Le tribunal correctionnel de Marseille a condamné, ce jeudi 24 octobre, un cordonnier à deux ans de prison, dont un avec sursis et 10.000 euros d'amende. Il dissimulait dans des semelles de basket du cannabis destiné à des prisonniers.
Alors que le vendredi 18 octobre, deux députés des Bouches-du-Rhône se sont présentés à la maison d'arrêt de Luynes (Bouches-du-Rhône) pour un état des lieux et comprendre pourquoi et comment arrivent en prison, téléphones et drogues normalement interdits. Une condamnation vient éclairer un des dispositifs ingénieux mis en place. Un cordonnier dissimulait du cannabis dans les semelles des baskets destinés aux prisonniers. Il a été condamné ce jeudi 24 octobre à deux ans de prison, dont un avec sursis et 10.000 euros d'amende par le tribunal correctionnel de Marseille.
Des livraisons à Luynes, Avignon et Tarascon
En janvier 2020, une enquête lancée sur la base d'une dénonciation anonyme avait permis d'établir des liens téléphoniques entre le cordonnier marseillais et des détenus incarcérés à Aix-Luynes, Tarascon (Bouches-du-Rhône) et Avignon-Le Pontet (Vaucluse) d'où ils lui passaient commande de baskets truffées de cannabis, parfois de cartes téléphoniques. La saisie d'une de ces paires à la maison d'arrêt de Luynes avait permis d'établir que chaque chaussure pouvait contenir jusqu'à 100 grammes de résine de cannabis.
Près de 70 euros pour une paire de basket
Au total, entre janvier et juin 2020, 5 kg de cannabis avaient pu être introduits en prison, selon les enquêteurs, des chiffres contestés par la défense. Le cordonnier, âgé de 62 ans au moment des faits, a reconnu avoir trafiqué une dizaine de paires et disait être rémunéré 70 euros. "On l'avait convaincu qu'en prison, les détenus avaient besoin de stupéfiants pour tenir le coup et il a accepté dans un esprit de commerce bien sûr, mais aussi de serviabilité", selon son défenseur Me Julien Blot. En revanche, le cordonnier aurait renoncé à introduire un couteau en céramique même si, sur une écoute, on l'entend dire que "cela ne rentre pas dans du 40".
Les chaussures étaient introduites lors des parloirs
Les chaussures et la drogue étaient remises au cordonnier par la compagne ou un ami du détenu puis introduites lors de parloirs. Deux femmes et un homme qui ont avoué leur rôle d'intermédiaire ont été condamnés à douze mois de prison avec sursis pour elles et huit mois avec sursis pour lui.
Condamné à trois ans de prison assortis d'un mandat de dépôt et une amende de 5.000 euros, un des détenus en lien avec le cordonnier a contesté se livrer à un trafic en détention, niant que les deux feuilles de comptes saisies dans sa cellule lui appartenaient. Un autre détenu qui purgeait une peine pour trafic de stupéfiants a assuré avoir été contraint par d'autres prisonniers du centre de détention de Tarascon. Deux autres prévenus, clients du cordonnier, ont eux été condamnés à un et trois ans de prison.