Le ministère de la Justice demande une inspection du centre pénitentiaire d'Aix-Luynes, près d'Aix-en-Provence, après la mort d'un mineur de 15 et d'un chauffeur VTC de 36 ans à Marseille sur fond de violences liées à un détenu de la prison se revendiquant du gang DZ Mafia.
"Je souhaite savoir pourquoi tout cela s'est passé". Le garde des Sceaux Didier Migaud a annoncé mercredi 9 octobre qu'une inspection va être diligentée sur le fonctionnement du centre pénitentiaire d'Aix-Luynes, après la mort d'un mineur de 15 et d'un chauffeur VTC de 36 ans à Marseille, impliquant un détenu de 23 ans se revendiquant de la DZ Mafia, sur fond de trafic de stupéfiants. "J'ai décidé d'une inspection confiée à l'Inspection générale de la justice concernant le fonctionnement de ce centre pénitentiaire", a indiqué le ministre, interpellé par la sénatrice Marie-Arlette Carlotti (PS) lors de la séance de questions au gouvernement.
"Il est évident que la poursuite d'activités criminelles depuis la détention n'est pas admissible", a ajouté Didier Migaud, assurant vouloir poursuivre la lutte contre la circulation "d'objets illicites en prison".
FO demande un "bagage X" en quartier d'isolement
"On a l'habitude des effets d'annonce", a réagi Jessy Zagari, "Il est préoccupant que le ministre soit surpris" de tels faits, estime le délégué de FO Pénitentiaire, qui précise que le détenu en question était en quartier d'isolement, alors que le syndicat dénonce depuis des années "la banalisation de la découverte de téléphones portables." "Les surveillants d'Aix-Luynes se sentent découragés, ajoute-t-il, la direction locale ne semble même plus poursuivre disciplinairement les détenus" en possession de téléphones. Le syndicat alerte depuis plusieurs mois les "lacunes sécuritaires" et demande l'installation en quartier d'isolement d'un bagage X comme dans les aéroports, passer aux rayons les affaires des détenus, et découvrir les téléphones, mais aussi les armes.
Drones, projections depuis l'extérieur, parloirs, complicités... les moyens de se procurer des téléphones et des armes sont nombreuses et les détenus ne manquent pas d'imagination pour tromper les contrôles. Pour le syndicaliste, fouiller correctement les cellules chargées d'affaires des presque 1500 détenus d'Aix-Luynes, c'est impossible. "Un agent qui doit fouiller la cellule, il va le faire en un quart d'heure parce qu'il a énormément de tâches à effectuer, et ça ne suffit pas, pour une fouille, il faudrait plusieurs agents sur plusieurs heures".
Le 2 octobre dernier, un adolescent marseillais de 15 ans a été "lardé de 50 coups de couteau" et "brûlé vif", alors qu'il effectuait un contrat pour lequel un détenu de Luynes l'avait été recruté via les réseaux sociaux. Deux jours plus tard, un homme de 36 ans a été victime collatérale d'une guerre entre gangs, abattu d'une balle dans la tête par un tueur à gages de 14 ans, recruté par le même détenu pour venger la mort du jeune de 15 ans.
Le ministre de la Justice bientôt à Marseille
Le ministre a également indiqué son intention de se "rendre prochainement" dans la cité phocéenne, une visite qu'il effectuera conjointement avec le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. Il a en outre assuré que l'examen de la proposition de loi "visant à sortir la France du piège du narcotrafic", déposée au Sénat en juillet, était "seulement reporté".
"Je souhaite, comme vous, que nous puissions, avant la fin de l'année, débattre de cette proposition", a-t-il assuré, précisant que ce temps lui permettra d'"expertiser" toutes les mesures prévues par le texte.