Le premier tour des législatives dans les Bouches-du-Rhône a été marqué par une forte poussée de la gauche et du Rassemblement national. La majorité présidentielle, en chute, surnage grâce au camp LR en perdition.
Forts de cinq députés en 2017, sur les 16 circonscriptions du département, Les Républicains en avaient d'ores et déjà perdu quatre dimanche soir, échouant à qualifier leurs candidats.
Le seul siège qu'ils pourraient sauver est celui d'Eric Diard, à la poursuite d'un quatrième mandat dans la 12e circonscription, au nord de Marseille, où la majorité n'avait pas présenté de candidat face au danger de l'extrême droite.
Mais le député sortant est largement devancé par le délégué départemental du RN, Franck Allisio, en tête (36,28%) avec près de sept points d'avance.
Du côté de la majorité présidentielle d'Emmanuel Macron, forte de neuf sièges dans les Bouches-du-Rhône, ce premier tour a également été difficile, avec la perte déjà assurée de quatre députés.
Le choix de Mariana Caillaud, jeune cheffe d'entreprise de 37 ans originaire de Roumanie, à la place de la sortante Monica Michel-Brassart dans la 16e circonscription, autour d'Arles, s'est révélé un pari raté.
De même, dans la 10e circonscription, près de l'étang de Berre, la majorité présidentielle n'a pas trouvé de successeur à la hauteur de François-Michel Lambert, parti se présenter dans le Gers.
Dans les deux cas, les électeurs auront à trancher entre un candidat RN et un candidat de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes).
Les députés macronistes à la peine à Marseille
Mais c'est surtout à Marseille que les députés sortants macronistes ont été à la peine, avec les éliminations de Saïd Ahamada et Alexandra Louis dans les quartiers nord populaires de la ville, victimes de la forte progression d'une gauche unie qui a cette fois qualifié dix de ses représentants au second tour dans le département, contre trois à peine il y a cinq ans.
Candidat au fauteuil de Jean-Luc Mélenchon, le leader insoumis, dans la 4e circonscription, Manuel Bompard, son directeur de campagne lors des deux dernières présidentielles, aurait même pu être élu dès le premier tour, avec 56,03% des suffrages.
Mais il devra passer par un second tour sans suspense, n'ayant pas réussi à atteindre les 25% des inscrits, la faute à une abstention massive de 61,17%.
Sur les sept circonscriptions de la deuxième ville de France, la Nupes a qualifié cinq de ses représentants. Souvent largement en tête, à l'exemple de Manuel Bompard donc, ou de Hendrik Davi, battu d'à peine 1.000 voix il y a cinq ans et cette fois en tête avec une marge de 17 points sur la député sortante LREM Cathy Racon-Bouzon.
Qualifié dans quatre circonscriptions à Marseille, avec notamment des duels en perspective contre la Nupes dans les quartiers nord, le Rassemblement national a également fortement progressé dans le reste du département, où il est au second tour dans huit des neuf "circos", échouant seulement à franchir le cap dans la 14e circonscription, autour d'Aix-en-Provence.
L'extrême droite, qui n'a jamais eu de député dans les Bouches-du-Rhône, excepté dans l'assemblée de 1986 élue à la proportionnelle, pourrait donc franchir le cap, avec notamment cette 12e circonscription où son leader départemental Franck Allisio est confortablement en tête.