Législatives 2024 : consignes de vote, positionnement, comment ces élections divisent au sein de la police ?

Des policiers candidats aux législatives anticipées, syndicats qui appellent à voter pour un parti ou contre une autre, un syndicat qui dénonce les positions politiques de ses homologues. La politique s'invite chez les policiers et divise.

Ce jeudi 13 juin, le syndicat de police Unité en région PACA, a posté sur ses réseaux sociaux un message concernant leur position sur les législatives anticipées de 2024. Cette publication indique que d'autres syndicats auraient une ligne plus floue sur la question. Faisant référence notamment à un ancien policier, candidat RN dans le Var.

Suite à la publication de ce post sur X ( anciennement Twitter), France 3 Provence-Alpes a voulu savoir comment réagissait chaque syndicat, de Police, si réellement des consignes de vote ont été données ? 

"Oui, un ancien policier de chez nous est candidat (...) mais il n'est plus syndiqué"

"Nous sommes des policiers et nous sommes au service de la République, quel que soit le gouvernement", c'est, à l'unisson, la phrase que tous les syndicats ont répondu à France 3 Provence-Alpes.

"L’Unsa Police prend acte de l’appel des confédérations syndicales à manifester ce week-end. Au titre de l’Unsa Police, il n’y aura aucune participation à ces rassemblements", indique le syndicat par voie de communiqué. Et c'est là où la communication est brouillée, certaines organisations syndicales, interprofessionnelles donnent des consignes de vote, ce que ne fait pas la branche police, que ce soit chez FO, Unsa etc.

"De tout temps, nous, notre position est claire, on lutte contre les discriminations, les injustices, c'est notre fondement syndical, mais on ne donne pas de consignes de vote", précise Thierry Clair, secrétaire général Unsa.

C'est, en effet, le droit de réserve et Alliance, le syndicat unitaire majoritaire, a tenu à clarifier "oui, il y a un ancien policier de chez nous qui est candidat dans le Var, mais il n'est plus ni syndiqué ni dans la police, c'est un choix personnel et il n'y aura pas de retour en arrière". Le policier en question est Sébastien Soulé, ancien policier de la Bac nord de Marseille, candidat à Toulon aux législatives.

"On refuse d’appeler à voter pour ou contre quelqu’un, c’est un choix individuel. Alliance fait de la politique syndicale, pas politicienne. Nous sommes apolitiques, même si certains nous cataloguent. Dans la sphère privée, nos collègues, nos délégués, nos adhérents, sont des citoyens comme les autres qui font ce qu’ils veulent", tient à souligner Eric Henry délégué national Alliance.

En local, Rudy Manna, porte-parole Alliance Sud, assure qu' "on devra respecter la décision du peuple, ce sont des élections démocratiques, c'est la voix du peuple et on sera au service de la sécurité des personnes ".

"Nous ne donnons aucune consigne de vote, on reste dans un schéma strictement syndical, indépendance absolue face aux pouvoirs publics par respect à nos adhérents, on prône la liberté d’opinion, religieuse et politique. Donner des consignes politiques aux adhérents, c'est le prendre en otages", insiste Bruno Bartocetti, secrétaire national Unité Police Sud-Paca.

En 2002, le syndicat Alliance avait appelé à "faire barrage" à Jean-Marie Le Pen pour le second tour de la présidentielle.

En 2007, le secrétaire général Unsa police avait appelé au soutien de la candidate socialiste, Ségolène Royal.

En 2017, l’ancien secrétaire général d’Alliance avait appelé ses adhérents à ne pas voter pour Marine Le Pen.

Des policiers sous tensions : manifs, élections puis JO

Entre tous les grands évènements organisés en France, Flamme olympique, JO, venue du Pape, coupe du monde de Rugby, alerte attentats, émeutes, les policiers ont été sursollicités. Avant l'été et les JO, ils avaient une fenêtre de 15 jours plus calmes pour poser leurs congés en juin, eux qui ne pourront pas le faire cet été. La perspective des deux tours des législatives change la donne, et surtout s'ils sont mobilisés sur les manifestations. "Les policiers sont fatigués, il leur faut du répit, avec leur famille, pour pouvoir travailler en sécurité, c'est notre engagement syndical et non politique", souligne Bruno Bartocetti.

Près de 21.000 policiers et gendarmes mobiles vont être déployés pour encadrer les manifestations contre l'extrême droite ce week-end dans toute la France. Le dispositif comptera "21.000 forces de l'ordre dans toute la France, avec 45 unités de forces mobiles - CRS et gendarmes mobiles - ajoutés aux effectifs territoriaux, soit l'équivalent de 18.000 forces de l'ordre", indique une source policière à l'AFP.

"L’Unsa Police n’acceptera pas que les policiers servent de défouloir à des individus dont le seul objectif est de semer le chaos, comme cela fut le cas samedi dernier lors de la manifestation organisée dans le département du Tarn contre le projet d’autoroute A69", précise le syndicat.

"On est attaché au droit de manifester, mais on est là pour la sécurité des biens et des personnes. Mais le problème, c'est que des manifestations sont entachées par des groupuscules, qui détériorent les bâtiments et se défoulent sur les forces de l'ordre, et ça, c'est inacceptable, on ne le laissera pas faire".

Pour Alliance, la crainte est la même, "à ce jour, aucune remontée de terrain ne nous est revenue sur des congés supprimés à cette date pour nos adhérents". "Les oppositions entre pro-LFi et pro-RN ne sont pas à exclure tout comme les mouvements de Black bloc sur le retour, aussi", souligne Eric Henry d'Alliance. 

"Après plusieurs séquences de suremploi, les policiers seront une nouvelle fois en première ligne pour que puisse s’exercer le droit de manifester", indique Unsa Police.

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