Enquête : à Marseille, le jackpot des marchands de sommeil grâce aux allocations logements

Une enquête de La Marseillaise révèle le business des "cafistes", ces propriétaires qui louent des logements, souvent à la limite de l'insalubrité, récupérant au passage les allocations de leurs locataires. Photos, chiffres, enregistrements, le système est mis à jour -et à mal- par le journal.

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Un studio à Saint-Jérôme, des appartements insalubres au Parc Corot dans le 13ème arrondissement ou à la cité des Rosiers dans le 14ème... L’enquête publiée mercredi 3 avril par le journal La Marseillaise épingle la location de logements de différents quartiers de Marseille.
 

Pendant plus quinze jours le journaliste de La Marseillaise David Coquille a enquêté sur l’enrichissement de propriétaires, des "cafistes" dans le jargon immobilier. Ces investisseurs dans des logements souvent insalubres, les louent en récupérant les allocations logements de leurs locataires.

"Nous avons appris ça un peu au hasard grâce à une personne qui voulait acheter un petit studio et qui n'a pas voulu intégrer ce système pourtant rentable pour les investisseurs", indique Frédéric Durand, directeur exécutif de La Marseillaise.
 

Se faire passer pour des acheteurs potentiels

Après avoir recoupé les informations, visité des quartiers et rencontré des locataires, les journalistes se sont fait passer pour des acheteurs potentiels.

"Nous avons fait notre travail d'alerte, nous avons voulu tirer la sonnette d'alarme. Nous devions faire la démonstration que cela existe et non l'affirmer sans réelle enquête", explique Frédéric Durand.

Pour une somme de 25.000 à 35.000 euros, des appartements sont ainsi proposés à la vente, "locataires compris". Sur les annonces, la mention "CAF" est même inscrite. 

"Les propriétaires de ces logements se font directement payer par la Caf. Ils n'ont même plus besoin de se rendre sur place et de juger de l'état de l'appartement", selon le journaliste.

Des enregistrements de marchands de sommeil 

Pour étayer leur enquête, des enregistrements d’un couple de marchands de sommeil, loueur de 13 studios de 10 m², chacun à 350 euros, à proximité du conseil départemental, ont notamment été réalisés.

Dans la conversation, la propriétaire décrit la clientèle choisie pour ses différents appartements. Elle évoque aussi dans l'enregistrement suivant "avoir mis une plaque de cuisson" ou que "la CAF a exigé deux points d'eau dans le logement". 
 
"C’est un système rodé, un vrai business. Du côté des investisseurs, c’est un taux de rentabilité de 10 à 18 % garanti. C'est une exploitation consciente de la misère", explique Frédéric Durand.
 

Une combine assumée par un agent immobilier

Durant leur enquête, les journalistes de La Marseillaise ont également mis en avant le "rôle important" de l'agent immobilier dans la combine. 

"L’agent immobilier est spécialisé dans ce type de logement. Lors des échanges avec notre journaliste, il n'a pas hésité à sortir le grand jeu et surtout évoquer la rentabilité de ces appartements", dit Frédéric Durand.

Maintenant que l'enquête a été publiée, le directeur exécutif de La Marseillaise espère "la construction de logements sociaux pour éteindre le marché. Et puis, comme la loi Elan a renforcé les textes sur le logement, peut-être que les marchands de sommeil seront plus sévèrement punis".

 
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