Ils racontent leur rage, l'incompréhension en face d'eux, leur avis sur les policiers. Quatre jeunes marseillais s'expriment sur les émeutes auxquelles ils participent.
Marseille s'est embrasée. Incendies et affrontements entre bandes de jeunes et forces de l'ordre se sont déroulés toute la soirée de samedi, notamment au bas de la Canebière. Le jeune Nahel est mort mardi à 17 ans. Marseille et Lyon sont considérées comme les deux villes les plus touchées par les émeutes.
"Je suis là pour casser, pour voler pour montrer mon ressenti, pour faire comprendre à ma façon parce que si on leur parle ils ne nous écoutent pas, si on leur montre, ils ne nous écoutent pas," raconte Riyad, un casseur de 20 ans. "Si ça n'avait pas été filmé, personne n'aurait connu la réelle raison de sa mort."
Les journalistes de France 3 Provence-Alpes, Maroine Jit et Laure Bourgoin-Gardner ont passé une partie de la soirée de samedi aux alentours de la Canebière pour interviewer ces jeunes. Des casseurs qui ne viennent pas que des quartiers Nord, mais aussi du centre-ville de Marseille ou des arrondissements alentour.
"Là, les enfants de 17 ans sont en train de faire n'importe quoi mais ils ne veulent pas faire ça," selon Farid, 35 ans,"c'est parce qu'on ne leur donne rien. Alors nous, ça ne nous fait pas plaisir de casser, mais ils ne nous entendent que comme ça."
Le renfort massif de CRS, du GIGN, du Raid et de 2 hélicoptères de la gendarmerie n'a pas suffi à faire baisser la tension. Cette jeunesse se dit trop en colère et attend des gestes forts de la part du gouvernement, notamment une meilleure formation des policiers.
" Qu'on donne à ces policiers-là des armes, des grenades de désencerclement, des trucs pour tuer à des gens qui n'ont même pas d'exercices pour la gestion du stress," critique Sabri, un casseur de 24 ans.
"Que le policier soit incarcéré et qu'après il y ait plus d'ouverture même sur d'anciens dossiers où il y a eu des morts et c'est encore flou, encore vague, on ne sait pas vraiment ce qui s'est passé, renchérit Riyad, 20 ans."
D'autres adolescents sur place sont venus apporter leur soutien à Nahel de manière pacifique et ne comprennent pas les casseurs.
"Je ne cautionne ni la mort du petit ni les actes commis. Pour moi c'est un acte de lâcheté, ce sont des opportunistes qui viennent pour tout casser," commente Hacil, 18 ans, étudiant en classe préparatoire, "Je ne pensais pas que la mort de Nahel impliquerait forcément de tels dégâts. Casser des abribus etc, ils vont le payer avec leurs impôts et c'est dommage."
Dejlloul a 16 ans, il est lycéen et ne comprend pas non plus les motivations de ces émeutes."Ce sont des choses qui ne devraient pas arriver. Normalement, on doit laisser la justice régler ça et on manifeste dans le calme complet, dans la sérénité complète.
La nuit de samedi à dimanche a été plus calme que la précédente, surtout en centre-ville, très probablement à cause des renforts des forces de l'ordre.