France 3 Provence-Alpes organise les 19, 26 juin et le 3 juillet des débats entre candidats aux législatives. Dans les Bouches-du-Rhône, les candidats du RN refusent d'y participer.
Avec près de 37% des suffrages exprimés lors des dernières élections européennes, le parti de Jordan Bardella et Marine Le Pen est le premier choix des électeurs des Bouches-du-Rhône. Malgré ce succès, le RN ne participera pas aux débats organisés les 19 et 26 juin et le 3 juillet par France 3 Provence Alpes , a fait savoir Franck Allisio, le secrétaire départemental du RN dans les Bouches-du-Rhône.
Suite à la dissolution surprise de l'assemblée (le 9 juin dernier) par Emmanuel Macron, la campagne des élections législatives est exceptionnellement courte. Les candidats n'ont plus qu'une dizaine de jours pour convaincre les électeurs avant le premier tour, qui se tiendra le 30 juin.
Dans les Bouches-du-Rhône, le RN a pour ambition de reconduire ses 6 députés sortants et de surfer sur la vague des européennes pour faire basculer plusieurs circonscriptions. Mais sa campagne ne passera pas par la case débat télévisé par circonscription.
Le RN refuse aussi le débat sur BFM Marseille
Le parti d'extrême droite refuse de participer aux débats qui étaient prévus pour les 1 ère, 2ᵉ et 7ᵉ circonscriptions des Bouches-du-Rhône par France 3 Provence-Alpes.
D'autres médias sont également boudés. La rédaction de la chaîne locale BFM Marseille a également essuyé le refus du RN de participer à ses débats sur un format similaire. Ailleurs en France, des antennes de France 3 en Rhône-Alpes et Nouvelle Aquitaine font face au même refus.
Franck Allisio justifie ce refus auprès de France 3 Provence-Alpes par un "manque de temps" et le choix de "préférer se concentrer sur le terrain".
"Je n'ai jamais vu ça" s'alarme Thierry Bezer, journaliste politique à France 3 Provence-Alpes. Pour lui, il s'agit là d'une "stratégie de l'évitement", dans un contexte où Jordan Bardella repousse certaines des mesures phares de son programme comme l'interdiction du voile dans l'espace public ou la baisse de la TVA sur les produits de première nécessité. "Le RN pour être présent dans toutes les circonscriptions pioche dans son vivier de militants pour les propulser d'un coup, analyse un fin connaisseur du milieu politique local. Et débattre face à des députés sortants ou des candidats rompus à l’exercice pourraient les mettre en difficulté."
L'absence du RN complique l'organisation des débats. "On a des refus en cascade, souligne l'un des organisateurs de ces débats Par exemple, Sébastien Delogu, candidat du Nouveau Front Populaire dans la 7e circonscription, refuse maintenant de venir débattre parce qu’il n’y a pas sur le plateau de candidat RN." De son côté, Hayat Atia, candidate Ensemble dans la même circonscription, la 7ᵉ des Bouches-du-Rhône, regrette d'être en conséquence victime connexe. "Ce refus du débat, qu'est-ce qu'il cache ? De quelle vérité a-t-il peur ? Moi qui connais les quartiers, j'y suis née. C'est comme si c'était un refus de mettre la vérité sur la table et c'est un mépris envers les électeurs et la candidate, femme, issue des quartiers que je suis. C'est un déni de démocratie."
"Le débat est le socle de notre démocratie"
En conséquence, France 3 Provence-Alpes a décidé d'annuler les débats portant sur cette circonscription, ainsi que sur la première. "Le débat, qui plus est sur une chaîne de service public, c’est le socle de notre démocratie, regrette Thierry Bezer. Je suis effaré de voir qu’on lui préfère le long monologue sans contradiction."
Ces refus du RN mettent en difficulté les médias de proximité dans leur mission d'information des citoyens. "Ces débats permettent d’éclairer sur les enjeux de leur circonscription et les choix qu’ils souhaitent faire pour la France", argumente Erik Berg, le directeur de l'information de France 3 Régions, dans un courrier adressé à Alexandre Loubet, directeur de campagne du RN. Il permettent également de respecter le temps de parole de chaque candidat dans le cadre fixé par l'ARCOM, l'instance chargée de réguler les médias audiovisuels.
Cette absence d’un grand parti politique serait évidemment peu comprise de nos publics et des citoyens, et elle serait préjudiciable à la qualité de la confrontation des idées.
Erik Berg, directeur de l'information F3 RégionsDans un courrier adressé au Rassemblement National
Si les candidats RN des Bouches-du-Rhône ont la consigne de ne pas participer aux débats, d'autres concurrents s'abstiennent aussi, à titre individuel. Sabrina Agresti-Roubache (Ensemble) a ainsi décliné l'invitation de France 3 Provence-Alpes, avançant des problèmes de calendrier. Dans le Vaucluse, c'est Muriel Duenas, la candidate du Nouveau Front Populaire qui a refusé de débattre face au député sortant du RN, Hervé de Lépinau et à la candidate macroniste Souad Zitouni.