La Grotte Cosquer à la Villa Méditerranée a attiré plus de 300.000 personnes depuis son ouverture en juin. Le nouveau lieu culturel de Marseille est épinglé ce mercredi par le Canard Enchaîné. L'hebdomadaire pointe l'inaccessibilité de la célèbre réplique pour les personnes à mobilité réduite.
La reconstitution de la grotte préhistorique Cosquer a fait surface en juin dernier, à la Villa Méditerranée, à Marseille. En trois mois, plus de 300.000 personnes se sont aventurées sous les 37 mètres de profondeur de ce patrimoine provençal.
Parmi eux, 1 % de ces visiteurs sont des personnes en situation de handicap physique. "L’ensemble des espaces du site est accessible aux personnes à mobilité réduite", peut-on lire sur le site internet Cosquer Méditerranée. Vraiment ?
Seules les personnes en fauteuil roulant capables de se lever seules pour s'installer dans une des embarcations menant à cette "exploration unique en son genre", peuvent observer pendant 35 minutes la reconstitution de cette fameuse grotte enfouie sous terre.
Pour les autres, elles ont le droit à une "alternative" : une visite de la réplique sur un écran, commentée en français. Mais au plein tarif de 16 €, comme les valides qui accèdent à la grotte souterraine.
Des tarifs réduits... en discussion
"Nous prévoyons de mettre des tarifs réduits. Cela sera discuté avec la délégation du service public et sera mis en place courant octobre, normalement", se justifie Gabriel Beraha, responsable de la médiation scientifique et culturelle de Cosquer Méditerranée.
"On avait imaginé recevoir tout type de handicap", précise-t-il. Un pari qui ne semble pas tout à fait réussi.
Le responsable explique toutefois que le bâtiment est entièrement aménagé pour recevoir les personnes en fauteuil roulant, pouvant utiliser les ascenseurs du troisième étage au troisième sous-sol.
D'un point de vue sécurité, s'il y a un incendie, ce sera plus lent lors de l'évacuation.
Gabriel Beraha, responsable Cosquer Méditerranée
Une question de sécurité
Selon Gabriel Beraha, il est compliqué, voire impossible, de permettre aux personnes non-autonomes en fauteuil roulant de visiter la grotte souterraine.
"D'un point de vue sécurité, s'il y a un incendie, ce sera plus lent lors de l'évacuation." Il existe toutefois deux modules pour les personnes à mobilité réduite, mais qui sont capables de se déplacer sans fauteuil.
D'autant que la visite est minutée. "Si on met un peu plus de temps, cela peut avoir un impact sur les 200 personnes derrière", ajoute-t-il.
C'est discriminatoire.
Marc Honnorat, Directeur APF 13
Marc Honnorat, directeur de l'Association des paralysés de France (APF) dans les Bouches-du-Rhône, découvre à cette occasion le manque d'accessibilité du nouveau lieu emblématique de la cité phocéenne. "C'est discriminatoire", réagit-il.
"L'accessibilité est un frein pour beaucoup de personnes", précise-t-il.
Le plus gros problème, selon lui, c'est celui des abords du site, difficilement accessible à pied pour les personnes à mobilité réduite.
"J'ai quelques adhérents qui ne sont pas encore allés, mais qui en ont envie. Ils ne savent pas comment s'y rendre."
Un an avant l'ouverture du site au public, en juin 2021, le magazine Yanous spécialisé dans le handicap avait déjà alerté sur le concept du projet qui laissait de côté une partie des visiteurs handicapés.