Deux entraîneurs du Pôle France de gymnastique de Marseille accusés de harcèlement moral par cinq jeunes filles seront jugés vendredi 31 mars. Cette discipline sportive, comme d'autres, est secouée par de nombreux scandales.
Brimades, remarques sur le poids, moqueries... Deux entraîneurs du Pôle France de gymnastique de Marseille seront jugés vendredi 31 mars pour harcèlement moral sur cinq jeunes filles, toutes mineures au moment des faits. Sur le banc des prévenus, Vincent Pateau, directeur technique du Pôle France et Pierre Ettel, ex-entraîneur du Pôle aujourd'hui responsable d'une structure de formation pour éducateurs sportifs. Ce dernier est quant à lui mis en cause par une seule de ces plaignantes. Les deux hommes seront jugés séparément, leurs cas n'ayant pas été joints par la justice.
"Il n'y a que M. Pateau et Ettel qui seront jugés, mais c'est le pôle dans son ensemble et d'autres entraîneurs qui ont été mis en cause" pendant l'enquête, assure Anne-Laure Rousset, l'avocate des plaignantes.
Les faits qui sont reprochés aux deux entraîneurs - qui n'ont pas souhaité s'exprimer avant leurs procès - s'étalent sur plusieurs années. Les jeunes filles qui les accusent n'ont pas toutes évolué au Pôle France au même moment, mais décrivent les mêmes brimades, exercices humiliants, blessures comme les fameux "steaks" quand la chair des mains est à vif à force de frottements, régimes drastiques ou encore remarques blessantes sur leur poids.
C'est le départ du Pôle d'une des jeunes plaignantes, puis les témoignages d'autres parents ensuite recueillis par sa mère, qui évolue elle-même dans le milieu de la gymnastique, qui a abouti au dépôt des plaintes, en 2021, après un premier signalement qui n'avait pas eu de suites auparavant.
Multiplication des scandales
Le contexte, et notamment l'attention grandissante portée aux souffrances des sportifs ou les scandales qui se multiplient dans le monde de la gymnastique, ont aussi aidé à cette prise de parole, selon Me Rousset.
"Toutes avaient ce rêve olympique, et elles avaient toutes conscience qu'il faut être poussé dans ses retranchements pour réussir, mais elles ont pris conscience que ça allait trop loin et qu'il ne fallait pas que d'autres gymnastes aient à subir ce qu'elles avaient subi", assure l'avocate.
Depuis quelques années, la gymnastique mondiale est secouée par des affaires, dont la plus retentissante a éclaté autour de Larry Nassar, du nom de l'ex-médecin de l'équipe américaine.
En 2018, cet ancien ostéopathe et thérapeute a été reconnu coupable d'avoir agressé sexuellement au moins 265 gymnastes de haut niveau et a été condamné à des peines cumulées d'au moins 140 ans de prison.
Depuis cette affaire sans commune mesure, des gymnastes du monde entier ont pris la parole pour dénoncer des pratiques abusives, mettant au jour une culture toxique au sein de leur discipline.
En janvier par exemple, la directrice technique de l'équipe nationale italienne de gymnastique rythmique Emanuela Maccarani a été suspendue par sa fédération, quelques mois après les témoignages de plusieurs ex-gymnastes dénonçant des pressions et humiliations liées à leur régime alimentaire et leur poids.
Ces affaires de maltraitance ont pris une telle ampleur que la Fédération internationale de gymnastique s'est dotée d'un nouveau code de conduite en juin pour protéger les gymnastes contre les pratiques abusives.
En France, une autre structure d'entraînement de gymnastique féminine similaire à celle de Marseille, le Pôle France de Saint-Etienne, a été récemment au coeur d'une enquête sur des viols et agressions sexuelles commis dans les années 1980 et 1990. Du fait de l'âge avancé du suspect, 80 ans, et de son état de santé, l'enquête a été classée.