui vient d'aboutir.

Les journalistes de France 3 Provence-Alpes Karen Cassuto et Cédric Cottaz ont rencontré Christophe Berthelin, colonel de gendarmerie à la section de recherche de Marseille, ainsi que le chef du groupe d'enquêteurs de Marseille. Tous deux nous ont livré les dessous de ce vaste trafic international, qui a nécessité un an d'enquête.

De "No Name" à "All In"

Cette nouvelle saisie démarre par une enquête déjà résolue deux ans plus tôt, l'affaire "No Name" : un trafic de cocaïne. Un nouveau réseau est suspecté dans les Bouches-du-Rhône. A Marseille, sept enquêteurs se consacrent à temps plein appuyés par les juridictions interrégionales spécialisées (JIRS), les gendarmes de Vaucluse, des enquêteurs financiers, des experts cyber et des unités spécialisées d'observation.

L'enquête est baptisée "All In". "C'est une enquête qui demande d'être impliqué 7 jours sur 7, 24h sur 24. L'engagement est permanent. Cette enquête a demandé beaucoup d'investissement personnel", confie le chef de la cellule d'enquête.

Le mode d'organisation du réseau ressemble à celui d'une société commerciale avec des plateformes d'approvisionnement qui alimentent toute la France."Sur ces plateformes, des réseaux locaux venaient ensuite récupérer leur part", précise le colonel Christophe Berthelin, commandant de la section de recherche de Marseille Paca.

L'interception du camion dans le Gard

Un semi-remorque 38 tonnes remontait d'Espagne et déposait les produits stupéfiants dans des hubs depuis lesquels la drogue était redistribuée dans au moins quatre départements du Sud : les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse, le Gard et les Pyrénées-Orientales.

Le camion interpellé transportait jusqu'à plus d'une tonne de cannabis, deux à cinq fois par semaine. "C'est un trafic d'une telle ampleur, (...) il y aura nécessairement des difficultés d'approvisionnement, c'est une certitude, donc on va ralentir l'approvisionnement des cités du grand sud de la France."

On a toujours cette appréhension jusqu'au bout, mais on était confiants de l'enquête menée.

Chef du groupe d'enquêteurs de Marseille

France 3 Provence-Alpes

"On est confiant mais on a toujours un doute jusqu'au dernier moment", confie le gendarme. L'interception a eu lieu au niveau du péage de Remoulins (Gard). L'engin, encerclé par le GIGN, a été immobilisé. "On entre dans une phase d'adrénaline et de tensions, tout en sachant qu'on est entourés par des militaires du GIGN", ajoute-t-il.

"L'interpellation du camion nous permet de remonter jusqu'à tous les objectifs par la suite", c’est-à-dire toute les personnes interpellées au même moment. 

L'enquête se poursuit

"Il nous reste encore beaucoup à faire, l'enquête n'est pas terminée", nuance le gendarme. "Toute la chaîne d'approvisionnement a été capturée, ce qui témoigne du caractère exceptionnel de cette affaire", souligne Christophe Berthelin.

Onze personnes issues des filières du narcobanditisme ont été mises en examen, neuf sont en détention provisoire.

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