Grippe aviaire : dans le Vaucluse, la progression du virus inquiètent les éleveurs

Le département du Vaucluse sera-t-il lui aussi touché par l’épidémie de grippe aviaire qui sévit dans le sud-ouest ? Situé dans un couloir d’oiseaux migrateurs à cause du Rhône, le département fait partie des régions à risque. Un confinement des volailles a été imposé début novembre dans toute la France.

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Les restrictions de la préfecture de Vaucluse du mois de novembre dernier n'ont rien changé.

Les volailles de Denis Surgey à Saint-Saturnin-Lès-Apt continuent à sortir. "On nous demande d’enfermer nos volailles, c’est le seul moyen de les protéger et de ne pas retomber dans les abattages massifs des années précédentes, visiblement ça ne fonctionne pas." 

Denis Surgey sort ses volailles plus tard dans la journée. Il reste attentif quand elles sont dehors pour ne pas mettre en danger ses consommateurs et ses volailles.

Dans 226 communes du sud des Landes, ouest du Gers et Nord des Pyrénées-Atlantiques, il ne devra plus y avoir un seul gallinacé en vie d’ici jeudi. Un million de volailles vont être abattues de façon préventive afin d’endiguer le virus de la grippe aviaire.

Le virus est arrivé en Europe par voie aérienne, transporté par des oiseaux migrateurs qui circulent entre l’Asie et l’Afrique. Denis Surgey, lui n’a jamais vu un oiseau migrateur se poser près de son élevage.

"Il n’y a pas eu de migrateurs morts dans le département, non plus !"

Denis Surgey

Denis Surgey tente de comprendre le phénomène de contamination.

D’après le professeur Guérin, spécialisé en élevage et pathologie aviaire, le virus serait en suspension dans l’air.

Dans les élevages en batterie même si aujourd’hui les hangars sont ventilés pour éviter trop de CO2 et d’ammoniaque, la promiscuité des volailles fait que le virus reste à l’intérieur du bâtiment. "Si j’enferme mes volailles, je risque d’en perdre énormément."

Denis Surgey a 2.000 volailles dans le Lubéron et peut monter jusqu'à 3.500. L’année dernière, il a perdu plus de 400 volailles et il a peur que de revivre le même cauchemar. Les volailles rustiques ne sont pas adaptées pour la claustration.

"On a des risques de piquage et de cannibalisme." 

"Je n’ai pas les moyens de perdre de l’argent comme ça. J’ai perdu entre douze et quinze mille euros de perte l’an dernier."       

Il s’occupe de son exploitation à temps plein et il élève que des volailles bio. L’élevage en plein air n’est pas la cause de la diffusion du virus selon lui.

Denis Surgey compare la grippe aviaire à l’épidémie de Coronavirus qui sévit depuis presque deux ans dans le monde. "Quand on est dans une pièce enfermée et très nombreux, on a plus de chance d’être infecté que quand on est à l’extérieur. C'est comme le covid." 

Personne n’entre dans son exploitation : "Je ne comprends pas comment je peux être touché par la grippe aviaire."

Dans le Vaucluse, les élevages sont éloignés des uns des autres. "Nous ne prenons vraiment pas de risques. Dans le sud, les exploitations sont très rapprochées."

Chez Denis Surgey, ses volailles ne quittent pas l’exploitation agricole. Le poussin arrive quand il vient d’éclore et il ne sort de l’exploitation qu'une fois abattu.

Il n’y a pas de déplacements d’animaux, ni de transport. Les risques de contaminations sont quasi inexistants.

Je fais du bio mais avec des volailles enfermées.

Denis Surgey

Dans les rayons, on continue à avoir des ventes d’œufs ou de volailles avec un étiquetage "plein air. "Vous achetez des volailles étiquetées avec un mode de production qui ne correspond pas, c’est duper les consommateurs."

Les certifications BIO ne veulent plus rien dire pour Denis Surgey et il se demande s’il va les maintenir.

Chaque année, il paye un organisme certifié qui vient faire le tour de son élevage, pour valider sa façon de travailler. Laisser ses volailles en plein air est l’une des conditions pour être éleveur BIO.

Aujourd’hui, Denis Surgey ne voit plus aucun intérêt à son métier s’il ne peut plus sortir ses volailles. 

Des éleveurs de plus en plus isolés depuis 2015

"On est en train de tuer les éleveurs parce que beaucoup vont mettre la clef sous la porte. Ce n’est pas possible parce que là on est parti pour sept mois chaque année avec des volailles enfermées."

Une gestion de la crise et un arrêté préfectoral inadapté selon Denis Surgey et d'autres agriculteurs de la région. Dans le département, les premières mises en demeure de la préfecture viennent de tomber.

Les éleveurs ont 15 jours pour se mettre en conformité sinon ils devront payer 750 euros d'amende par volaille. Se mettre en conformité signifie mettre des filets pour les volailles, et laisser un parcours qui avait été autorisé sur l’arrêté : 1/2 mètre carré par volaille.

"On va un peu loin, j'ai 2000 volailles sur le site en permanence, cela veut dire un million cinq cent mille euros d’amende. C'est démesuré !" s’insurge Denis Surgey.

"J’ai rencontré les députés de la région Adrien Morenas et Julien Aubert pour leur expliquer la situation." Ils devraient intervenir auprès du ministre de l’Agriculture Julien Denormandie en février.

Avec la confédération paysanne, ils ont fait aussi un recours devant le Conseil d’État fin novembre. L'arrêté qui a été pris, nous dit Denis Surgey,"ne fait pas de distinction entre les différentes zones, départements et élevages." Il souhaiterait un arrêté plus nuancé. 

Pour Hélène Bertrand, porte-parole de la confédération paysanne, les petits éleveurs de la région trinquent. Ils subissent les conséquences indirect des départements les plus touchés.

 "En six ans c’est la 4e vague. On sait que le confinement des volailles n’est pas la solution. On impose aux petits élevages des restrictions inadaptées", explique Hélène Bertrand.

Pour la porte-parole de la confédération paysanne les éleveurs "sont en danger dans leur production", pris par un "métier très prenant et stressant, et là on leur impose des normes qui n’ont aucun sens."

"Depuis des années, les éleveurs se sont mis aux normes demandées et sont régulièrement contrôlés", insiste Hélène Bertrand. 

"Ils ont des contrôles vétérinaires suffisamment précis pour pas qu’il y ait de l’eau extérieure et ne pas favoriser la venue des oiseaux migrateurs. On ne comprend pas la position de ces mesures sur des élevages qui ne sont pas concernés."  

Hélène Bertrand propose de vacciner tous les gallinacés. Une option actuellement interdite dans l’Union européenne.  

Selon les derniers chiffres du ministère, la France compte 231 foyers de grippe aviaire. 2,5 millions d’animaux ont été euthanasiés depuis fin novembre.

Environ 1,2 million de volailles ont déjà été abattues parce qu’elles étaient infectées ou de façon préventive.             

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