RECIT. "On a vu du sang sortir de la tête de Grosso" : la soirée où OM-OL a plongé le foot en plein cauchemar

L'entraîneur de l'Olympique Lyonnais le visage ensanglanté : l'image a choqué tous ceux qui attendaient cet OM-OL au stade Vélodrome dimanche soir et qui ont vu la rencontre annulée. Retour sur les quelques heures qui ont fait basculer cette soirée de Ligue 1 à Marseille.

L'OM-OL, le fameux derby olympien, l'Olympico, 10ᵉ journée de Ligue 1, allait se jouer à guichets fermés devant 65 000 spectateurs ce dimanche 29 octobre au stade Vélodrome. La bataille sportive et prometteuse, devait avoir lieu sur le terrain, mais c'est dans la ville qu'elle s'est jouée et ce bien avant le coup d'envoi. En chemin, les bus lyonnais de l'équipe et des supporters sont tombés sur des casseurs qui les ont pris pour cibles, les bombardant de projectiles. Le coach de l'Olympique Lyonnais, Fabio Grosso et son adjoint ont été blessés, ce qui a poussé les autorités à reporter la rencontre. Récit de ces quelques heures d'avant-match qui ont fait basculer cette soirée de football dans la violence.

18h45 : le bus des joueurs et du staff de l’OL visé par des projectiles sur le chemin du stade

Peu avant 19h, le car transportant les joueurs et le staff de l'OL arrive au carrefour des boulevards Sainte-Marguerite et Schloesing, à 300m du Stade Vélodrome, escorté par la police. Le convoi ralentit et plusieurs dizaines d'individus cagoulés l'attaquent à coups de projectiles divers et de pétards.
Des vitres du bus volent en éclat et un objet atteint à la tête l'entraîneur, Fabio Grosso, tandis que son adjoint Raffaele Longo est, lui aussi, bléssé. "On a vu du sang sortir de la tête de Grosso, a expliqué John Textor, le président de l’OL, au micro diffuseur Prime Vidéo après l’annonce de l’annulation du match. " Il n’était pas bien. Je n’ai pas réussi à avoir une conversation avec lui", a affirmé le dirigeant américain, décrivant l'entraîneur blessé comme "confus" et "incohérent".

Un comité d'accueil guette aussi les 600 supporteurs qui ont fait le déplacement au départ de Bron, autorisés par la préfecture des Bouches-du-Rhône après plusieurs années d'interdiction. C'est ainsi que s'ensuit une seconde attaque de deux cars de supporteurs. L'embuscade a lieu à hauteur d'un bar bondé aux abords du stade.

"C'est par radio qu’on a appris que le bus des joueurs avait été caillassé. Les services de police nous ont sommés d’arrêter le bus. On a attendu un peu moins d’une heure, et quand on a enfin repris le chemin du stade, ça a été le début de caillassage du premier des quatre bus partis de la région Rhône-Alpes" raconte le chauffeur au journal Le Progrès. 

19 heures : le bus de l'équipe entre dans le stade 

Le car des joueurs de l'OL pénètre à l'intérieur du Vélodrome. Fabio Grosso en descend, le visage couvert de sang, avant d'être pris en charge par les équipes médicales du stade et les pompiers.

Le car est stationné à une centaine de mètres de la pelouse. Des images montrent la fenêtre avant-droite entièrement détruite. Du même côté du véhicule, une autre fenêtre a cassé, mais le double vitrage a semble-t-il résisté. La préfète de police de Marseille, Frédérique Camilleri évoquera plus tard l'hypothèse de "canettes de bière pleines" lancées sur le bus par les agresseurs.

19h30 : une réunion de crise s'improvise au stade Vélodrome

Les dirigeants des deux clubs et des représentants de la LFP, sous la houlette de la préfète de police et des forces de l’ordre, se réunissent. Ils doivent statuer sur la suite à donner et se prononcer sur le maintien de la rencontre. Le club lyonnais fait part à l'arbitre François Letexier de son souhait ne pas participer au match, au regard de l'état de santé de l'entraîneur et de son assistant ainsi que de l'état de choc dans lequel trouvaient les joueurs. Le staff de l'OL fait alors établir des certificats médicaux.

Au même moment, à l'extérieur du stade, des témoins rapportent que certains supporteurs lyonnais sont descendus de leur car pour essayer d'en découdre avec des supporters marseillais. Selon les confidences d'une source proche du dossier à franceinfo, cinq supporters lyonnais ont été blessés dans ces échauffourées. 

20 heures : les premiers supporteurs lyonnais arrivent dans le parcage

Pendant ce temps, alors que l'incertitude plane sur la tenue de la rencontre, le stade commence à se remplir et dans les deux virages, les principaux groupes de supporters marseillais sont déjà en place.
Vers 20 heures, les supporters lyonnais arrivent dans le parcage qui leur est réservé et la tension monte d'un cran. Certains fans des Gones tentent d'escalader les grillages, brandissant des drapeaux français, allant jusqu'à faire des mimiques de singes et des saluts nazis. L'OL a depuis condamné "fermement" ces "inacceptables comportements racistes", 

Les joueurs des deux équipes restent aux vestiaires et n'entrent pas sur la pelouse pour s'échauffer. Les spéculations vont bon train. Sur les réseaux sociaux, on assiste à des réactions en chaîne, unanimes pour condamner ces actes, la première sur X étant celle du maire de Marseille Benoit Payan : "Le sport ce n'est pas ça, le foot ce n'est pas ça. "

De nouvelles images de Grosso, visage ensanglanté et gros bandage autour du crâne commencent à circuler.

20h40 : la LFP siffle la fin du suspense

Mettant fin à une attente longue et fébrile, la décision de la Ligue de Football Professionnel tombe à quelques minutes du coup d'envoi : la rencontre entre les deux équipes olympiennes est reportée et le match n'aura pas lieu. L'information s'affiche sur les écrans géants du stade.

Les joueurs de l'OL et leur staff font leur entrée sur le terrain, "tenant à saluer les supporteurs " lyonnais.

Dans la foulée, la communication se met en place en zone presse, au rez-de-chaussée du Vélodrome. Face aux journalistes s’exprime l'indignation générale. Les prises de parole s'enchaînent. C'est Pablo Longoria, le président de l'OM, qui ouvre la conférence de presse avec ces mots pour Fabio Grosso, "quelqu'un que je respecte et que je connais depuis longtemps". Le dirigeant espagnol se dit "en colère" et "dégoûté", "qu'un groupe d'inconscients gâche une fête du foot pour 65.000 personnes". "Inadmissible", conclut-il.

Tandis que les forces de l'ordre mettent en place le plan d'évacuation des supporteurs marseillais et lyonnais ainsi que des joueurs, Frédérique Camilleri pointe pour sa part "une poignée d'inconscients, d'irresponsables " et annonce les premières interpellations. Lundi matin, la préfecture de police fera état de neuf arrestations et de blessures légères pour cinq policiers.
Les premiers supporteurs quittent le stade vers 21 heures sans incidents. Le bus de l'Olympique Lyonnais devra attendre deux heures avant de pouvoir prendre la route du retour.

Ce lundi, la tension a quitté le stade, mais l'agitation règne désormais dans les coulisses du football, et jusqu'au sommet de l'État. Le club lyonnais a annoncé son intention de porter plaine. L'OM devrait lui emboîter le pas. La Commission des Compétitions se réunira jeudi pour trancher quant au report de cet OM-OL, selon Arnaud Rouger, directeur général de la LFP. Un match qui pourrait, cette fois, se jouer à huis clos.

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