À Marseille, le meurtre d'un chauffeur de VTC, ce vendredi 4 octobre, par un suspect âgé de 14 ans, fait la une de l'actualité. Le meurtre aurait été commandité depuis une prison. Qui sont ces mineurs désormais prêts à tuer pour le trafic de drogue ?
Depuis ce vendredi 4 octobre, un homme d’une trentaine d’années a été abattu de plusieurs balles au volant de sa voiture à Marseille. Le suspect aurait agi après l'appel d'un homme indiquant être le commanditaire du crime depuis sa cellule et a indiqué où se trouvait l'auteur des tirs.
Le profil du suspect de ce meurtre glace le sang : un adolescent âgé de seulement 14 ans. Et il semblerait que ce type de profil se multiplie dans les affaires de narchomicides. 60% des mis en examen pour les assassinats et tentatives d'assassinat liés au trafic de drogue ont entre 14 et 21 ans, révèlent les journalistes de Complément d'enquête sur France 2.
Sur le terrain, les acteurs confirment également l'implication croissante de très jeunes mineurs dans les narchomicides : "À Marseille, nous avons connu des années noires lorsque Francis le Belge, par exemple, sévissait. C'étaient des hommes d'une quarantaine d'années. Désormais, on voit de plus en plus de mineurs dans ces affaires", déclare Rudy Manna, porte-parole national du syndicat Alliance Police et ancien secrétaire départemental des Bouches-du-Rhône. Il lie la présence de jeunes dans les faits de narchomicides à un rabaissement général de l'âge dans le trafic : "Il y a 20 ans, les têtes de réseaux de stupéfiants étaient âgées de 30 à 35 ans. Désormais, ce sont des jeunes de 16 à 25 ans".
Des jeunes vulnérables et précaires
Outre leurs jeunes âges, ces tueurs à gages ont un autre point commun : leur grande vulnérabilité. Issus de l'aide sociale à l'enfance, de familles défavorisées ou mineurs non accompagnés, la plupart vivent dans le dénuement et la précarité : "Ils sont vulnérables, malléables, sans repères et appâtés par le gain. Ils sont pris dans un piège comme dans la prostitution", décrit Bruno Bartocetti, responsable du syndicat SGP Police.
"Ces jeunes sont utilisés comme du trafic d'êtres humains", abonde Rudy Mana.
Souvent engagés comme petites mains du trafic, ils aspirent à monter la hiérarchie en effectuant des missions de plus en plus dangereuses à l'instar de tueurs à gage. Ils se caractérisent également par leur grande mobilité : "Beaucoup sont de la région parisienne et viennent quelques mois pour chouffer (Guetteur posté à un point de vente de drogue et chargé d'alerter lors l'arrivée de la police NDLR) et sont tout de suite pris dans le trafic, endettés. C'est un engrenage", poursuit Bruno Bartocetti.
"Ils ne savent plus fonctionner autrement"
Comment sont-ils repérés par les têtes de réseau ? Là encore, le mode opératoire est varié : "Cela peut se passer sur les réseaux sociaux, mais également dans leur cercle. Pour beaucoup d'entre eux, il suffit de sortir de son bâtiment pour tomber sur un recruteur. Ce sont leurs seuls repères. Ils n'ont pas d'autres issues, ils ne savent plus fonctionner autrement", analyse Bruno Bartocetti.
Leur jeunesse permet pareillement de les influencer facilement. De plus, il est plus compliqué pour la police de les identifier, ce qui en fait des exécuteurs en or pour les trafiquants : "Lorsqu'ils n'ont pas un passé lourd, c'est compliqué pour la police de mettre la main dessus", rapporte le syndicaliste.
Ils coûtent aussi moins cher jusqu'à moins de 10 000 euros pour une mission de tueurs à gage, au lieu de 80 000 euros lorsque l'exécutant est plus âgé.
Jeunes, ils le resteront jusqu'à la fin. "Dans ces milieux, l'espérance de vie est de 25 ans. Il n'y a plus de règles, chacun veut prendre sa place dans ce système..." soupire Bruno Bartocetti.