Elue députée de la première circonscription des Bouches-du-Rhône, à Marseille, la productrice marseillaise Sabrina Agresti-Roubache est depuis leur rencontre en 2016 le relais des Macron dans la deuxième ville de France.
De Félix Pyat à l’Elysée, la Marseillaise Sabrina Agresti-Roubache a su séduire le monde de la politique par son franc-parler.
Ce dimanche, elle prend la tête de la 1ère circonscription de Marseille, qui englobe notamment le 11e arrondissement mais aussi une partie du 12e et du 10e arrondissement. Elle était opposée à la candidate RN Monique Grisetti. Sabrina Agresti-Roubache a obtenu 50,78% des suffrages.
Une circonscription avec un passif tourné à droite : Valérie Boyer, du parti Les Républicains, fut élue deux fois de suite lors des élections législatives de 2012 et 2017.
La jeune femme issue de Félix Pyat a cependant plus d’un tour dans son sac. D’abord, elle entretient de très bonnes relations avec Jean-Claude Gaudin, l’ancien maire LR de Marseille.
Ainsi, son comité de soutien est présidé par l’ex-député LR de la circonscription Roland Blum et son suppléant, Didier Parakian, figure importante de la communauté arménienne, n’est autre que l’ex-adjoint de Jean-Claude Gaudin.
Sylvain Souvestre, le maire des 11e et 12e arrondissements, pourtant LR, lui apporte son soutien au second tour des élections législatives.
Le maire des 11e et 12e arrondissements de Marseille justifie son choix : "Je la connais personnellement. Une petite anecdote, c’est que son mari [ndlr : Jean-Christophe Agresti] était mon ancien professeur en cinquième année de droit. J’ai une confiance totale. Elle est nouvelle en politique, ça donne un vent frais".
Tempérament de battante
Née dans la cité Félix Pyat, au cœur du 3e arrondissement de Marseille, elle n’apparaît dans le monde politique qu'à l’âge de 40 ans, lorsqu’Emmanuel Macron débute son premier mandat.
Le journal Le Monde, qui a dressé son portrait, la qualifie de véritable comète : "On me traite de parachutée, mais j’habite la "circo"... Et je connais tout le monde", s’est-elle défendue auprès du média national.
"Elle incarne le renouveau (…), elle est différente de ces caciques de la politique", la décrit Robert Ciampi, directeur d’école publique engagé au sein du parti Horizons, sur Twitter. Et de rajouter dans un second tweet : "Compétente, elle est la sensibilité, la proximité, la bienveillante. (…) Elle sait d’où elle vient."
"Parcours exemplaire depuis nos chers quartiers nord. Courage, volontarisme et bienveillance !", "une femme forte, engagée, inspirante, qui connaît son territoire et les préoccupations de ses habitants", poursuivent d’autres internautes. Des commentaires aussitôt repostés sur le profil Twitter de la principale concernée.
Sabrina Agresti-Roubache, née dans une famille modeste issue de l’immigration algérienne, troisième d’une fratrie de six et aujourd’hui maman d’une petite fille de 12 ans, a un destin hors du commun.
Et sa rencontre avec Brigitte Macron lors d’un dîner de campagne d’Emmanuel Macron le 17 novembre 2016 sera sans doute le tournant décisif de sa carrière.
Un mois plus tard à peine, elle est chargée de faire la "maîtresse de cérémonie" d'un des meetings du candidat d’En Marche, Porte de Versailles. "J’y suis allée franco", confie-t-elle au journal La Provence.
Un tremplin vers son élection en tant que conseillère régionale, cinq ans plus tard, en 2021. Car c’est au premier regard que naît une forte amitié entre les deux femmes : Sabrina Agresti-Roubache et la première Dame. Un coup de foudre que la quadragénaire sudiste décrit dans son livre "Moi la France, je la kiffe", publié aux éditions Albin Michel le 1er février dernier.
Femme de réseaux bien implantée dans les milieux économiques locaux, lancée tout récemment en politique, cette "fille de la vraie vie", comme elle aime à se définir, a appris à encore mieux connaître sa ville en la filmant, pour la série "Marseille" de Netflix par exemple, dont elle a été co-productrice.
"Tous ces tournages m'ont permis de comprendre l'échiquier politique marseillais, de comprendre pourquoi les sociologies ont changé", expliquait la sémillante quadragénaire au franc-parler méridional, quelques jours avant son duel victorieux contre une candidate RN au second tour, dans sa "circo" marseillaise.
Sur son livre "Moi la France, je la kiffe !" paru en février, le bandeau annonçait la couleur: "Des quartiers Nord au palais de l'Elysée". Rien ne l'exaspère plus pourtant que l'étiquette de "fille des cités" à laquelle on veut souvent la réduire.
"Je ne suis pas partie de rien, ce n'est pas vrai, j'avais des parents formidables, qui travaillaient, on n'a manqué de rien", se remémore Sabrina Agresti-Roubache, qui a grandi dans "un milieu multiculturel", au sein de sa fratrie et élevée par sa grand-mère.
Etudiante, elle rencontre le rappeur Akhenaton et l'accompagne comme chargée de production sur le mythique album d'IAM, "L'école du micro d'argent".
Sa carrière de productrice avait débuté. "Ce que j'ai construit en 25 ans, si j’étais née dans un milieu favorisé, j'aurais mis dix ans", plaide aujourd'hui cette fille de maçon qui parle couramment arabe, anglais, un peu coréen et même... provençal. Sabrina Agresti Roubache va désormais exporter son accent marseillais à l'Assemblée.