AtmoSud révèle qu'après une amélioration significative, la qualité de l’air dans la capitale régionale se dégrade plus vite qu’ailleurs. La pollution à Marseille figure parmi les thèmes de campagne incontournables des élections municipales.
Circulez, il n’y a plus rien à... respirer. Fini le grand bol d’air frais, si l'on en croit le bilan publié par AtmoSud, six semaines après la fin du confinement strict observé dans la cité phocéenne.
Les concentrations en oxydes d’azote avaient fortement diminué dès le début du confinement. Moins 60% dans les stations en zones de trafic routier et une baisse de 50% dans celles mesurant le "fond urbain", par rapport aux concentrations généralement observées les années précédentes à la même période.
Fin de l’embellie, le rideau s’est refermé comme le montre cette carte des relevés réalisés pendant/après le confinement.
Un phénomène marseillais
D'après Stéphan Castel, responsable innovation et communication à Atmosud, Marseille est un cas particulier : "Dans la région, on reste sur des concentrations moyennes 30 à 35% inférieures à celles de début mars ailleurs".
? « Construire un environnement sain, favorable à la santé de tous et plus précisément envers les plus vulnérables, est un enjeu majeur si l’on veut agir pour une relance plus écologique et équitable. »
Publiée par AtmoSud : La qualité de l'air en Provence-Alpes-Côte d'Azur sur Jeudi 11 juin 2020
Alors que la reprise des activités et du trafic routier a déjà eu pour conséquence, à proximité des axes routiers marseillais, "un retour à des niveaux d'oxydes d'azote observés début mars".
On a mieux respiré mais pour les riverains des grands axes, c'est terminé.
Les oxydes d'azote sont les marqueurs spécifiques du trafic routier : "On a mieux respiré pendant le confinement, mais à présent pour les riverains c'est reparti. Et ça irradie peu à peu sur tout Marseille", indique le spécialiste d'AtmoSud.
Avec des conséquences sur la santé, comme l'indique Pascal Chanez, enseignant-chercheur à Aix-Marseille Université et chef de service à l'AP-HM, unité clinique des bronches, des allergies et du sommeil.
"Ces gaz peuvent donner de l'asthme et exacerbent toutes les maladies chroniques des voies aériennes, favorisant des inflammations au long cours et, à terme, une augmentation de la mortalité liée à ces pathologies".
Une problématique de santé publique
Une mauvaise nouvelle pour les habitants de la cité phocéenne, souvent considérée comme "la ville la plus polluée d’Europe".
Cette réputation s’explique d’après Stéphan Castel, par "le climat qui sous les effets du soleil maintient la pollution aux particules fines à un niveau élevé en été, alors que les villes d’Europe du Nord respirent un peu mieux".
Quoiqu'il en soit, '"on a une vraie problématique de pollution à Marseille, il faut qu’on fasse attention", souligne le responsable d’Atmosud.
Cette mauvaise réputation, méritée au regard des derniers chiffres, met plus que jamais la lutte contre la pollution atmosphérique au cœur des enjeux politiques municipaux.
La qualité de l'air au programme des municipales
Tous les candidats ont intégré la question de la qualité de l'air, à des degrés divers, dans leur programme.
L’union de la gauche avec Michèle Rubirola se fixe pour objectif de "végétaliser la ville", avec l’ouverture d’une centaine de parcs ou jardins sur deux mandats.
Martine Vassal elle aussi a placé le sujet en bonne place dans son programme. L’environnement figure parmi les trois priorités de la candidate LR qui ambitionne de "faire de Marseille la Capitale verte de l’Europe en 2026".
Au programme de Stéphane Ravier, candidat du Rassemblement National figure aussi un volet "Marseille verte et propre" prévoyant notamment l’électrification des quais du port ou l'interdiction des poids lourds supérieurs à 7,5 tonnes en centre-ville.
Bruno Gilles souhaite "une ville écologique et plus belle", en fin de liste de ses 55 "engagements prioritaires pour les marseillais". Le candidat divers droite d’Ensemble pour Marseille prévoit la plantation de 50 000 arbres et des bus électriques ou à gaz en centre-ville notamment.
La qualité de l'air dégradée à Marseille ne date pas d'hier, ni du déconfinement.
Mais la crise sanitaire aura permis aux marseillais de découvrir leur ville plus respirable. Et, peut-être, de prendre la mesure des choix à privilégier pour la cité phocéenne.