Sa scolarité a été un enfer. Un peu trop différente des autres, un peu trop attirée par les élèves toxiques, Tessae sombre petit à petit. L'élève du 12e arrondissement de Marseille apaise ses angoisses avec la musique. Encore fragile, elle est aujourd'hui rappeuse et reconnue.
Le malaise commence dès l'école primaire. Tessae se décrit comme "différente des autres".
Un peu trop gamine, un peu trop timide, un peu trop fragile.
Tessae
"Je ne savais pas me défendre, je riais quand d'autres enfants m'embêtaient. C'était plus simple de s'en prendre à moi qu'à quelqu'un d'autre,", ajoute-t-elle.
On l'attaque sur son physique, on l'enferme dans les toilettes pour l'observer en groupe, on la frappe, on crée de faux profils sur Internet pour l'inciter à se suicider.
L'état de l'adolescente empire, elle développe une phobie sociale. À la période du lycée, elle est déscolarisée.
"C'est mon corps qui m'a fait comprendre que quelque chose n'allait pas. Du jour au lendemain, j'ai fait des crises de panique, de plus en plus fréquentes (...) Mon corps me faisait fuir l'école."
"J'ai eu une période où je suis entrée en forte dépression. J'ai commencé à me faire suivre à l'hôpital, je me suis rendu compte que j'avais un souci.
Après, par chance, j'ai pu être prise en charge et aidée pour passer par-dessus."
Elle parle de son parcours parce que d'autres jeunes se suicident à cause du harcèlement scolaire.
Elle publie un livre. "Frôler les murs", chez JCLattes, collection La Grenade.
Un témoignage poignant et engagé, où la jeune fille invite les harcelés à sortir du silence, de la honte et de l’isolement.
"Écrire est une thérapie", dit-on. Mais le refuge de cette jeune fille, depuis l'enfance, est la musique. Quand elle l'écoute, elle repousse le harcèlement à distance.
C'est avec cette musique que le cauchemar devient conte de fées. Ou conte de Booba plus exactement. Il organise un concours de rap et Tessae le gagne (ce qui déclenche chez elle des crises de panique, on ne se refait pas).
La jeune femme chante avec Booba devant 40.000 personnes au festival We Love Green en 2019. Et sa carrière décolle.
Elle chante aussi vite qu'elle parle. Tessae, baptisée Tessa par ses parents, a beaucoup d'histoires à raconter. Des histoires lourdes, d'une petite fille "un peu bizarre peut-être." Des chansons qu'elle écrit d'une traite.