TEMOIGNAGE. Guerre en Ukraine : cinq jours de voyage pour se réfugier à Marseille

Après un long voyage pour fuir les bombardements russes en Ukraine, Olena, Anna et leurs enfants ont été accueillis à Marseille. C'est Iana, ukrainienne installée dans la cité phocéenne depuis cinq ans, qui leur a ouvert sa porte.

"Je ne peux pas le croire. C'est un cauchemar et j'espère que je vais me réveiller". Olena ne retient pas ses larmes. Cette jeune ukrainienne est arrivée à Marseille dans la nuit du 28 février au 1er mars, après un voyage de cinq jours depuis Kherson à travers la Pologne et l'Allemagne pour fuir les bombes. 

"Il y a ma maman encore là-bas, ma belle-maman (...) Je n’ai pas pu prendre mes animaux, ils sont toujours dans l’appartement. Je ne sais pas si ma mère les nourrit", glisse-t-elle effondrée.

Comme elle, deux autres femmes ont quitté leur pays et laissé leur compagnon pour protéger leurs enfants. Elles ont été recueillies chez Iana Samchuk et son époux, un couple d'Ukrainiens résidant dans un appartement du quartier Saint-Loup à Marseille depuis cinq ans.

"Elles sont très fatiguées, mais soulagées d'arriver ici en sécurité", traduit Iana. 

Olena n'envisage pas de retourner en Ukraine, même si son mari y est toujours. "Il n'y a plus ma maison, plus ma ville, tout est détruit".

"Ma fille ne mérite pas cette vie, lâche-t-elle, entre deux sanglots. Elle veut étudier. Elle aime danser. Elle a tout quitté. Je ne peux pas comprendre pourquoi tout ça arrive à ma fille et à d’autres enfants".

La fille d'OIena joue avec un petit garçon. C'est Maksim, le fils d'Anna. Ils ont fui Loutsk, au nord-ouest de l'Ukraine, une des premières villes bombardées par la Russie. 

Anna se remémore la nuit où tout a basculé. La première bombe à 4h du matin.

"Je ne l'ai pas cru au début". Et puis les bombes ont continué. "J'ai eu une peur énorme. J'ai couru dehors avec le petit, en pyjama. On est allé directement au sous-sol. Beaucoup de femmes faisaient la même chose que moi".

Son mari, médecin, s'est mobilisé auprès du commissariat militaire. "Il a pris tout son équipement médical pour que tout soit prêt au cas où. Il aide pour défendre la ville et construire les barricades contre les Russes".

Anna pense à sa grand-mère de 94 ans, restée là-bas. Même à Marseille, elle reçoit toujours les messages d'alerte sur son téléphone pour se mettre au sous-sol. "J’imagine ma grand-mère… Je suis  toujours très inquiète".

J’ai toujours pensé que la voie diplomatique, c’était la voie pour résoudre les problèmes au XXIe siècle.

Anna, réfugiée ukrainienne

La situation est "irréelle" pour cette jeune femme issue de l'Académie diplomatique d'Ukraine. "J’ai toujours pensé que la voie diplomatique, c’était la voie pour résoudre les problèmes au XXI siècle et donc c’était irréel. Jusqu’à maintenant, on ne peut pas croire que c’est la vraie vie". 

"A la guerre comme à la guerre"

Iana n'a pas hésité avant d'accueillir ces femmes chez elle. "À la guerre comme à la guerre. Je ne me suis pas posé cette question. On va accueillir tout le monde. Même si je dois mettre des matelas au salon, arrivez tous ! Il faut sauver nos enfants".  

Le petit quand il est arrivé, il a dit : 'pourquoi on tire sur moi ? j’ai été très sage, je n'ai rien fait de mal'.

Iana Samchuk

Les attaques russes ont beaucoup surpris Iana. "Tout le monde savait que les troupes russes étaient autour de l’Ukraine. Mais on croyait que c’était seulement le Donbass qui était visé. Oui ça fait peur, c’est horrible, mais c’est loin de nous... Mais quand il y a eu les bombardements à Loutsk, c’était irréel.

"Il y a des civils, personne ne parle russe, ou presque. Pourquoi envahir tout le pays ? Pourquoi combattre à l'autre bout de l'Ukraine ?" 

Iana ne cache pas son opinion sur Vladimir Poutine et son attaque de l'Ukraine : "Si quelqu’un vous dit : 'je sais ce que pense Vladimir Poutine', c’est un charlatan. On ne peut jamais savoir ce que pense cet homme. Il n’écoute pas la diplomatie, il n’écoute pas les menaces. Il n’écoute pas même les plus grands pays du monde. C’est le peuple qui peut se réveiller et dire : 'arrêtez de tuer nos enfants'".  

À Marseille, la solidarité s'organise. L'association Solidarité Ukraine prépare l'accueil de nombreux réfugiés. 130 Ukrainiens sont attendus à Marseille d'ici vendredi. De nombreux autres convois doivent suivre. 

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