Ils sont jeunes,18 ans. Ils ont un petit bateau, le 420. Et ils viennent de traverser la Méditerranée entre Marseille et Calvi. 44 heures et 58 minutes sur une coque de noix (avec une voile). Ces deux navigateurs sont nourris par une grande motivation : parler du suicide chez les jeunes.
Sylvestre et Mathias ont mis 44 heures et 58 minutes pour relier Marseille à Calvi.
Ces deux aventuriers sont lycéens à Marseille mais aussi passionnés de voile. Du haut de leurs 18 ans, ils naviguent à bord d'un 420, plutôt appelé "quat'vingt", un dériveur qui mesure 4m20, comme son nom l'indique.
Ce bateau n'est pas du tout conçu pour traverser les mers, ils l'ont rendu plus insubmersible. A bord, ils ont embarqué des bananes et du chocolat, en cas de coup de mou. Et des sandwichs (pour le plaisir gastronomique probablement.)
En restant plus de 2 jours sur l'eau, ils doivent gérer le sommeil, le soleil, la chaleur... et le bateau. Un vrai test d'endurance. Les deux "voileux" sont portés par l'envie de rendre hommage à un ami. Félix s'est suicidé en janvier dernier. Les navigateurs se sont rapprochés de l'association ASMA Care, Association Suicide et Mal être de l'Adolescent. Sur la coque de leur bateau, ils ont inscrits la formule "En parler ; peut tout changer".
En 5 mois, ils trouvent des sponsors, parents, amis, club de voile... et recueillent 8000 euros. Ils appelent leur projet "Le défi méditerranéen". "Il faut se faire rêver", dit Sylvestre de Giuli Morghen "Il faut se faire kiffer. On a vraiment voulu porter ce projet pour montrer à tout le monde que si on parle de ces problèmes, ça peut changer."
"Je suis vraiment content de faire ça" ajoute Mathias Depeyre "ça n'a jamais été fait sur un 420 et même sur un dériveur (...) C'est une toute première" dit-il avec un très grand sourire.
Sylvestre et Mathias ne sont pas partis seuls. Ils étaient accompagnés de Marc Thiercelin et Jérémy Lagarrigue, deux navigateurs chevronnés qui les ont suivis à bord d'un autre voilier.
Un départ et une très grosse vague
Ils ont pris le départ de Marseille, le vendredi 16 juillet à 11h04. Ils ont longé les calanques et rapidement rencontré un "très gros temps". "Normalement, ce sont des conditions dans lesquelles nous ne sortons pas. Mais on était dehors, on était partis, on a continué. Avec une vague, le bateau s'est retourné (...) On avait de l'eau plein le bateau (...) ça nous a bien mis dans le jus," raconte Mathias.
En pleine mer, ils ne traversent aucune tempête, aucun ouragan, le vent est plutôt faible, ce qui les oblige à naviguer finement.
En bons marins, ils s'organisent avec des quarts. Pendant que l'un se repose, l'autre tient le bateau et fait en sorte de gonfler les voiles. Un quart dure 1h30. Et puis on inverse les rôles.
Quand ils arrivent à Calvi, il est 7h02. Ils ont les yeux fatigués d'un ado au réveil. Ils ont mis 44 heures et 58 minutes pour traverser la Méditerranée. C'est un exploit. Ils sont beaux comme des explorateurs.