Trulicity, Ozempic, Victoza... Des traitements contre le diabète sont détournés comme coupe-faim pour maigrir. Des personnes utilisent de fausses ordonnances pour se le faire prescrire.
“Le grossiste n’en a pas, le labo n’en livre pas, pour l’instant, ils sont en rupture de stock”. Au téléphone, Valérie De Lécluse, pharmacienne, présidente du syndicat des pharmaciens des Bouches-du-Rhône, annonce à une patiente diabétique de type 2 que le médicament qu'elle a l'habitude de prendre n’est plus disponible.
“Vous avez quelqu'un qui est stressé parce qu’elle sait que ça va faire une rupture dans son traitement”, explique la pharmacienne, qui ne peut plus commander de stock et reçoit des doses au compte-goutte.
Un effet coupe-faim
Trulicity, Ozempic, Victoza... Ces traitements contre le diabète sont très prisés pour être détournés, en raison de leur effet coupe-faim. Sur les réseaux sociaux, notamment sur TikTok, des non-diabétiques en font la promotion.
Le diabète étant reconnu comme une affection longue durée, ces remèdes sont remboursés à 100% par l’assurance maladie. Chaque stylo injecteur coûte une centaine d'euros à la CPAM.
À l’Assistance Publique - Hôpitaux de Marseille (AP-HM), Cécile Fezzi, endocrinologue, a porté plainte à trois reprises, après avoir découvert certaines de ses prescriptions falsifiées.
“Depuis août, je reçois environ cinq appels par jour de pharmacie pour des ordonnances en mon nom, de patients que je n’ai jamais vus, qui sont de fausses ordonnances”, relate-t-elle. Les appels proviennent de pharmacies marseillaises, mais aussi d’Occitanie ou des Alpes-maritimes. Le phénomène est national.
Risque d'AVC pour certains patients
À tel point que l’agence nationale du médicament a demandé aux médecins de ne plus prescrire ces molécules à de nouveaux patients, afin que ceux qui suivent historiquement ces traitements puissent continuer à en bénéficier.
“Il y a plein d’autres médicaments qui peuvent abaisser la glycémie, mais pour le risque d’AVC, l’Ozempic, c’est le seul qui a fait la preuve d’un bénéfice, sur le fait de ne pas faire d’AVC. Si un patient diabétique a déjà fait un AVC ne pas initier l’Ozempic, c’est quand même une perte de chance pour sa santé”, regrette Cécile Fezzi.
En France, les autorités sanitaires estiment que plus de 2000 personnes utilisent ces médicaments, alors qu’ils ne sont pas diabétiques. Un traitement coupe-faim qui peut en outre provoquer des affections gastro-intestinales sévères. Selon les laboratoires, la pénurie devrait se prolonger au moins jusqu’à l’été 2024.