Six "cadres" d'associations de supporters de l'Olympique de Marseille ont comparu ce lundi pour leur responsabilité dans les incidents survenus le 30 janvier dernier au centre d'entraînement du club. Des peines de prison ferme ont été prononcées par le Tribunal Correctionnel de Marseille.
Des peines allant jusqu'à un an de prison ferme ont été prononcées lundi contre quatre meneurs de groupes de supporters de l'Olympique de Marseille pour leur responsabilité dans les incidents fin janvier au centre d'entraînement du club.
Parmi eux Rachid Zeroual, leader des South Winners, et Christophe Bourguignon, Président des Commandos Ultras 84, écopent de neuf mois de prison dont cinq avec sursis. Des peines conformes au réquisitoire du procureur, pour qui "la responsabilité des organisateurs est aussi importante que celle des casseurs".
"Je suis la bête noire, ils essayent de nous faire baisser les bras, mais je n'ai rien à me reprocher, je ne suis pas rentré dans la Commanderie", s'insurge Rachid Zeroual à la sortie de l'audience.
"J'essaye d'en faire un groupe de supporters, pas un gang", s'est-il défendu à la barre. Jugés pour "participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences", les responsables de clubs de supporters ou encore "capo" chargé de mettre l'ambiance dans les stades, avaient pris soin d'éviter tout signe visible de soutien au club bleu azur de la cité phocéenne en revêtant jeans et sweat-shirts.
Trois d'entre eux étaient également poursuivis pour des dégradations et des "violences avec usage ou menace d'une arme".
Le trésorier des Marseille Trop Puissant écope de la peine la plus dure, un an de prison ferme. Il avait été interpellé à l'interieur de la Commanderie avec des fumigènes. Le chargé de communication des South Winners lui, a été condamné à dix mois avec sursis.
Aucun des condamnés n'a été incarcéré, ils devront porter un bracelet électronique. Enfin, les deux derniers prévenus ont été relaxés par le Tribunal.
"Tout a été organisé pour que ça déborde"
Rachid Zeroual, déjà condamné pour des "violences aggravées en réunion", a nié avoir attisé la colère des supporters expliquant au contraire avoir "insisté" lors d'une réunion "pour que ça se passe pacifiquement".
"Je me suis senti trahi", a expliqué le quinquagénaire qui se déplace avec des béquilles, reconnaissant auprès de la présidente du tribunal Nathalie Marty que le "rôle d'un président est de montrer l'exemple".
Le leader des South Winners évoque "l'effet Covid" et l'interdiction des supporters dans les stades pour raison sanitaire comme explication aux violences et fustige "la fermeture des grilles" du centre d'entraînement.
"Tout a été organisé pour que ça déborde", dénonce M. Zeroual, assurant que les responsables du club étaient au courant de leur venue -- ce qu'a confirmé l'avocat de l'OM.
Le 30 janvier, quelque 300 supporters, échauffés par une succession de résultats sportifs décevants, s'étaient massés devant les grilles du centre d'entraînement de La Commanderie pour notamment demander le départ du président du club de l'époque, Jacques-Henri Eyraud, évincé depuis.
87.000 euros de dégradations
Des pétards, feux d'artifice et fumigènes avaient été lancés dans l'enceinte et une partie des supporters avaient pénétré dans le centre jusqu'aux vestiaires. Des vitres avaient été brisées et des voitures avaient également été dégradées, a rappelé la présidente Nathalie Marty.
Le coût des dégradations a été estimé par le club à "au moins 87.000 euros".
Christophe Bourguignon, 49 ans, président des Ultras (CU84), également poursuivi, a tenté lundi de minimiser son rôle. Président? "C'est juste sur le papier", réplique-t-il à la barre. L'homme qui s'est fait tatouer "Ultra" dans le cou, a reconnu être présent devant la Commanderie mais a nié avoir pénétré à l'intérieur.
12 supporters condamnés
"C'est vrai que j'ai fait l'idiot", dit à son tour, embarrassé, le "capo" des Marseille trop puissant (MTP), un autre club de supporters.
"Vous semblez avoir une certaine influence au sein du groupe", relève la présidente du tribunal en évoquant des images le montrant le jour des faits lever les bras pour demander à des supporters de se taire.
Le secrétaire chargé de la communication des South Winners, employé en CDD à la métropole Aix-Marseille-Provence dans un service de lutte contre les dégradations a également reconnu être présent.
Il avait été vu véhément sur les caméras installées aux abords du centre d'entraînement du club. Le 24 février, onze supporters arrêtés au moment des faits avaient été condamnés à six mois de prison avec sursis, et un douzième, déjà connu de la justice pour des vols, à trois mois ferme. Deux relaxes avaient également été prononcées.