Au lendemain des incidents qui ont conduit à l'annulation du match entre l'Olympique de Marseille et l'Olympique Lyonnais, dimanche soir, se pose la question de la responsabilité du club marseillais.
Le visage de Fabio Grosso en sang, des vitres de brisées, les graves incidents survenus dimanche soir à Marseille avant la rencontre entre l'OM et l'OL se sont soldés par l'annulation de la rencontre de Ligue 1 au Vélodrome. Neuf interpellations, et d'autres suivront, a annoncé de son côté le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, pointant par ailleurs la responsabilité du club marseillais.
Interrogée par France 2 à ce sujet, la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, a elle aussi affirmé que "s’il est établi qu’il y a des supporters impliqués et que les rôles et les responsabilités permettent de l’établir de manière très claire, les clubs ne peuvent pas se désintéresser de cela, les associations de supporters non plus, la Ligue non plus".
Mais pour Pierre Barthélémy, avocat au barreau de Paris, spécialisé dans le supportérisme, l'OM ne peut être tenu pour responsable de ces agissements, qui se sont produits hors du stade Vélodrome.
Une rencontre classée à haut risque
C'est un peu avant 19h, dimanche, que des individus ont jeté des bouteilles de verre sur le bus lyonnais à son arrivée proximité du stade. L'entraîneur Fabien Grosso et son adjoint Raffaele Longo ont été atteints au visage par des bris de vitres. Fabio Grosso a dû recevoir 12 points de suture. Six autres bus de supporters lyonnais ont également été visés peu après et d'autres incidents se sont produits dans la soirée, se soldant par cinq blessés du côté des forces de l'ordre et neuf supporters interpellés, toujours en garde à vue ce lundi.
La rencontre avait été classée au niveau 4, le niveau de risque le plus haut, par la division nationale de lutte contre le hooliganisme, en raison des incidents qui avaient émaillé les précédentes rencontres entre les deux clubs. "500 policiers et gendarmes avaient été mobilisés" pour encadrer les bus de supporteurs, a rappelé Gérald Darmanin. pour qui il n'y a eu aucune défaillance de la part des autorités. "C'est au club de gérer ses supporters", a-t-il affirmé.
L'OM peut-il être jugé responsable juridiquement et disciplinairement de ce qu'il s'est passé ? Et donc sanctionnable ? Les faits s'étant déroulés sur la voie publique, hors de la responsabilité de l'OM et de ses stadiers, le club n'est théoriquement pas condamnable, selon les règlements de la LFP. Ce que confirme Me Pierre Barthélémy, "ce serait une première et ce serait probablement contestable". "Ce serait contraire à la jurisprudence disciplinaire et la jurisprudence du conseil d’Etat", assure l'avocat, spécialiste du supportérisme.
Sanctionner le club ou interdire les supporters marseillais de déplacement n'aurait selon lui pas de sens.
La seule sanction qui est légitime et qui peut marcher, c’est la sanction individuelle.
Me Pierre Barthélémy, avocat spécialiste du supportérismeFrance 3 Provence-Alpes
"Quand on décide de commettre un délit, de s’en prendre à l’intégrité physique de joueurs ou supporters adverses, il faut en assumer les conséquences pénales et être traduire devant la justice", note Me Barthélémy, et pour lui, cela appelle des "sanctions très lourdes".
En désaccord avec vous @DanielRiolo.
— Pierre B. (@Pierre_B_y) October 30, 2023
Hors présence de supporters lyonnais, ces quelques abrutis auraient quand même attaqué l'autocar des joueurs.
Plus largement, dans un Etat de droit, nous avons le devoir de permettre aux citoyen de jouir de la liberté d'aller et de venir. pic.twitter.com/ajgbi5sAoW
Des actes de délinquance isolés
Pour Me Barthélémy, ces faits sont très graves et méritent "toute l'attention médiatique", mais il n'y voit pas une montée de la violence dans les stades. Les incidents à Marseille, comme le jet de pétard à Montpellier, restent le plus souvent des "actes isolés". C'est "de la délinquance d’opportunité de quelques personnes qui n’ont pas leurs places à un match de football." L'avocat rappelle que sur 13 millions d’entrées dans les stades de Ligue 1 et Ligue 2 par saison, on compte en moyenne 700 interpellations.
Un point de vue que semble partager la préfète de police de Marseille, Frédérique Camilleri, qui a indiqué dimanche soir que les incidents étaient le fait d"une poignée d'inconscients irresponsables".
Des sanctions pour des gestes haineux
D'autres comportements choquants ont marqué la soirée à Marseille. Dans le parcage visiteurs du Vélodrome, des supporters lyonnais ont été filmés en train d'entonner des chants racistes, de faire des mimiques de singes et même des saluts nazis. Des vidéos relayées sur les réseaux sociaux.
Selon l'Equipe, des hooligans lyonnais interdits de Groupama Stadium pourraient figurer parmi les auteurs. "Il faudrait que la justice identifie, interpelle et interdise de stade les supporters qui ont eu ces comportements racistes et haineux", estime Me Barthélémy. L'Olympique lyonnais a condamné, ce lundi, ces "inacceptables comportements racistes" en tribunes, mais le club devra en répondre. "Il n’y a pas trop de doute que le club sera sanctionné par la commission de discipline de la Ligue", estime Me Barthélémy. Une amende, une fermeture de tribune à l’extérieur ou à domicile, un retrait de points avec sursis ou ferme par exemple, il existe tout un panel de sanctions.
🗞️ Dans l'Equipe du jour, @Serguei écrit la phrase suivante :
— LePetitOM (@LePetitOM) October 30, 2023
" Des hooligans lyonnais interdits de Groupama Stadium pourraient figurer parmi les auteurs de ces gestes. "
Comment un mec interdit de stade localement peut il faire un déplacement dans un autre ???🤔🤔 pic.twitter.com/ayjXcUVoYD
La ministre des Sports a déploré, lundi, sur France 2, "des signes racistes" qui incarnent "ce que l'on ne veut pas voir" dans des stades en France. La Ligue de football professionnel a quant à elle saisi la commission de discipline, selon Le Parisien.