Dans les Bouches-du-Rhône, le mistral sévit depuis plusieurs jours faisant baisser fortement les températures. Premières victimes des caprices de la météo, les sans-abris. A Marseille, des associations leur apportent un peu de chaleur.
Dans les Bouches-du-Rhône, placées ce vendredi en vigilance jaune pour vent violent, le mistral et ses bourrasques glaciales ont balayé la douceur et l'insouciance. A Marseille, où sont recensés plus de 15 000 sans-abris, les bénévoles des associations ont repris leur bâton de pèlerin pour aller à la rencontre de ces grands exclus exposés à des températures hivernales.
"Quand on serre leurs mains, ce sont des glaçons, témoigne Daniel Jacquin. C'est inhumain ce qu'ils peuvent avoir froid, les pauvres gars." Le président de l'association On se gèle dehors, créée en 2015, est allé ces derniers jours à la rencontre de ses "anciens", pour s'assurer qu'ils tenaient le choc. Parmi eux, Karim, 47 ans, "le plus ancien SDF du monde !", explique Daniel. Livré à la rue depuis dix ans. "On ne sait pas comment il est encore en vivant, beaucoup meurent, usés par la dureté des conditions de vie."
Des vêtements chauds et secs
Dany, comme l'appellent ses camarades de l'association, invite chaque citoyen à agir en période de froid :
"Si vous voyez une personne dormir sous un carton, dans une voiture ou un hall d'immeuble, apportez-lui une couverture, un bonnet, des gants ou des chaussettes... Un petit geste peut lui sauver la vie."
Daniel Jacquin , président de l'association "On se gèle dehors"à France 3 Provence Alpes
"Nous manquons d'argent, couvertures, duvets et tentes qui coûtent une fortune", raconte Dany. "On voudrait pouvoir leur fournir des tentes isothermes très efficaces, qui font gagner 10 degrés de chaleur mais c'est hors de prix pour notre maigre budget." Mais il se réjouit malgré tout : "Tant qu'il ne pleut pas tout va bien, sinon il faut leur apporter de quoi se changer."
C'est ainsi que l'association organise des maraudes tous les samedis matins. Rendez-vous dès 8 h 30 aux Réformés (1er arr.) en haut de La Canebière. Les bénévoles parcourent le quartier, en tirant derrière eux de grosses valises remplies de produits pour les sans abris : alimentation ou vêtements. Dons et coups de mains sont les bienvenus.
De la soupe, pour réchauffer les corps et les cœurs
Sonia, elle, s'est mise aux fourneaux il y a quelques années. L'hiver, elle cuisine pour les sans-abris des soupes orientales, l'harira et la chorba, "des préparations épicées et consistantes qui tiennent au corps." Deux à trois fois par mois, cette agent SNCF concocte deux marmites de 16 litres de soupe et fait sa tournée. Point de départ : le dépose-minute de la gare Saint-Charles. Ensuite, elle part sillonner les 6e et 8e arrondissement, jusqu'à ce que ses casseroles soient vides. "Avec ce froid, je culpabilise de ne pas être sur le terrain. J'attends mon prochain jour de congés pour leur préparer quelque chose de chaud." Sonia finance son action grâce à ses deniers personnels et quelques dons de ses proches. Le 25 janvier elle organisera un grand couscous pour ses habitués.
Des tapis pour isoler du sol
Des soupes de poisson pour les plus démunis, Mathieu Ferreira en prépare régulièrement avec son association les Pêcheurs du cœur à partir du fruit de sa pêche. La prochaine distribution à Marseille est programmée en février avec le collectif les Taxis de l'espoir.
Mais Mathieu Ferreira a surtout eu une idée de recyclage solidaire qui intéresse de très nombreuses associations. A partir de vieilles combinaisons de plongée, il fabrique des tapis de sols en néoprène qui ont pu être distribués à des sans-abris, pour leur permettre de se couper du froid au sol. "Nous n'avons pu en produire que 35, explique Mathieu Ferreira, ainsi que 35 coussins, mais nous avons reçu des appels et des combinaisons de toute la France, et même de l'étranger !"
Face aux besoins de l'hiver, son équipe de bénévoles en appelle à la mairie de Marseille, pour trouver un local, ce qui permettrait de développer le concept et d'accueillir une petite chaine de production dès l'automne 2023. L'objectif est de répondre le plus largement possible aux besoins, sachant que la population des sans abris reste très difficile à estimer avec précision.
D'ailleurs, une initiative nationale La Nuit de la solidarité invite les bénévoles à participer au recensement des personnes et des besoins. A Marseille, ce sera le 26 janvier 2023.
Les associations cherchent des dons et des bénévoles, pour les contacter :
On se gèle dehors 07 85 57 33 76 et Les pêcheurs du cœur pecheursducoeur@hotmail.com