Il avait 16 ans au moment des faits en 2019. La victime était venue vendre de la drogue à Marseille dans les quartiers nord, mais ne dépendait pas d'un réseau installé. Séquestré et torturé pendant 24h, il était ensuite conduit à l'hôpital. L'un de ses tortionnaires a été condamné à dix ans de prison ferme ce mercredi.
Ce mercredi, l'un des tortionnaires, aujourd'hui âgé de 20 ans mais mineur à l'époque des faits, a été condamné à dix ans de prison ferme.
L'adolescent avait été sauvagement lynché, coupable d'être venu vendre sans autorisation quelques barrettes de shit dans une cité de Marseille.
L'avocate générale, Marie-Laure Ferrier, avait requis 12 ans de réclusion contre l'accusé, reconnu coupable par la cour d'assises des mineurs des Bouches-du-Rhône d'enlèvement et de séquestration accompagnée de tortures et d'actes de barbarie. Quatre majeurs seront prochainement jugés dans ce dossier.
Rappel des faits
La jeune victime, âgée de 16 ans, avait fugué d'un foyer de l'aide sociale à l'enfance de Chartres (Eure-et-Loir) où elle était placée pour venir à Marseille, pour venir "travailler" dans la drogue, une fausse idée d'argent facile véhiculée par les réseaux sociaux.
Le projet avait tourné court très rapidement. En août 2019, dénoncé par un guetteur alors qu'il tentait d'écouler de la drogue dans la cité Félix-Pyat à Marseille 3e, l'adolescent était emmené de force dans un local désaffecté.
Séquestré, il sera alors torturé pendant 24 heures, frappé à coups de pied, de poing, de barre de fer, attaché nu sur une chaise. Ses geôliers lui infligent de nombreuses et très graves brûlures avec des cigarettes, lui occasionnant une quarantaine de cicatrices. "Deux grands m'ont brûlé les parties génitales. Je pense que c'était un chalumeau car j'avais les yeux bandés. Je sentais de l'air et un gros feu, je hurlais de douleur", avait-il raconté aux policiers.
Il sera finalement libéré par des jeunes habitants de la cité et conduit à l'hôpital.
"Peur et loi du silence"
L'accusé mineur, jugé seul depuis une semaine, avait été désigné par la victime comme un des jeunes qui lui avait asséné des coups de barre de fer et l'avait contraint à sniffer de la cocaïne. Mais c'était "quelqu'un de lambda, pas un chef", avait précisé l'adolescent torturé.
Tout au long de l'instruction et à l'instar de la plupart des autres impliqués, l'accusé a nié toute participation aux faits. Parmi les accusés, un seul a reconnu avoir porté des coups de pied et de poing. Et surtout, il a toujours contesté être agressif: "Même une mouche je la tue pas, même un cafard j'ai peur", avait-il dit au juge d'instruction.
La cour d'assises lui a accordé l'excuse de minorité, qui réduit à 20 ans de réclusion le maximum de la peine encourue pour de tels faits, au lieu de la réclusion criminelle à perpétuité. Son avocat, Me Philippe Jacquemin, avait plaidé l'acquittement au bénéfice du doute.
"On est sur un dossier subjectif, avec une reconnaissance de mon client à deux reprises par la partie civile, quelqu'un qui a subi des choses atroces. Mais vu le monde présent lors des faits, il s'est trompé", a-t-il redit à l'issue du verdict.
A l'inverse, pour l'avocat de la victime, Me Xavier Torre, "ce verdict est aussi un message adressé à ces quartiers où règnent la peur et la loi du silence. Il faut alerter les autorités lorsqu'il s'y passe quelque chose de grave".
Avec AFP.