Témoignage. Incidents OM-OL : "Je suis entouré de fachos", un supporter lyonnais lassé des comportements racistes raconte sa soirée dans le parcage

Publié le Écrit par Julien Mauplat

Un supporter lyonnais présent en parcage au Vélodrome, dimanche 29 octobre, a constaté toute la soirée de nombreux propos et comportements racistes à ses côtés. Il confie à France 3 Provence Alpes son ras-le-bol, face à des paroles et des actes qui se répètent.

Il est aux alentours de 22h, dimanche 29 octobre, quand Benoit* (35 ans) contacte France 3 Provence Alpes. Il est dans le parcage lyonnais du Stade Vélodrome, et attend de rentrer chez lui après le report du match OM-OL. "Je suis entouré de fachos donc je ne suis pas très serein" écrit-il rempli d'inquiétude.

Dimanche soir, alors que Fabio Grosso vient de recevoir des bris de verre au visage et que la rencontre est sur le point d'être annulée, l'ambiance monte d'un cran dans les tribunes. Au-delà des échanges de politesse habituels, certains supporters lyonnais ont proféré des insultes racistes. Plusieurs vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des individus faisant des mimiques de singe, saluts nazis. Benoit a constaté ces comportements racistes, pas nouveaux et pas vraiment isolés, selon lui. 

"Musulmans de merde"

Il est 20 heures passé quand Benoît figure tant bien que mal parmi les 50 premiers supporters autorisés à entrer dans le parcage lyonnais. "Il y a eu une grande bronca venant de tout le stade", mais jusqu'ici tout va bien. Immédiatement, ses collègues supporters foncent sur le filet qui sépare la tribune Jean Bouin du virage nord dans l'enceinte du boulevard Michelet.

"Les gens devant moi ont tous sorti des drapeaux français en masse, avec leurs cartes d'identités et leurs passeports, détaille-t-il. On ne parle pas d'une ou deux personnes, mais au moins des dizaines. Les insultes comme "musulmans de merde" fusaient dans tous les sens. Ce n'est pas un simple amour de la France, ils se cachent derrière leur patriotisme mais ces gens considèrent que les Marseillais qui sont noirs ou arabes ne sont pas français."

Royalistes et extrême-droite parmi les supporters

C'est le début d'une longue soirée de débordements racistes. Plus tard, "quand il restait 1000 à 2000 personnes dans le stade, témoigne Benoît, un supporter a traversé la pelouse pour venir nous affronter. La sécurité l'a intercepté, et quelqu'un a lancé : tiens voilà un bougnoule de moins."

Même à l'heure de quitter le parcage, une fois que les forces de l'ordre l'ont permis vers 23h30, "un groupe d'une trentaine de personnes ont chanté pendant 20 secondes : bleu, blanc, rouge, la France aux français." Parmi les drapeaux tricolores brandis dans le parcage, Benoît a vu certains d'entre eux décorés de fleurs de lys, symbole utilisé par les mouvements royalistes.

Un drapeau "Mezza Lyon" a également été aperçu parmi les lyonnais. Il s'agit d'un groupuscule d'extrême droite interdit d'entrer dans l'enceinte du Parc OL, à Décines, mais encore aperçu en déplacement parmi les Rhodaniens. Les membres de ce mouvement avaient notamment posé il y a quelques années leur banderole sur le cercueil du dictateur italien Benito Mussolini.

"Ce n'est pas une minorité"

Ce supporter lyonnais a effectué de nombreux déplacements avec ces individus depuis 2017. Déjà témoin de débordements, il insiste sur un point : "Ces gens ne constituent qu'une petite partie des supporters, mais il y a un noyau dur d'environ 150 personnes d'extrême droite. Ce n'est pas une minorité, mais un groupe conséquent."

Un groupe conséquent selon ses mots, qui pousse Benoit à ne pas intervenir. "Je ne peux pas aller les confronter ou leur demander d'arrêter, sinon je vais me faire casser la gueule" estime le Lyonnais. Le club rhodanien a condamné ces actes, dans un communiqué publié dans la matinée du 30 octobre. La Ligue de Football Professionnel a quant à elle assuré se saisir des agissements constatés en tribunes.

*Le prénom a été modifié.

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