Journée internationale pour les droits des femmes : ces quatre figures qui jalonnent l'histoire du féminisme à Marseille

Margaux Mazellier, dans son livre "Marseille trop puissante" raconte " 50 ans de féminisme dans la ville la plus rebelle de France". De l’aventure du MLAC au Drama Queer Football Club, en passant par la lutte contre l’islamophobie et les "pirates" du Tipi. Pour France 3 Provence Alpes, la journaliste retrace quatre portraits de personnalités marquantes.

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Que s’est-il passé depuis cinquante ans dans cette ville réputée hostile aux femmes ? La journaliste Margaux Mazellier propose de répondre à cette question au travers de son livre Marseille trop puissante. Ce panorama d'un demi-siècle de féminisme repose sur 22 portraits individuels et collectifs. "Une pluralité de voix et de vécus" dans la lutte pour le droit des femmes. France Provence Alpes vous dévoile le parcours emblématique de quatre d'entre elles.

Marie-Claude Tordo, engagée au MLAC à sa création en 1973

Le MLAC (Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception) voit le jour en France en 1973. Dans son sillage, Marie-Claude Tordo initie le Groupe femmes de la Plaine à Marseille dès 1974. Cette infirmière pratique alors des avortements clandestins, avant le passage de la loi Veil. "Marie-Claude est issue des milieux d'extrême gauche, comme beaucoup de personnes qui ont rejoint ensuite les courants féministes de l'époque", raconte Margaux Mazellier. "Ces femmes s'inscrivent dans un mouvement qui provient alors des États-Unis, le "self help" et c'est vraiment ça le MLAC",

"Le MLAC dans les années 1970, ce sont des femmes qui reprennent le pouvoir sur leur corps et qui réparent des décennies de violences sexistes et sexuelles faites aux femmes."

Margaux Mazellier, autrice

France 3 Provence-Alpes

Exemplaire, selon la journaliste, Marie-Claude Tordo est une citoyenne qui s'est courageusement emparée de la question féministe, au sein d'un"mouvement invisibilisé, dépourvu de figure de proue telle qu'Antoinette Fouque qui incarnait le MLF".

Quand s'ouvre le premier centre IVG à Marseille, Marie-Claude Tordo devient l'une des premières infirmières embauchées, recrutées pour ses acquis et son engagement. Elle pratique alors l'avortement dans un cadre enfin médicalisé : "Quand on revient de siècles de boucherie sur le corps des femmes, ce n’est pas rien", confie-t-elle à Margaux Mazellier.

Nicole Ducros, membre fondatrice du Tipi en 1994

Nicole, Tatie N'inja, "Marotte" et "la Squaw", on les appelait "les pirates du Tipi". Au début des années 1990, tous ses amis sont touchés de plein fouet par le sida, l'ombre de la séropositivité et de la mort plane sur le milieu de la nuit. Nicole Ducros, engagée jeune, dès les années 1970, dans le féminisme, notamment par le biais de reportages pour le Quotidien des femmes, décide alors d'installer ce réseau d'entraide dans un petit local.

Sur la porte d’entrée est épinglée une affiche représentant un sexe de femme.

"Le Tipi, c’était le matriarcat. On était une bande de femmes âgées, pour certaines malades, qui prenaient soin des oubliés de la société."

Nicole Duclos, à l'origine du Tipi à Marseille

à Margaux Mazellier

Pour éclairer cette notion de matriarcat, l'autrice souligne qu'il s'agissait "de femmes fortes qui viennent non pas dominer, mais au contraire aider d'autres personnes à s'émanciper".

Amina Li, co-fondatrice de Made-Ecim, une auto-école sociale et solidaire en 2013

Amina Li incarne le pouvoir politique des mères et une lutte pour les droits qui s'étire dès l'enfance. Née algérienne à Marseille en 1984, Amina devient française à 13 ans et grandit entre les cités de la Maurelette et de la Paternelle. Sa trajectoire a retenu l’attention de Margaux Mazellier, "parce qu'elle parle aussi bien de racisme que d'islamophobie que d'exclusion sociale" et témoigne de "comment les discriminations s'ajoutent les unes aux autres".

"Oui, j’ai galéré, oui, ma vie a été parsemée de rejet et de violence, mais j’ai osé, je suis tombée et je me suis toujours relevée."

Amina Li, 39 ans

à Margaux Mazellier

Après un parcours chaotique et multiple, jalonné par des études universitaires, des voyages, la maternité, elle ouvre son auto-école sociale et solidaire en 2013 dans les quartiers Nord : "C’étaient des mères qui avaient la quarantaine ou la cinquantaine et avaient tout investi dans leur foyer. Leurs enfants étaient partis, raconte-t-elle dans le livre de Margaux Mazellier. "Bassens, c’est la voie rapide et le train, pour en sortir, c’est très compliqué. Elles voulaient être autonomes et se déplacer librement."

Amina a repris ses études à plus de 30 ans avec deux enfants. A travers tous ses engagements, elle s'est appliquée, dit-elle, à lutter contre "l'invisibilisation", grâce à "une sororité incroyable".

Matis Esbris, co-fonde le Drama Queer Football Club en 2020

"On a très peu de représentations de bande de meufs dans l'espace public et je trouve ça hyper puissant." Voilà qui a poussé Matis Esbris, qui se définit comme non-binaire, à créer le DQFC, Drama Queer Football Club, en 2020 à Marseille. Les entraînements au parc Longchamp sont "libres". Matis raconte son enfance dans un village provençal : "Ça n’a pas été évident de grandir là-bas. J’avais du mal à trouver des personnes qui me correspondent et je me sentais isolée parce que je n’étais pas conforme à la norme hétérosexuelle."

Le Drama Queer Football Club raconte l'importance du collectif, l'importance de faire groupe pour être visible dans l'espace public.

Margaux Mazellier, autrice de "Marseille trop puissante"

France Provence Alpes

Pour Margaux Mazellier, qui a pris part à l’un de ces entraînements du dimanche, "c'est super fort de voir une équipe de foot trans féministe, composée de femmes, de personnes trans et non-binaires, se regrouper dans l'espace public".

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