Les fortes chaleurs enregistrées ces dernières semaines mettent à rude épreuve les écoliers marseillais. Plus de 30°C en classe et souvent pas d'ombre où s'abriter dans la cour de récré.
A Marseille, certains élèves attendent le début des vacances le 7 juillet avec plus d'impatience qu'ailleurs. Par endroit, le thermomètre affiche plus de de 30°C dans les classes.
Dans une maternelle du 4e arrondissement, l'institutrice a relevé 34°C en classe. Une insupportable étuve. Dans le dortoir des tout-petits, exposés plein sud, seuls des rideaux protègent du soleil.
La classe, dans une école à la structure métallique, connaît des "problèmes d'isolation autour des fenêtres et sur les murs", selon le rapport du dernier conseil d'école. La situation est tout aussi difficile pendant les mois d'hiver. "Il y fait tellement froid qu'on a apporté nous-même un chauffage d'appoint", signale l'enseignante.
Plan de rénovation et travaux d'urgence
Dans cette école du quartier populaire des Chutes-Lavie, la précédente municipalité a "par erreur" fait scier le seul arbre de la cour. "On n'a plus du tout d'ombre. A part asperger les enfants d'eau quand il fait très chaud, on n'a pas de solution", témoigne anonymement la directrice, soumise au devoir de réserve. Elle a demande l'installation de toiles d'ombrage. Une demande restée sans réponse depuis des mois.
Comme cet établissement du 4e arrondissement, un tiers des écoles marseillaises sont de "véritables passoires thermiques" reconnaît la mairie sur son site. La municipalité de gauche de Benoît Payan, élue en juillet 2020, a hérité de plus de 20 ans d'incurie de la majorité précédente de droite, qui avait délaissé les écoles publiques.
Dans l'école, où sont scolarisés les enfants de Cécile Baron, membre du collectif des écoles marseillaises, les parents d'élèves "ont fini par les acheter eux-mêmes, les toiles". "Les enfants se sentaient tellement mal dans la cour qu'il y avait des vomissements", explique-t-elle.
Une autre représentante de parents d'élèves, Séverine Gil, affirme que "des gamins qui en tombant sur le goudron très chaud se sont gravement brûlés". Elle s'inquiète surtout pour les plus petits, "qui ne savent pas gérer la chaleur, boire régulièrement par exemple".
Il devient "impossible de continuer à apprendre dans certaines classes", ajoute la maman. Conséquence : une déscolarisation "de plus en plus tôt dans l'année".
"Chaque année, à Marseille, nos élus découvrent qu'en été, il fait chaud et qu’en hiver, il fait froid. Mais malgré cela, toujours pas de clim ou de ventilateur dans les écoles. Les enfants ne vont plus à l'école, la discrimination territoriale existe !", dénonce Akim Mimoun, fondateur de la Fédération de la Mixité de France.
"Le plan de rénovation des écoles est très bien, avec des projets de désimperméabilisation des sols par exemple, mais ça concerne trop peu d'établissements et dans trop longtemps", regrette Mme Gil, demandant "des solutions d'urgence".
Le municipalité de gauche a qualifié d'"historique" son projet de rénovation des écoles, financé par l'État à hauteur de 400 millions d'euros.
Des ventilateurs et des tuyaux d'arrosage
Mais les syndicats et les parents d'élèves demandent des "travaux en urgence" dans les écoles non concernées par le plan.
L'adjoint au maire en charge des écoles, Pierre-Marie Ganozzi, lui-même enseignant, a assuré "équiper en ventilateurs et en tuyaux d'arrosage" les crèches et écoles les plus en difficulté. "Notre priorité des priorités, ce sont les classes en algecos non climatisées, dans lesquelles la température est démente".
L'élu promet à la rentrée un vote en conseil municipal pour installer des préaux, "pas contre la pluie mais contre le soleil, avec des systèmes de bâches rétractables, pour les écoles qui n'ont pas d'arbres".
Face à des étés de plus en plus précoces et caniculaires, la directrice de l'école des Chutes-Lavie estime pour sa part qu'il faudrait sans doute aussi "réfléchir au calendrier scolaire". La date officielle des congés d'été est le 7 juillet.
Comme pour donner raison à cette enseignante, depuis le 17 juin, les élèves de primaires et collèges ont été autorisés à rester chez eux dans les 12 départements placés en alerte rouge canicule par Météo France.