Fusillades à Marseille : comment éviter l'engrenage des "vendettas" de la drogue ?

Renforts policiers, "pilonnage" des points de deal, arrestations... les autorités affichent leur détermination face aux trafics de drogue qui ensanglantent Marseille, mais reconnaissent craindre un engrenage qui pourrait se poursuivre encore longtemps.

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"Sur mon instruction, la CRS 8 sera déployée à Marseille dans les prochaines heures afin de renforcer encore l'action résolue de la préfecture de police" des Bouches-du-Rhône, a tweeté lundi soir le ministre de l'intérieur Gérald Darmanin, après une nouvelle série de fusillades qui a fait trois morts, dont un ado de 16 ans, et huit blessés, dans la nuit de dimanche à lundi.

Mais l'annonce même du déploiement de cette unité spécialisée dans les violences urbaines illustre l'étendue et la répétition du problème : elle avait déjà été envoyée à Marseille fin février, après une première série de règlements de comptes.

Car les conflits de territoire entre trafiquants sont en train de virer à la "vendetta", selon la préfète de police Frédérique Camilleri et la procureure de Marseille Dominique Laurens. Cette dernière évoque même un "bain de sang" qui s'accélère - déjà 14 morts depuis le début de l'année, après 32 pour tout 2022 - et "va se poursuivre les mois à venir."

Certes, la répression suit, avec 31 personnes déjà mises en examen depuis le début de l'année, et quelque 500 informations judiciaires en cours pour criminalité organisée, avec 450 personnes en détention provisoire. Le 14 mars, c'est 300 000 euros et une vingtaine d'armes qui ont été saisis, a détaillé lundi la procureure.

Mais si "renforcer les effectifs de police est de toute évidence important, pour autant ce n'est pas suffisant", estime Yannick Ohanessian, adjoint (PS) au maire de Marseille chargé de la sécurité. "L'effort doit porter d'avantage sur la police judiciaire, avec des moyens pour remonter les filières mafieuses de ces trafics internationaux, s'attaquer à la racine du mal, se donner les moyens de les taper au portefeuille", dit-il.

"Histoire de patrons"

"C'est un business qui dépasse l'entendement. Un seul point de deal peut rapporter 50 000 euros par jour, et il y a des gains faciles qui peuvent attirer certains jeunes", qui dans certains foyers rapportent ainsi de l'argent pour le loyer, poursuit l'élu.

"Le pilonnage (descentes sur les points de deal, NDLR), c'est de l'affichage", et l'important est de "s'attaquer aux structures des réseaux" dont les responsables sont installés à l'étranger, abonde un enquêteur de la PJ marseillaise, sous couvert d'anonymat.

Gérald Darmanin a rappelé lundi que "11 officiers de police judiciaire (supplémentaires) arriveront d'ici septembre" à Marseille. Et si le renforcement des moyens accordés à la police ou la justice dans la ville est reconnu, certains doutent que cela suffise. D'autant que le projet de réforme de la PJ porté par le ministre est critiqué comme risquant d'affaiblir la lutte contre la criminalité organisée.

La procureure Laurens elle-même avait fait part en septembre de sa "préoccupation".

Or, ce sont bien les conflits dans la grande délinquance qui, par ricochet, ensanglantent les cités. "Ce doit être une histoire entre patrons, entre grands grossistes, rien à voir avec les jeunes", estimait ainsi un jeune homme lundi, sur les lieux d'une de ces fusillades mortelles, en refusant de donner son nom, par "peur". Se présentant comme l'ami de l'adolescent tué, il reconnaissait avoir, comme lui, fait le guetteur, pour "trouver son argent."

Sébastien Delogu, député LFI de la circonscription où se sont produites les deux autres fusillades, dénonce lui "l'abandon" des quartiers Nord de Marseille et le "mépris" du gouvernement. "Il faut que l'État se réengage massivement dans l'éducation, la santé, la sûreté et la justice. Nous sommes des citoyens à part entière !", a-t-il écrit sur Twitter.

Une "réponse globale" que nombre d'acteurs appellent de leurs vœux.

Une réunion de travail mardi 4 avril avec la procureure et M. Ohanessian a abordé à la fois la "présence accrue des forces de l'ordre dans les cités, les enquêtes sur les commanditaires et le renforcement des actions de prévention", selon la préfète Camilleri.

(avec AFP)

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