Deux ans après la plainte déposée par Didier Raoult à l'encontre de son homologue parisienne, l'affaire était jugée devant le tribunal correctionnel de Marseille, ce vendredi 9 septembre. La justice tranchera le 22 novembre.
Le conflit qui oppose Didier Raoult à son homologue parisienne, Karine Lacombe, reste intact, deux ans après les faits. Témoignant ce vendredi 9 septembre à la barre du tribunal correctionnel de Marseille, l'infectiologue marseillais est resté constant, qualifiant "d'insupportable" l'attaque de Karine Lacombe à son encontre, au micro d'Europe 1, en juillet 2020.
"Je considère que c'est grave d'être accusé de faux témoignage devant l'Assemblée nationale, alors que je respecte ce pays, a insisté Didier Raoult. On peut me traiter de fou, etc. mais quand j'ai entendu que cette fausse information a été colportée, je me suis dit qu'il fallait arrêter ça".
Le problème, c'est de faire penser qu'il y avait des actions en justice en cours
Me Brice Grazzini, avocat de Didier Raoult
Lors de l'interview, la cheffe du service maladies infectieuses de l'hôpital Saint-Antoine à Paris avait déclaré à propos de Didier Raoult : "Il a des actions en justice pour mensonges devant la commission parlementaire qui sont en cours". Karine Lacombe était alors interrogée sur les différences de taux de survie en réanimation entre Paris et Marseille, avancées par le professeur.
Des propos qui avaient conduit l'infectiologue marseillais, ancien directeur de l'IHU Méditerranée Infection, à porter l'affaire devant la justice, fin 2020. "Le problème ce n'est pas tant d'avoir parlé de mensonges, c'est de faire penser qu'il y avait des actions en justice en cours", quelque chose qui "reste dans l'oreille de l'auditeur", a insisté le conseil de Didier Raoult, Me Brice Grazzini.
L'infectiologue rappelle qu'il n'était l'objet d'aucune poursuite judiciaire, au moment de cette interview : Martin Hirsch (NDLR: alors à la tête des Hôpitaux de Paris) avait effectivement "envoyé une lettre à l'Assemblée nationale disant que j'avais fait un faux témoignage, mais il n'y a jamais eu de plainte", a-t-il insisté.
En réaction, la défense de Karine Lacombe a fait valoir qu'au moment où elle s'exprimait sur Europe 1, la Spilf (société de pathologie infectieuse) avait déposé plainte contre M. Raoult. En réalité, cette société avait saisi l'Ordre des médecins des Bouches-du-Rhône, mais pas la justice, rappelle l'AFP.
10 000 euros demandés pour préjudice moral
Karine Lacombe n'est "pas une professionnelle de l'information", a encore fait valoir Me Virginie Marquet, plaidant la relaxe pour sa cliente.
Invoquant le préjudice moral "énorme" subi par Didier Raoult, Me Grazzini réclame quant à lui 10.000 euros à titre provisionnel pour son client.
L'affaire a finalement été mise en délibéré au 22 novembre.
Cette plainte s'inscrit dans une série de démarches juridiques, engagées courant 2020 par le Pr Raoult, pour diffamation, à l'encontre de plusieurs professeurs.
En début de semaine, l'infectiologue marseillais a été rattrapé à son tour par la justice. A la suite d'un rapport accablant de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS), le parquet de Marseille a ouvert lundi 5 septembre une information judiciaire contre lui, pour des faits "susceptibles de constituer des délits ou des manquements graves à la réglementation en matière de santé ou de recherche".
Quelques jours après la publication de ce rapport, qui dénonce les dérives médicales, scientifiques et de management au sein de l'IHU - sous la direction de Didier Raoult - le professeur Fournier, nouveau directeur de l'IHU, a également annoncé la suspension des essais cliniques dans l'établissement.